
Depuis quelques jours, le Québec vit une nouvelle phase de dénonciation d’hommes et de femmes qui auraient posé des gestes de nature sexuelle, qu’on parle de harcèlement ou d’agression.
Le cas le plus médiatisé est présentement celui de Safia Nolin et de Maripier Morin qui a amené cette dernière à présenter ses excuses et à prendre une «pause professionnelle ». Cependant, elle n’est pas la seule et plusieurs vedettes vivent les conséquences quasi immédiates de ces allégations, que ce soit en perdant des contrats publicitaires ou même leur maison de disque, comme dans le cas de Bernard Adamus. Le bassiste David Desrosiers, lui, a quitté le groupe Simple Plan.
La réaction rapide des entreprises qui n’attendent pas de résultats d’enquête ou une dénonciation devant les autorités est certainement une démonstration de «l’efficacité du tribunal populaire» lorsque l’on veut qu’une personnalité subisse des conséquences rapides à ses gestes. D’ailleurs, je pense que c’est une des raisons pour lesquelles les dénonciations sur les réseaux sociaux, qui sont les médias des moins de 35 ans, sont aussi nombreuses et tendent même à remplacer les dénonciations juridiques.
Une simple analyse
Pour une marque, en 2020, l’analyse est assez simple et passe par le processus suivant. Première question: quelle est la gravité des allégations? En 2020, toute allégation de violence sexuelle, racisme ou de discrimination est grave et va à l’encontre des valeurs d’une très forte majorité de la population, donc de la clientèle de ces marques.
Deuxième question: est-ce qu’il y’a un risque pour l’image de l’entreprise? Poser la question, c’est y répondre. Lorsqu’une marque s’associe à une personnalité, il ne s’associe pas seulement à sa popularité. Par son rôle de porte-parole, il se crée un lien indéniable entre la marque et le mode de vie de cette personnalité.
La marque doit ainsi être à l’aise avec les valeurs, le mode de vie, les opinions et les positions de ses porte-paroles. C’est pourquoi lorsqu’une personnalité est citée dans des allégations de gestes qui vont à l’encontre de ce contrat moral (et souvent même écrit), les marques ne prennent pas beaucoup de temps pour réagir.
La réputation: fragile et essentielle
J’ai fait de la politique dans mon plus jeune temps et je me rappelle de cette phrase que mon père m’a dite alors que je devais avoir 14-15 ans. «Si tu veux être élu un jour, rappelle-toi que tout ce que tu fais pourra devenir d’intérêt public un jour alors vis ta jeunesse, mais fais attention.»
C’était ma première leçon en gestion de réputation et elle m’a suivi jusqu’à aujourd’hui. Elle m’a aussi probablement permis de faire des choix à mon plus jeune âge, car j’avais un rêve à réaliser. Je vous partage ça parce que c’est encore ce que je dis à mes clients et ce que je conseille à toute personne qui est ou qui aspire à devenir une personnalité publique.
Une réputation, ça prend des années à bâtir, mais seulement quelques secondes à détruire. Lorsqu’elle est bonne, c’est un diamant de grande valeur. Mais cette réputation demeure en porcelaine.
Et même si elle se recolle, elle reprend difficilement sa valeur initiale.