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Amazonie: des initiatives citoyennes porteuses d'avenir

Au détour de chaque rivière, enfouis dans la forêt ou en bordure du fleuve Amazone et de ses confluents, une multitude de petits villages isolés du monde.
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L'Amazonie. À quoi pense-t-on lorsqu'on entend ce mot? Aux forêts tropicales luxuriantes? Aux animaux exotiques, singes, paresseux, piranhas, perroquets et autres oiseaux multicolores? Aux peuples et aux villages des forêts et rivières? Et à de l'eau, à beaucoup d'eau! Résumer l'exploration de cette région à quelques centaines de mots est difficile. Tant de choses, tant de réalités, tant de richesses peuvent y être observées en peu de temps, pour le grand plaisir des voyageurs!

L'Amazonie, terre mythique, a toujours frappé l'imaginaire des aventuriers, anthropologues et voyageurs en quête de territoires à explorer. Véritable «poumon vert» de la planète, cette vaste étendue de forêt tropicale représente un immense territoire de 5,5 millions de km2, soit 4 fois le Québec, étant à cheval sur 9 pays, dont le Brésil, le Pérou, la Bolivie, l'Équateur et la Colombie.

Même après avoir parcouru le monde, cet immense territoire m'a toujours fasciné et attiré. C'est en avril de cette année, à la fin de la saison des pluies, que j'ai eu la chance de découvrir une infime partie de ce territoire, grâce à une exploration dans la selva péruvienne, à la rencontre des villages éloignés au mode de vie authentique, mais difficile et précaire.

Au détour de chaque rivière, enfouis dans la forêt ou en bordure du fleuve Amazone et de ses confluents, une multitude de petits villages isolés du monde se découvrent, et on y rencontre des villageois qui travaillent fort pour se maintenir dans un milieu de vie difficile et dans un mode de vie simple, en lien avec la nature, mais aussi précaire.

Il faut savoir que près de 30 % du vaste territoire de l'Amazonie et de la selva péruvienne se retrouve sous l'eau plusieurs mois par année. Cette situation rend la vie laborieuse pour les communautés. Coupées du reste du monde, confinés à une vie «lacustre», elles en sont tenues à consommer les réserves de nourriture accumulées durant les mois plus secs. L'agriculture, en période humide, s'avère impossible à pratiquer. L'économie, du même coup, ralentit beaucoup. Comment les villageois font-ils alors pour subvenir à leurs besoins de base?

Cette précarité et ces difficultés poussent de nombreux jeunes villageois vers l'exode, dans l'illusion d'une vie meilleure.

Ils quittent alors leurs villages vers un éden potentiel. Iquitos, une ville au milieu de la selva, véritable îlot de civilisation, devient alors très attractive. Avec cet afflux important de population, c'est à Belén, immense bidonville lacustre insalubre aux portes d'Iquitos, que la plupart de ces villageois de l'Amazonie péruvienne aboutissent. Là-bas, ses habitants, en majorité sans emploi, n'ont pas accès à l'eau potable, pas plus qu'à l'électricité, ni à aucune installation sanitaire adéquate. Très peu de gens arrivent à sortir de Belén : il est possible de vivre dans l'extrême pauvreté dans les villages, mais vivre dans cette situation dans les bidonvilles est presque impossible.

Et pourtant, le tourisme industrialisé se développe en Amazonie péruvienne. Plusieurs lodges de grand luxe s'implantent en plein milieu de la selva, donnant l'espoir d'une vie meilleure pour les habitants de cette région. Plusieurs villages attirés par un profit immédiat ont même vendu de vastes territoires, leur seule richesse, à des investisseurs privés extérieurs pour que des lodges s'y développent. Nombreux sont les panneaux de propriété privées qui sont donc apparus au milieu de nulle part.

Mais ces lodges deviennent très vite de simples îlots de prospérité et de luxe dans un océan de pauvreté, avec des retombées économiques locales très limitées, coupant même toute possibilité future de développement. Une fois le terrain vendu, en effet, il ne reste plus rien pour en tirer profit! Les villageois ne perçoivent de l'argent qu'une seule fois, et doivent ensuite trouver d'autres options pour amasser quelques sous et développer un peu d'agriculture pour survivre. Il existe aujourd'hui plus de 90 lodges privés dans la grande région d'Iquitos.

Malgré ces difficultés, toutefois, l'espoir existe, et la région regorge de potentiel. Dans ce cadre, nous avons eu la chance de croiser plusieurs initiatives citoyennes édifiantes, sources de vie et de création de richesse. Je souhaite aujourd'hui vous en présenter une qui est particulièrement exemplaire et prometteuse dans le petit village de Libertad.

C'est grâce à l'initiative des citoyens de Libertad, sous la direction de Manuel, un des chefs du village, que cette belle histoire a pu s'écrire. Manuel est un bel exemple de villageois qui s'est pris en main et a redonné à sa communauté.

Jeune, faisant partie d'une famille nombreuse, il est le seul à aller à l'école. Plus tard, de retour au village, il en devient chef et décide de construire le lodge Libertad Jungle Lodge afin de donner les moyens au village d'assurer sa propre survie, son autonomie et son développement à long terme. Cet écolodge, qui n'a rien à envier aux lodges privés de la région et qui continue à s'améliorer, a été construit avec les moyens et l'investissement de toute la communauté. La plupart des villageois et villageoises y sont impliqués, tant en ce qui concerne la gestion dans un comité de développement que pour y travailler avec des emplois bien répartis dans les familles. Cuisinières, guides, entretien, amélioration, agriculture, transport, nettoyage, tous sont investis!

Les profits de l'hébergement sont également répartis en fonction des besoins du village. Ainsi, chaque année, grâce aux revenus de l'écolodge Jungle Libertad, six bourses d'études sont données aux meilleurs écoliers du village, qui ont ensuite la chance d'aller étudier à Nauta, dans une école de cette communauté voisine. Le lodge appuie également les artisans dans la commercialisation de leurs produits, difficile dans cette région souvent coupée du reste du monde. Le village, fort des revenus du lodge, a aussi récemment acquis une effeuilleuse de riz qui permet aux villageois de maintenir une activité économique et agricole durant les périodes plus difficiles.

Mais au-delà de ces retombées économiques importantes pour la communauté, ce que nous retiendrons de ce voyage, ce sont les échanges authentiques, rencontres et partages uniques entre les voyageurs et les villageois. Ceux-ci constituent un véritable pont entre deux mondes, à la découverte du prochain, dans le respect des cultures et des environnements. Imaginez-vous en pleine immersion dans cette vie lacustre, arriver dans un village qui vous accueille chez lui avec le sourire, en vous faisant découvrir et participer à toute la vie locale... Quels instants uniques vous pourrez vivre, avec les enfants qui partent à l'école tous les jours sur leur propre pirogues, les femmes artisanes qui travaillent à développer des petits commerces, et les guides du village qui vous feront découvrir la région!

C'est au travers d'initiatives villageoises écocitoyennes telles que celle de Libertad, source de vie et de création de richesse dans des villages éloignés, que Village Monde trouve sa source et sa raison d'être. Ce sont de telles initiatives écocitoyennes qui permettront à ces villages de survivre dans notre économie globale, et de rendre à ces villageois du bout du monde leur fierté ... fierté de ce qu'ils font, et de ce qu'ils sont!

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