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Des réfugiés syriens partagent leurs histoires grâce à des messages sur leurs bras (PHOTOS)

Des réfugiés syriens partagent leurs histoires grâce à des messages sur leurs bras (PHOTOS)
Dear World on behalf of CARE

Après plus de deux années de combat, la crise des réfugiés Syriens a pris des proportions épiques.

Plus de deux millions de personnes ont fui le pays déchiré par la guerre depuis mars 2011, cherchant des refuges dans des pays voisins. On estime que cinq autres millions de réfugiés se sont déplacés à l'intérieur du pays.

«Nous n'avons pas vu un tel exode de réfugiés depuis depuis le génocide au Rwanda, il y a 20 ans», a indiqué Antonio Guterres, le Haut-Commissaire des Nations-Unies pour les réfugiés, en juillet dernier.

En plus de ses deux millions de réfugiés palestiniens, la Jordanie a accueilli plus de 500 000 réfugiés syriens enregistrés. On soupçonne la présence de nombreux autres réfugiés non enregistrés, présents avec leurs familles et leurs amis. Le camp de réfugiés de Zaatari accueille le plus gros flux de réfugiés, plus de 120 000, dans un enchevêtrement de milliers de tentes blanches et de bâtiments délabrés.

Les photographes américains Robert Fogarty et Benjamin Reece se sont rendus en Jordanie en septembre dernier avec l'organisation CARE International. Depuis des années, Fogarty travaille sur un projet baptisé «Dear World» pour lequel il photographie des gens avec des messages écrits sur leurs bras. Il a travaillé avec les survivants de l'ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans et avec les victimes de l'ouragan Sandy à New York.

Les deux photographes poursuivent ce projet en Jordanie en photographiant des réfugiés Syriens qui veulent partager leurs histoires, comme Huda, fillette de 11 ans blessée après l'explosion d'une bombe devant chez elle, en Syrie. Sa famille a dû se cacher pendant des heures après l'attaque, et n'a été en mesure d'atteindre un hôpital qu'au bout de deux jours. Le message de Huda est simple: "Je veux retrouver ma vie d'avant."

"Dans un conflit, les images les plus frappantes sont souvent celles où les gens sont vus dans une situation de vulnérabilité. Ils saignent, ils sont couverts de poussière. Ces photos sont nécessaires pour raconter des histoires, mais nos sujets n'étaient ni sanglants ni brisés", a déclaré Robert Fogarty au HuffPost. Bon nombre des personnes photographiées étaient "affaiblies mais pas terrassées" et en tant que photographes, Robert Fogarty et Benjamin Reece n'avaient qu'à "cliquer sur un bouton".

"C'est leur photo, leur message", indique Robert Fogarty.

Plusieurs Syriens rencontrés par les photographes étaient volontaires pour l'association CARE. "Les réfugiés ne sont pas des stéréotypes de gens sans ressource, déclare Robert Fogarty. Beaucoup d'entre eux sont des docteurs, avocats ou étudiants coincés en plein coeur d'évènements vraiment graves, et bon nombre d'entre eux tentent de mettre à profit leurs compétences."

Selon la Croix Rouge, 30% des réfugés syriens en Jordanie vivent dans des camps, dont le plus grand s'appelle Zaatari. Situé au nord-est de la capitale Amman, le camp est administré par le gouvernement jordanien et l'UNHCR, l'agence de réfugiés des Nations Unies. Il a été ouvert en 2012 et a grandi de façon exponentielle depuis, devenant le deuxième plus grand camp de réfugiés au monde.

Le nombre d'habitants de Zaatari augmente au rythme de ses problèmes. On y voit de longues files d'attente pour accéder à l'eau courante, et les installations sanitaires sont loin d'être aux normes. De notoriété publique, le camp est dangereux. Les gardiens contrôlant la zone en permanence donnent souvent l'impression d'être dans une prison.

Les enfants, qui représentent la moitié de la population réfugiée, n'ont peu ou pas accès à l'éducation. Le New York Times a signalé ce mois-ci que le système scolaire jordanien, déjà surpeuplé, a le plus grand mal à faire face à l'afflux d'enfants réfugiés. Selon le journal, même si plus de 81 000 enfants réfugiés sont inscrits à un programme en Jordanie, le taux de présence -- surtout à Zaatari -- sont toujours bas.

"Je sais que la violence fait une super histoire médiatique, mais la véritable tragédie dans tout ça est l'impact à long terme, déclare Benjamin Reece. Les générations futures récolteront le fruit de ces graines de violence qui sont en train d'être plantées en ce moment."

"A l'heure des réseaux sociaux, on passe notre temps à sauter d'une crise à l'autre, mais voilà quelque chose qui restera."

Pour les photographes, les conditions dans lesquelles vivent les Syriens en Jordanie prouvent aue les refuges temporaires ne pourront jamais remplacer un véritable foyer, une réalité que l'on oublie lorsque l'on observe le conflit de l'extérieur. Par ces portraits, ils veulent montrer les similarités entre les réfugiés et le lecteur de journaux moyen.

Benjamin Reece parle de sa rencontre avec une femme âgée syrienne, qui a accouru dans sa direction et a commencé à caresser son visage et toucher ses cheveux. Elle avait l'airde dire que le photographe ressemblait à son fils.

"Elle essayait de remonter son pantalon -- en gros elle tentait de l'amener à montrer ses brûlures de torture à l'électricité, tout le long de ses jambes, continue Benjamin Reece. Et pourtant il restait si humble quant à la douleur extrême qu'il ressentait. Plus tard il a discuté avec nous, nous posant des questions sur notre projet, puis il s'est simplement évanoui dans le crépuscule. On ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce qui lui était arrivé."

Il ajoute: "J'espère que ces portraits permettront de capturer un aperçu de ce monde."

Consultez les portraits tirés de leur projet et site web, Dear World.

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