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Accueil des réfugiés syriens au Canada : le cri du coeur de réfugiés kosovars

Des réfugiés kosovars à la défense des réfugiés syriens

Les réfugiés de tous horizons ont toujours contribué à améliorer la société canadienne et les milliers de Syriens à venir ne devraient pas faire exception, selon un militant des droits humains qui a fui le Kosovo il y a 16 ans.

Remzi Cej est arrivé au Canada au tournant du nouveau siècle parmi quelque 5000 réfugiés kosovars parrainés par le gouvernement. La moitié d’entre eux avait atterri à la base militaire de Trenton, en Ontario, et le reste à Greenwood, en Nouvelle-Écosse.

Sa famille et lui ont fui leur pays en 1999 et ont passé plus d’un an dans des camps de réfugiés en Albanie. Il avait 17 ans quand il est arrivé à Terre-Neuve et Labrador.

« Les Syriens sont tout aussi vulnérables que ma famille l'était [à ce moment-là], raconte Remzi Cej en entrevue avec le HuffPost. Il n’y a pas vraiment de différence [entre eux et moi]. Nous fuyions tous deux des zones de guerre et de conflit. »

« Lors de ma première année ici, j’ai entendu des commentaires d’individus qui disaient que nous allions emporter la guerre dans leur communauté. Ce n’est pas tout le monde qui est très accueillant, mais la majorité des gens le sont alors il faut être raisonnable », poursuit-il.

Près d’un million de Kosovars, pour la plupart musulmans, ont fui leur pays depuis mars 1998. C’était avant les attentats du 11 septembre 2001 et la guerre au terrorisme qui a suivi, indique Remzi Cej.

Les craintes de la population se sont intensifiées depuis les attentats de Paris, le mois dernier, sous prétexte qu’un des kamikazes était un réfugié en provenance de la Syrie.

« Les réfugiés ont fait partie de nos communautés, de nos sociétés et de notre identité pendant tellement longtemps et nous n’avons pas vu un seul problème relié à la sécurité. Pourquoi devrions-nous tout d’un coup changer notre perception à leur sujet? »

En tant qu’ancien réfugié, il est bien au fait du processus de sélection des nouveaux arrivants et assure que leurs dossiers seront examinés en profondeur. Le gouvernement Trudeau a même annoncé un délai supplémentaire afin de vérifier les dossiers des 25 000 Syriens qui doivent venir au pays.

« Si vous voulez mon avis, je peux vous dire qu’ils sont parmi les non-citoyens les plus surveillés lorsqu’ils arrivent dans un nouveau pays. Pourtant, ils fuient la même violence que nous condamnons », déplore le trentenaire.

Témoignage viral d’une réfugiée

Elbonita Kozhani se souviendra toujours du jour où un casque bleu lui a tendu une boîte de chocolats dans son camp de réfugiés en Macédoine. Elle n’en mangeait que quelques bouchées par jour, convaincue que ce serait la dernière fois qu’elle y aurait droit. Elle avait huit ans.

Alors que le débat sur les réfugiés syriens divise une partie de la population canadienne, la jeune femme a décidé de raconter son histoire sur Facebook, qui est devenue virale en quelques jours seulement. Son témoignage, publié le 16 novembre, a été partagé près de 25 000 fois.

« Quand nous sommes descendus de l’avion au Canada, je me souviens qu’il y avait environ 50 personnes qui faisaient la file pour nous serrer très fort dans leurs bras. Je me souviens aussi de m’être demandé : "Comment des gens que nous ne connaissons même pas peuvent-ils être aussi gentils et généreux?" »

« Nous sommes arrivés ici avec rien. Pas de passeport ni de papiers d’identification, pas de vêtements, rien. Ce sont les Canadiens qui nous ont fourni un "chez soi", qui nous ont donné des vêtements, des serviettes, de la nourriture et des JOUETS. Tellement de JOUETS. Jamais je ne pourrais oublier cette journée », écrit-elle.

Elbonita Kozhani se dit fatiguée de devoir défendre sa religion – l’islam – et rappelle que si elle n’avait pas été accueillie au Canada, sa famille et elles seraient assurément mortes.

« Vous n’avez aucune idée à quel point nous sommes reconnaissants envers "votre" pays qui nous a sauvés. Cette pensée ne me quitte jamais. À tous les jours. Je m’observe dans le miroir, je regarde qui je suis devenue aujourd’hui et les seules pensées qui me viennent sont "Canada". Je suis fière de qui je suis devenue grâce à ce pays. »

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