

Au moment d'écrire ces lignes, la journée s'achève: il est 23h50, la température extérieure est de 27 degrés Celcius, la chaleur ressentie franchit à Montréal la barre des 35 degrés. Le reste du Québec n'est pas en reste. Bien que le mercure y fléchisse de quelques degrés, la situation est tout aussi anormale; elle le fut tout l'été, comme partout ailleurs dans l'Hémisphère Nord.
Son constat est empreint d'une franchise désarmante pour un homme du pouvoir: le monde politique s'avère incapable de répondre à l'intensification rapide de la crise écologique.
Dans un geste sans préavis et en direct à la radio, Nicolas Hulot a démissionné de son poste de ministre d'État à la transition écologique et solidaire du gouvernement d'Emmanuel Macron. Son constat est dur et empreint d'une franchise désarmante pour un homme du pouvoir: malgré l'urgence et les discours, le monde politique s'avère incapable de répondre à l'intensification rapide de la crise écologique.
Les explications, qui surviennent lors d'un entretien serré de 40 minutes, sont à des lieues des lignes de communication préformatée, simplifiant à outrance le message. Elles portent des interrogations auxquelles un seul individu ne peut avoir réponse. Elles exigent plutôt que l'on s'y penche collectivement. L'enjeu est systémique. Ses racines sont culturelles, sociales, économiques autant qu'elles sont politiques. La démission fait figure d'appel.
Nonobstant la gravité des enjeux, la démission se transforme rapidement en spectacle. Les questions de Nicolas Demorand et Léa Salamé s'intéressent aux états d'âme de l'écologiste, opposent idéaux et pragmatisme, se détournent de l'enjeu et privilégient l'instant, comme s'il s'agissait d'un devoir de rigueur journalistique.
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Pour terminer l'entretien, la table de discussion s'élargit pour faire place aux analystes qui soulèvent à leur tour des questions d'ordre spéculatives, décrivant la politique comme une discipline sportive. Malgré cela, Hulot persiste et signe en évitant les pièges. Jamais un mot de trop: il faut revenir à l'enjeu, la vision, la feuille de route, l'objectif et le chemin pour l'atteindre. C'est de cela qu'il faut discuter.
Réactions au Québec
Au Québec, en pleine campagne électorale, l'onde de choc n'est pas différente. On aborde la démission de Hulot comme une décision personnelle. «Il avait de grandes idées. La réalité l'a rattrapé», affirme Anne-Marie Dussault à 24/60 sur les ondes du réseau de l'information. «La grande désillusion de Nicolas Hulot», titre Le Devoir. «Frustrated French Ministers quits», publie le Globe and Mail.
Le Téléjournal de fin de soirée de Radio-Canada ressort, dans un exercice essoufflant par sa rapidité, pour le journaliste comme le citoyen, les engagements environnementaux des principaux partis politiques québécois. On reste dans l'anecdotique. Le message ne passe pas. Parler de Hulot, bien sûr, de son message, alors là...
Au moment d'écrire ces lignes, la chaleur accablante envahit la nuit sans annoncer de répit. L'appel lancé par Nicolas Hulot va se perdre rapidement dans la nuit... Mais il va bien falloir sortir du commentaire, amplifier les questions qui comptent, dégager des espaces qui transcendent la partisanerie.
Les prochaines semaines de campagne électorale offriront sans doute de belles occasions pour cela. Espérons que les médias sauront les saisir, et faire preuve de responsabilité.
Signataires de cette lettre ouverte:
Louis-Frédéric Gaudet, Montréal
Clément Laberge, Québec
Capucine Baz-Laberge, Québec
Sylvain Bérubé, Québec
Guillaume Blum, Montréal
Jasmine Catudal, Montréal
Charlotte de Celles, Montréal
Élodie Comtois, Montréal
Esther Côté, Québec
Marie-Claude Côté, Québec
Christian Côté, Québec
Pascale Daigle, Montréal
Eve Delmas, Montréal
Sophie Descoteaux, Québec
Catherine Doe, Deux-Montagnes
Rhéa Dufresne, Laval
Nicolas Faucher, Québec
Éveline Favretti, Montréal
Étienne Ferron-Forget, Québec
Mark Fortier, Montréal
Caroline Gagnon, Montréal
Amandine Gauthier, Québec
Isabelle Gauvin, Montréal
Jean-Pierre Gorkynian, Montréal
Gilles Herman, Québec
Kateri-Laurence de Jocas-McCrae, Montréal
Simon de Jocas, Montréal
Marianne Kugler, Québec
Anne-Catherine Lebeau, Montréal
Mériol Lehmann, Québec
Émilie Paquin, Montréal
Andrée Pelletier, Québec
Richard Prieur, Montréal
Luc Rabouin, Montréal
Dany Rondeau, Québec
Christian Roy, Québec
Julie Roy, Québec
Rachel Sarrasin, Montréal
Nicole Saint-Jean, Repentigny
Benoît Tardif, Québec
Olivia Wu, Québec