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Déconfinement: le coronavirus contraint les villes à repenser l’organisation des transports en commun

L’Italie pourrait servir de cas d’école pour d’autres pays et villes, confrontés à une question vitale: au fur et à mesure que les mesures de confinement vont s’alléger, comment les gens vont-ils faire pour se rendre au travail?
Après le déconfinement, comment permettre à la population de se déplacer sans danger dans les villes? (Photo d'illustration, dans le métro de Rome)
Antonio Masiello via Getty Images
Après le déconfinement, comment permettre à la population de se déplacer sans danger dans les villes? (Photo d'illustration, dans le métro de Rome)

À mesure que certains pays d’Europe et certaines zones des États-Unis lèvent les restrictions de déplacement pour autoriser les gens à faire leurs courses, rendre visite à des proches et retourner travailler, les dirigeants font face à un nouveau casse-tête: comment permettre à la population de se déplacer sans danger en ville?

Dans ce domaine, l’Italie devrait constituer un cas d’école majeur. Dimanche, le premier ministre, Giuseppe Conte, a annoncé qu’une grande partie des restrictions qui pèsent sur la vie quotidienne des Italiens seraient allégées dès ce lundi 27 avril, mais rappelé la nécessité de continuer à éviter les rassemblements, maintenir la distanciation sociale et porter des masques dans certaines circonstances.

«Si nous ne respectons pas ces précautions, la courbe remontera, le nombre de morts augmentera et nous causerons des dommages irréversibles à l’économie du pays», a-t-il souligné dans une allocution télévisée. «Si vous aimez l’Italie, gardez vos distances.»

Des gens marchent vers la station de métro San Giovanni, à Rome, le 24 avril, pendant une période de test de trois heures visant à évaluer les nouvelles mesures destinées à réduire l’affluence dans les transports en commun.
Antonio Masiello via Getty Images
Des gens marchent vers la station de métro San Giovanni, à Rome, le 24 avril, pendant une période de test de trois heures visant à évaluer les nouvelles mesures destinées à réduire l’affluence dans les transports en commun.

Selon les autorités, 15% des quelque 2,7 millions d’Italiens censés retourner au travail la semaine prochaine utiliseront les transports en commun. Les représentants du gouvernement et les chefs d’entreprise s’efforcent donc de développer des solutions permettant aux usagers de se déplacer librement sans faire exploser le nombre de contaminations par le coronavirus.

Entre autres nouvelles règles envisagées, le nombre de passagers dans les bus et les trains sera très probablement restreint. Des marquages au sol seront créés dans les stations de métro pour encourager le respect de la distanciation sociale, et des systèmes de vidéosurveillance et du personnel participeront au décompte des passagers, rapporte le HuffPost italien.

Le ministre des Transports a suggéré la généralisation de l’usage des distributeurs de tickets et billets électroniques et l’installation de distributeurs de gel hydro-alcoolique. Trains et bus seront régulièrement désinfectés, et la montée et la descente des passagers des véhicules ainsi que leur circulation dans les gares et stations seront adaptées. L’objectif principal du plan de réorganisation étant l’étalement des créneaux de circulation des usagers dans le but de réduire l’affluence.

Ces mesures sont déjà mises en œuvre à Rome. Jeudi dernier, pendant trois heures, les usagers étaient autorisés à pénétrer, par groupe de trente et toutes les trois minutes, dans les stations de deux lignes de métro de la capitale, et le nombre de passagers dans chaque rame était limité à 150. Sur le quai, des lignes bleues en pointillé indiquaient à quelle distance se tenir les uns des autres. Les correspondances étaient fermées pour éviter aux gens de se croiser ou de former des attroupements.

Un homme parcourt à vélo la Corso Garibaldi, une des artères principales du centre de Milan, désertée, le 26 février. En réaction à la pandémie, la ville prévoit l’aménagement de pistes cyclables et d’allées piétonnes pour dissuader les gens de circuler en voiture.
Marco Di Lauro via Getty Images
Un homme parcourt à vélo la Corso Garibaldi, une des artères principales du centre de Milan, désertée, le 26 février. En réaction à la pandémie, la ville prévoit l’aménagement de pistes cyclables et d’allées piétonnes pour dissuader les gens de circuler en voiture.

En outre, de nombreuses villes espèrent encourager les gens à utiliser des moyens de transports alternatifs. Bologne a ainsi demandé une aide gouvernementale pour acheter des vélos et des scooters électriques, et Milan a annoncé un ambitieux plan de réaménagement pour dissuader les gens de circuler en voiture et encourager la marche et le vélo, sans être les uns sur les autres.

Les autorités prévoient d’investir plus de 35 kilomètres de rues au cours de l’été pour créer des pistes cyclables temporaires et élargir les trottoirs pour les piétons. Les limitations de vitesse pour les voitures seront réduites dans certaines zones de la ville, et vélos et piétons auront la priorité dans certaines rues.

«Nous avons œuvré pendant des années à réduire la circulation automobile. Si tout le monde est en voiture, il n’y a pas de place pour les gens, pas d’espace pour se déplacer, pas d’endroit où accueillir les activités commerciales en dehors des boutiques», souligne l’adjoint au maire de Milan, Marco Granelli, dans une entrevue accordée au journal The Guardian. «Nous souhaitons évidemment faire redémarrer l’économie, mais il faut innover, ré-imaginer Milan en tenant compte de la nouvelle donne.»

D’autres villes prennent des mesures similaires. Ce mois-ci, Oakland, en Californie, a fermé près de 120 kilomètres de rues à la circulation pour permettre aux gens de pratiquer une activité physique en dehors de chez eux tout en respectant la distanciation sociale. Bogota, Mexico et Berlin ont aussi créé de nouvelles pistes cyclables.

Néanmoins, ce sont les villes italiennes qui semblent devenir le modèle à suivre.

«Le projet de Milan est extrêmement important, parce qu’il peut servir de manuel de référence sur la façon de réaménager une ville à notre époque», souligne ainsi Janette Sadik-Khan, ex-commissaire du service des transports de la ville de New York, au Guardian. «C’est l’occasion unique de porter un regard neuf sur nos rues et de s’assurer qu’elles sont adaptées aux objectifs que nous nous sommes fixés: pas simplement permettre aux voitures d’aller le plus rapidement possible d’un point A à un point B, mais faire en sorte que chacun puisse circuler en toute sécurité.»

«Je suis persuadée que nous allons nous inspirer de Milan pour réaménager New York», ajoute-t-elle.

Cet article, rédigé à partir de reportages du HuffPost italien et publié sur le HuffPost américain, a été traduit par Iris Le Guinio pour Fast ForWord.

Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.

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