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Déontologie policière, bienvenue en Absurdistan

Un policier démotivé de plus, c'est exactement ce dont nous avons besoin.
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En déontologie, les commissaires compétents en je-ne-sais-quoi, ont décidé que ce méchant policier aurait utilisé une pièce d'équipement sans prudence ni discernement.
PIERREPERRAULT via Getty Images
En déontologie, les commissaires compétents en je-ne-sais-quoi, ont décidé que ce méchant policier aurait utilisé une pièce d'équipement sans prudence ni discernement.

Cette semaine le Journal de Montréal a rapporté une situation singulière. Un policier motard voit une moto, portant une plaque pour véhicules hors route, filer à plus de 163km heure sur l'autoroute 640. Il part à sa poursuite et doit filer jusqu'à plus de 200 km/h pour tenter de rejoindre le suspect. Nous pouvons présumer que le suspect roulait aussi dans ces vitesses-là.

La cavale s'est arrêtée à Sainte-Marthe-sur-le-Lac par l'arrestation du suspect après qu'il ait fait une embardée. Celui-ci conduisait avec une plaque pour hors route, donc sans permis ni assurances. Et en bons citoyens, le conseil de ville a porté plainte en déontologie contre le vilain policier qui a 15 ans d'expérience au compteur. Oui, c'est une inconduite grave de sa part!

En déontologie, les commissaires compétents en je-ne-sais-quoi, ont décidé que ce méchant policier aurait utilisé une pièce d'équipement sans prudence ni discernement.

Le policier roulant à toute vitesse n'a pas averti son supérieur ni demandé d'aide. Euh... ça prend deux mains pour tenir une moto! Il aurait dû abandonner la poursuite... Peut-être, mais dans ce cas, à quoi donc sert la police?

La déontologie policière je la connais depuis des années. Ce tribunal bancal est formé de trois individus: un officier de la direction de la police, un avocat nommé juge administratif et un citoyen nommé d'office. Trois experts.

Des gens qui n'ont que peu à voir avec le domaine policier, car un officier de direction ne voit que les directives, c'est son rôle. Ce trio prend le temps, pendant des jours, des semaines, voire des mois dans quelques occasions, pour analyser le comportement qu'aurait dû adopter le policier lors de l'incident. Puis, ces brillants stratèges décident d'une peine exemplaire, car le policier n'a pas droit à l'erreur. Donc dans ce cas: 20 jours de suspension sans solde.

Demandez-vous si, la prochaine fois que l'occasion se présentera, ce policier fera du zèle et pourquoi il ne fera que regarder passer les délinquants. Un policier démotivé de plus, c'est exactement ce dont nous avons besoin.

En 1997, lors de mon témoignage en déontologie, l'officier de direction du SPVM sur le comité, ayant été l'une de mes policières, aurait peut-être été bien avisée de se retirer. Lors de l'audition, nous avons eu une petite prise de bec concernant la détention d'un individu à la suite de violence conjugale. L'officière supérieure qu'elle était ne connaissait pas les directives émises par la direction. Malgré les nombreux mensonges du plaignant et que son propre témoin ait démentis ses dires, les commissaires auront pris des semaines avant de rendre une décision.

Quelques semaines plus tard, la lettre officielle fut: Malgré votre arrogance, nous ne pouvons vous reconnaître coupable des faits reprochés. Belle façon de dire vous êtes blanchi.

De plus en plus, la déontologie policière devient un tribunal de chair à saucisse. Vous passez par là et vous n'aurez pas la présomption d'innocence.

Dans les années 80/90, les services de police ont décidé d'émettre la directive de stopper une poursuite si celle-ci se déroule à toute vitesse. Nous appelons ça une poursuite... Je n'en ai pas vu une à 30 km/h.

Un homme fuit la police, c'est sûr qu'il fera toutes les lumières et les arrêts, qu'il ne dépassera pas la limite de vitesse et, en bon citoyen, il obéira aux consignes qu'on lui donne. Je vous pose cette question: en tant que comme citoyen, si vous regardez un chauffard rouler dangereusement à toute allure, quel sera votre premier réflexe?

J'ai, comme beaucoup de policiers de mon époque, fait des poursuites dans les rues de Montréal. Quand un gars passe 26 feux rouges, froisse quelques ailes de voitures en pleine course... Que diriez-vous si nous le laissions partir sans agir et que quelques rues plus loin, il dérape? La déontologie serait fort satisfaite, les policiers auraient agi selon les règles. Mais vous, citoyens, seriez-vous satisfaits de ce service?

Nous pourrions alors inscrire sur les voitures de police: «Laissez les professionnels ne pas faire leur travail».

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