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La nouvelle récente sur les surplus accordés aux médecins arrive dans un contexte où l'accès à ces professionnels est vivement débattu. Cet argent «en trop» crée certainement un malaise considérant que le poste de premier ministre et de ministre de la santé sont comblés par des médecins.
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417 millions de dollars: c'est, selon un récent rapport, l'argent qui a été versé en trop aux médecins.

Le premier ministre Couillard avoue honteusement que cet argent ne sera pas récupérable!

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, se contente de dire que cet argent a été versé en retour de services rendus pendant une période précise.

Comment les deux ministres, qui sont médecins, peuvent-ils faire autrement que de défendre une entente qu'ils ont eux-mêmes signée par le passé, et dont ils bénéficiaient certainement ?

Pourtant, selon les statistiques, encore un patient sur 4 n'a pas de médecin de famille. D'ailleurs, les patients vous le diront: plusieurs sont encore incapables de voir un médecin quand ils en ont besoin.

Il est ainsi permis de se demander à quoi auront donc servi ces millions ?

Martin Coiteux, président du Conseil du Trésor, ne s'est pourtant pas gêné pour dire qu'il irait récupérer de l'argent versé en trop à des fonctionnaires.

Gaétan Barrette ne s'est pas caché pour critiquer les pharmaciens qui auraient dépassé le budget pour la mise en pilulier de la médication. Il a même fait voter une loi pour récupérer cet argent en imposant les conditions de rémunération des pharmaciens. Pourtant, les pharmaciens ont simplement rendu des services essentiels à la population. Mais le gouvernement leur impose des coupures de 400 millions de dollars sur trois ans. Une simple coïncidence?

Couillard explique que «comme les sommes ont été déboursées pour des services donnés aux patients, on ne peut pas défaire ces services pour rembourser le contribuable». M. Couillard, CHAQUE pilulier qui a été servi à un patient, était un service qu'on pouvait défaire?

La perception de la situation est celle des deux poids deux mesures !

Il devient clair que de par leur implication passée dans les dossiers touchant leur profession, le ministre de la Santé et le premier ministre sont en flagrant conflit d'intérêts. Ils exigent des efforts supplémentaires aux travailleurs de la fonction publique, aux autres professionnels de la santé, aux professeurs, aux aînés, aux écoliers, aux gens les plus vulnérables et à l'ensemble des citoyens.

Selon l'opinion du chercheur, M. Contandriopoulos, on ne peut espérer une critique d'une entente antérieure de la bouche de la même personne qui a conclu cette même entente alors qu'elle défendait des intérêts syndicaux. Il dénonce l'iniquité lorsque l'un des tiers bénéficie de ce qu'il décrit comme étant «un bar ouvert».

Devant une telle déclaration surprenante, la population est en droit de savoir ce qui se cache derrière les intentions du gouvernement et MM. Couillard et Barrette doivent répondre à plusieurs points:

1) Le favoritisme vis-à-vis des médecins au détriment des autres professionnels.

2) Le Québec ne peut avoir un ministre de la santé qui manque d'impartialité et ne prend pas en compte les mémoires présentés par nos chercheurs.

3) Le gouvernement actuel ne tient pas compte des besoins de la population en santé. Ils coupent dans toute la première ligne sauf les médecins. Pourtant, il est démontré qu'en santé notamment, la contribution des autres professionnels permet d'alléger le système et de répondre à des besoins plus grands et plus nombreux.

4) Cesser de se comparer aux autres provinces lorsqu'on rémunère les médecins. Leurs études coûtent moins chers et le niveau de vie est moins cher au Québec, les salaires devraient être en conséquence.

5) La perte de contrôle des coûts dans la façon dont les médicaments sont prescrits (règle du «ne pas substituer» utilisée à mauvais escient, couverture sans aucune restriction de médicaments plus dispendieux et qui n'apportent pas plus d'avantages).

Pour terminer, la nouvelle récente sur les surplus accordés aux médecins arrive dans un contexte où l'accès à ces professionnels est vivement débattu. Cet argent «en trop» crée certainement un malaise considérant que le poste de premier ministre et de ministre de la santé sont comblés par des médecins. Les médecins méritent certainement tout notre support et notre solidarité envers eux. Mais force est d'admettre que les récentes constatations rendent la province en entier inconfortable face à ceux qui nous gouvernent présentement, et le lien entre des ententes passées et la réaction des autorités actuelles pourraient trahir des comportements qui demandent à être clarifiés.

Ce qui semble «non récupérable» en ce moment c'est notre confiance envers ce gouvernement !

Signataires :

Thina Nguyen, pharmacienne, Sarwat Tobia, pharmacien, Joëlle Jammal, pharmacienne, Danielle Gauthier, pharmacienne, Nicolas Fontaine, pharmacien, Sonia Boutin, pharmacienne, Lucie Gagnon, pharmacienne, Vicky Kaprawy, pharmacienne, Josée Fréchette, pharmacienne

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