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Notre fils Nicolas est abstinent depuis 300 jours

TÊTE À TÊTES - Les trois dernières années ont été extrêmement éprouvantes pour notre famille. Nous n'avions pas prévu qu'un de nos enfants allait développer une dépendance aux drogues et que la vie deviendrait extrêmement difficile.
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Nous sommes les parents de Nicolas, 17 ans, qui a complété sa thérapie au Grand Chemin et qui est abstinent depuis le 10 décembre 2015, soit près de 300 jours! Depuis, on va très bien! C'est avec beaucoup d'émotions et une immense fierté que nous partageons avec vous notre expérience avec les services et l'équipe du Grand Chemin.

Les trois dernières années ont été extrêmement éprouvantes pour notre famille. Nous n'avions pas prévu qu'un de nos enfants allait développer une dépendance aux drogues et que la vie deviendrait extrêmement difficile.

Au début, on se disait que c'était temporaire, que ça allait passer, que Nicolas avait des expériences à faire et qu'il finirait par passer à autre chose. Puis, le temps a passé et d'un ciel nuageux, on est passé à un ciel de plus en plus gris. Se sont installés les questionnements, les remises en question, l'inquiétude, l'angoisse, le découragement, la peur, l'insomnie et j'en passe. On voyait que Nicolas s'enfonçait de plus en plus. Il réussissait à s'aliéner tous les gens qui tenaient vraiment à lui. On tentait du mieux qu'on le pouvait de le faire réagir, de le ramener sur la voie... mais sans succès.

Jusqu'au jour où Nicolas a pété la coche de trop à l'école. La directrice lui a alors montré la porte. La condition pour son retour à l'école, c'était de régler son problème de consommation. Sans quoi il devrait poursuivre son cheminement scolaire par lui-même.

Nicolas s'est retrouvé à la croisée des chemins. La décision qu'il allait prendre allait avoir des répercussions directes sur sa vie adulte. De notre côté, on se croisait les doigts. Si vous nous lisez aujourd'hui, c'est qu'il a fait le bon choix.

Après diverses consultations, évaluations et discussions, le choix de l'endroit est tombé: Le Grand Chemin de Montréal pour huit à dix semaines. La panique s'est emparée de nous! Huit à dix semaines, c'était clairement trop court pour désintoxiquer notre fils. Il avait besoin d'au moins six mois d'abstinence. Ou peut-être que c'est nous qui avions besoin de six mois pour nous remettre des trois dernières années? Mais bon, il avait accepté de faire la démarche, on n'allait certainement pas tout bousiller.

Lors de notre première visite au centre du Grand Chemin de Montréal, la communication avec Nicolas était pratiquement nulle. Le voyage s'est fait dans le silence total. On avait tellement peur de le contrarier et qu'il change d'idée.

On avait tellement l'impression de se débarrasser de notre fils et, en même temps, on savait que c'était la bonne chose à faire pour l'aider.

Comme peu de gens le savent, le Grand Chemin de Montréal est situé au bout d'une longue allée dans l'hôpital Rivière-des-Prairies, un centre psychiatrique... La tête qu'on a fait quand on a tourné le coin, mais surtout celle de Nicolas quand il a vu l'enseigne... La seule phrase qu'il a prononcée de tout le voyage c'est: «Vous m'amenez où là?»

Après avoir longé les corridors, nous sommes entrés dans un lieu qui n'avait rien des allures d'un hôpital psychiatrique. Un endroit calme et accueillant. C'est avec Karelle que nous avons eu le premier contact avec l'équipe du Grand Chemin. Ses explications sur le fonctionnement du centre et la visite des lieux nous ont beaucoup rassurés et mis en confiance. Nicolas était toujours d'accord d'y être admis.

Puis enfin, le Jour J: jeudi le 10 décembre 2015. Une des pires journées de notre vie. On avait tellement l'impression de se débarrasser de notre fils et, en même temps, on savait que c'était la bonne chose à faire pour l'aider.

Pour une seconde fois, Karelle nous a accueillis avec respect et empathie. Après des au revoir remplis d'émotions, on a fait connaissance avec Marie-Josée, notre conseillère à la famille. Une rencontre marquante avec une intervenante des plus compétentes et très humaine qui nous a à la fois ébranlés par ses questions, mais tellement rassurés par sa maitrise de la situation et son expérience auprès des jeunes dépendants. Marie-Josée est devenue un pilier sur lequel on pouvait compter pour répondre à toutes nos questions, apaiser nos inquiétudes, nos craintes et nous conseiller en toutes circonstances, et ce, toujours dans la bonne humeur.

C'est en sortant du centre ce jour-là qu'on a compris que Nicolas était au bon endroit. Qu'une équipe de professionnels le prenait en charge. Qu'il était en sécurité et qu'il allait avoir de l'aide.

Prochaine étape: le premier appel. On avait tellement hâte d'entendre sa voix que l'attente était un supplice. Finalement, ce n'est qu'en fin de soirée que le téléphone a sonné, enfin. Au bout du fil, la voix de notre Nicolas, une voix claire qu'on n'avait pas entendue depuis une éternité.

Nicolas a débuté par s'excuser pour tout ce qu'il nous avait fait endurer. On s'est regardé, la gorge et le cœur serrés. On était sans mot. Jamais Nicolas ne s'était excusé de quoi que ce soit avant et après seulement 48 heures au Grand Chemin, il s'excusait. Notre Nicolas était réellement au bon endroit et il allait nous revenir.

