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Ils dessinent les bâtiments de Pékin cachés par le smog (PHOTOS)

Ils dessinent les bâtiments de Pékin cachés par le smog (PHOTOS)

À l’heure où les chefs d’Etat du monde entier discutent à Paris de l’avenir du climat, les habitants de Pékin ont du mal à discerner la forme des immeubles. L’alerte à la pollution (surnommée “Airpocalypse” par les médias anglophones) qui dure depuis plusieurs jours a marqué le début de la saison du "smog" dans l’une des capitales les plus polluées au monde.

Mardi 1er décembre, l’indice de la qualité de l’air a établi de nouveaux records avec une concentration de particules fines (PM2.5) – les petits polluants responsables de cancers – supérieure à 500, un chiffre que l’ambassade des États-Unis avait un jour qualifié d'"incroyablement mauvais". L’agence américaine pour la protection de l’environnement a indiqué que des valeurs supérieures à 300 étaient rares aux Etats-Unis, et souvent associées à des incidents majeurs tels que des feux de forêt.

De nombreuses activités de plein air ayant été annulées. En dépit de ces niveaux, l'alerte a été maintenue à orange, qui précède le niveau maximum (rouge), réservé aux "situations les plus sévères", a rapporté le quotidien Global Times. Certains habitants s’adonnent à un nouveau passe-temps: dessiner, sur des photos exemptes de tout point de repère, les contours des bâtiments.

La porte de Tiananmen à Beijing.
SINA WEIBO
Le stade national, surnommé le Nid d’oiseau.
SINA WEIBO
La télévision centrale de Chine, alias la “tour pantalon”.
SINA WEIBO

Ces images, qui ont fait le tour des réseaux sociaux, ont même été diffusées sur les chaînes publiques, jusqu’alors habituées à qualifier la pollution atmosphérique de simple "brouillard".

"Perdus dans Pékin! Les internautes dessinent les contours des bâtiments les plus connus, totalement invisibles derrière le pire #smog de l’année."

Mais les habitants de Pékin ne sont pas tous fans d’humour noir. Sina Weibo, un site de microblogging, a publié de nombreuses discussions sur le smog qui faisaient notamment référence à un documentaire sur l’environnement désormais interdit.

Au printemps dernier, l’ex-journaliste d’investigation Chai Jing a captivé le pays avec un documentaire viral inspiré d’"Une vérité qui dérange". Il détaillait la façon dont les industries polluantes chinoises s’affranchissent de toutes les réglementations environnementales. Après avoir été vu des centaines de millions de fois, et malgré le soutien de certains membres du gouvernement, "Under the Dome" a rapidement été supprimé de tous les sites de vidéo du pays.

Dans un billet largement relayé sur Sina Wiebo, Wang Ran, un capital-risqueur de Beijing, estime que les censeurs gouvernementaux sont responsables du smog actuel. "Si une société ne peut tolérer qu’une personne exprime son opinion, alors elle ne pourra faire autrement qu’accepter toutes sortes de maux (dont la pollution)", écrit-il.

La Cité interdite par temps clair et sous le smog.

Pendant ce temps, à la COP21, le président chinois, Xi Jinping, a promis de travailler de concert avec Barack Obama à la mise en œuvre d’un nouvel accord sur le changement climatique, tout en défendant le droit de la Chine à poursuivre son développement. "La lutte contre le changement climatique doit être le fait de l’humanité toute entière", a-t-il déclaré dans son discours.

Il y a un an, les deux chefs d’Etat avaient suscité de nombreux espoirs quand ils avaient promis conjointement de plafonner et réduire leurs émissions dans les décennies à venir. Ces engagements – dont rien ne garantit pourtant qu’ils seront tenus – ont profondément changé la donne sur ce qu’il était possible d’attendre du sommet parisien.

Les engagements que la Chine est susceptible de prendre vis-à-vis de la communauté internationale en matière d’émissions de gaz à effet de serre (GES) sont profondément ancrés dans des réalités nationales, économiques et environnementales. L’économie chinoise est, en effet, dans un processus de transition pour abandonner les industries lourdement polluantes que sont l’acier, le ciment et le verre, dont les besoins voraces en charbon ont noirci le ciel des villes du pays.

Le Stade des travailleurs par temps clair et sous le smog.

La médiatisation d’une première “airpocalyspe” sur Pékin en 2013 a suscité une véritable prise de conscience. Le tollé public a conduit les dirigeants chinois à déclarer la “guerre à la pollution” et à prendre des mesures de réduction.

Si l’on y ajoute la chute des profits dans les industries de l’acier et du charbon, l’effet est notable: selon Greenpeace Asie de l’Est, la pollution atmosphérique a baissé de 15,5% à Pékin au cours du premier semestre 2015, et de 16% en moyenne dans 189 villes chinoises.

La tendance est prometteuse à long terme, mais elle n’est pas d’un grand secours aux habitants de Pékin qui ont ces jours-ci beaucoup de mal à deviner les gratte-ciels sur le trottoir d’en face…

Un gratte-ciel dans le quartier des affaires de Pékin.

Cet article, publié à l’origine sur le Huffington Post américain, a été traduit par Catherine Biros pour Fast for Word.

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