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Être pour la défense de l'identité québécoise tout en étant contre la Charte

Légaliste. Multiculturaliste. Partisan de la dissolution de la Nation. Utopiste globaliste. Anti-État-Nation. Ce sont des épithètes qui sont lancés à ceux qui sont contre la Charte des valeurs. Ainsi, alors que le débat se devrait d'être rigoureux et délicat - à l'image des sujets traités - l'anathème est prononcé rapidement.
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Légaliste. Multiculturaliste. Partisan de la dissolution de la Nation. Utopiste globaliste. Anti-État-Nation. Ce sont des épithètes qui sont lancés à ceux qui sont contre la Charte des valeurs présentée par la Parti québécois. Ainsi, alors que le débat se devrait d'être rigoureux et délicat - à l'image des sujets traités - l'anathème est prononcé rapidement.

Un faux choix binaire

On tente de ramener la complexité inhérente à toute discussion touchant des notions telles que la liberté de religion et de conscience, le droit à la non-discrimination, la protection des minorités, la nature de la nation, la souveraineté nationale et populaire à un faux choix binaire. Pour la Charte des valeurs = pour la nation. Contre la Charte des valeurs =pour la disparition des nations (ici, la nation québécoise).

Cette façon de (tenter de) définir le débat doit être rejeté.

Autant il est malsain et inacceptable d'accuser un partisan de la Charte de racisme et de xénophobie simplement pour cet appui, autant il est malsain et inacceptable de faire un anti-Québécois de quelqu'un qui s'oppose à la Charte.

La tradition québécoise de pluralisme

Être en faveur du respect de l'instrument juridique admirable qu'est la Charte québécoise des droits et libertés de la personne n'a rien d'ultra-légaliste, anti-nationaliste ou utopiste globaliste. C'est plutôt s'inscrire dans la tradition québécoise de libéralisme, de pluralisme dont nous devons être fiers.

Quand en 1832, 26 ans avant la Grande-Bretagne, centre de l'Empire britannique, le Parlement du Bas-Canada, sous le leadership de Louis-Joseph Papineau et des Patriotes, octroya les pleins droits civiques aux Juifs, cela ne nous a pas été imposé par qui que ce soit. Bien qu'audacieux (une colonie qui donne plus de droits à ses habitants que le centre impérial?), ce geste s'inscrivait déjà dans l'identité de cette nation qu'on appelle aujourd'hui québécoise, façonnée d'apports français et autochtones, puis d'éléments anglais, juifs, irlandais, italiens, grecs et, plus tard, arabes, chinois, indiens, vietnamiens, etc.

Ce n'est pas pour rien qu'en 1982, pour marquer l'imposant geste de 1832, le premier ministre de l'époque René Lévesque affirma:

«Le président de l'Assemblée nationale, au moment de l'adoption de la loi, était nul autre que Louis-Joseph Papineau, le chef des patriotes, qui demeure toujours aujourd'hui un point de repère de notre histoire. Ainsi, la poursuite de ses propres droits collectifs n'avait pas fait oublier à la majorité francophone, en la personne de ses dirigeants politiques, le sort des minorités avec lesquelles elle coexistait. Ce sont des traditions dont notre peuple a lieu d'être fier d'autant plus qu'il a su non seulement les garder vivantes, mais se maintenir à l'avant-garde des sociétés de liberté et de tolérance. Sur ce plan essentiel, l'événement d'aujourd'hui nous fournit en quelque sorte l'occasion toujours utile de renouveler nos vœux.»

Être contre la Charte des valeurs: dans la continuité historique

Il y a évidemment place à de profonds désaccords, mais je crois qu'on peut affirmer sans se tromper que le respect du pluralisme, de la diversité - tout en s'ancrant dans la personnalité distincte, originale du Québec - fait partie de l'ADN québécoise. Être un opposant à la Charte des valeurs ne nous place pas dans le sens contraire de l'histoire du Québec, mais plutôt dans sa continuité.

Vouloir défendre la solide réputation du Québec en matière des droits de la personne ne fait pas de moi un légaliste, un multiculturaliste, un utopiste globaliste, mais bien un défenseur acharné du Québec, de ses libertés, de sa personnalité et de son identité.

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