Sept jours après son admission, on a assisté à notre premier atelier de parents. Ce soir-là autour de la table, il y avait un couple de parents qui assistait à leur dernier atelier. Leur fille avait complété la thérapie et la réinsertion sociale. Elle avait repris sa vie en main et leur famille était redevenue unie. Cette rencontre-là a été déterminante pour nous. Ça nous a donné beaucoup d'espoir parce qu'on avait la preuve que c'était possible de traverser la tempête et de revoir briller le soleil.

En échangeant avec d'autres parents qui vivent la même chose que nous, on se sentait moins seul, écouté et compris.

Notre passage au Grand Chemin est tombé en plein dans la période des fêtes, un moment qu'on appréhendait beaucoup. Jamais on n'avait imaginé qu'un de nos petits loups ne serait pas là à Noël. Mais à notre grande surprise, on a pu visiter Nicolas en famille à Noël et au Jour de l'an. Un moment tellement apprécié pour notre cœur de parent! Aucun cadeau ne peut accoter le bonheur de prendre notre ti-loup dans nos bras à Noël!

Les appels du lundi soir ont toujours été super excitants! On devenait comme des enfants quand le téléphone sonnait! Chaque semaine, la voix de Nicolas changeait, on le sentait souriant, détendu et serein, on voyait que notre Nicolas allait de mieux en mieux chaque semaine, et ça faisait un bien énorme. On apprenait qu'il travaillait fort, mais aussi qu'il faisait plein d'activités.

De notre côté, les ateliers ont été une expérience enrichissante et surtout très rassurante. En échangeant avec d'autres parents qui vivent la même chose que nous, on se sentait moins seul, écouté et compris. Les sujets des ateliers nous ont beaucoup appris sur notre type de parent, nous ont outillés et préparés pour l'après-thérapie.

Comme tous les parents, on redoutait beaucoup la fameuse rencontre familiale. Un moment essentiel qui s'est super bien passé. L'échange s'est fait dans le calme, la franchise et dans l'intimité, même si nous étions sept dans la pièce. Ce moment nous a permis de faire le point, de prendre le temps d'écouter Nicolas se confier, d'encaisser les coups, de remettre le compteur à zéro et de regarder en avant.

Depuis la sortie de Nicolas le 22 février, on a retrouvé une certaine tranquillité. Bien sûr on a des petits soubresauts, des vapeurs du passé qui nous déstabilisent, nous rappellent qu'il n'y en aura pas de facile! Mais dans l'ensemble ça va très bien!

Nicolas a acquis une immense maturité au Grand Chemin. C'est comme s'il était passé de 14 à 17 ans en six mois. Il nous sort des réflexions qui nous font sourire, mais tellement pleines de sagesse comme: «Bon ben, j'vais aller vivre mon impuissance, moi!»

Il est déterminé à ne pas retomber dans ses anciennes habitudes. On l'approche souvent pour motiver d'autres jeunes ou partager son expérience et chaque fois ça le rend encore plus fier. Il est en voie de terminer son secondaire avec succès. Tout le monde est fier du Nicolas qui est revenu, preuve qu'il ne faut jamais s'avouer vaincu.

On est extrêmement fier de notre fils Nicolas. Par sa force, son courage, sa détermination, il a su se relever et reprendre sa vie en main! On est aussi très fiers de son grand frère Olivier et de sa grande sœur Justine qui ont fait preuve de patience, de tolérance et de compréhension. Puis on est aussi fier de nous comme parents de ne pas avoir abandonné, d'avoir mis tous les efforts pour soutenir et accompagner Nicolas dans cette épreuve.

Nous sommes maintenant une famille proche et unie au sein de laquelle chacun a retrouvé un certain équilibre. Nous sommes conscients que tout n'est pas gagné, que personne n'est à l'abri d'un écart ou d'une rechute, mais on sait qu'on peut compter les uns sur les autres.

En terminant, on remercie du fond du cœur l'entière équipe du Grand Chemin en particulier celle de Montréal. Vous avez tous contribué au succès du cheminement de notre fils, mais aussi de tous les jeunes que vous aidez depuis 1989. Votre existence est primordiale dans notre société et votre dévouement nous fait croire que l'être humain est capable de faire du bien.

Vous êtes en situation de crise? Ou vous connaissez quelqu'un qui a besoin d'aide? Plusieurs centres d'écoute sont à votre disposition au Québec, 24h/24, 7 jours sur 7. Vous pouvez aussi joindre Jeunesse, J'écoute au 1-800-668-6868.

Tête à têtes est une nouvelle série de blogues lancée conjointement par le Huffington Post Québec et le Huffington Post Canada. Inspirée par le projet Maddie, cette série met l'accent sur les adolescents et la santé mentale. Elle a pour but de sensibiliser et de susciter des conversations en s'adressant directement aux adolescents qui traversent un moment difficile ainsi qu'à leurs familles, aux enseignants et aux dirigeants communautaires. Nous voulons nous assurer que les adolescents qui sont aux prises avec une maladie mentale reçoivent l'aide, le soutien et la compassion dont ils ont besoin. Si vous souhaitez contribuer à cette série, envoyez-nous un courriel à cette adresse : nouvelles@huffingtonpost.com.

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