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Dominion comme dans Canada

Et je me souviens d'avoir lu sur le Scandale du Pacifique, ces accusations de corruption qui visaient le gouvernement conservateur de John A. MacDonald. Il est tout de même intéressant de se rappeler que la Commission Charbonneau ne met pas au jour des pratiques nouvelles.
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Tous des crosseurs!

La pièce de Sébastien Dodge parle en ces termes de ceux qui ont bâti le Canada tel qu'on le connait : les John A. MacDonald, Wilfrid Laurier et George-Étienne Cartier, ces politiciens qui se sont acoquinés avec les hommes d'affaires afin de faire le plus de profit possible lors du développement de notre immense territoire tout en prétendant être animés par de nobles idéaux. Vous l'aurez deviné, cette pièce revisite une époque de notre histoire ainsi que les motivations qui ont animé les dirigeants afin de dénoncer les abus, la corruption et le mépris dans lequel on tenait la population en général et les Canadiens-Français en particulier. Le résultat : un texte abouti qui allie de façon efficace les envolées poétiques à une charge virulente contre les institutions. Et sans être exempt d'humour pour autant.

Un mot tout d'abord sur la scénographie de Julie-Ange Breton : une scénographie efficace et intelligente. Une toile immense en arrière-scène dépeint nos montagnes rocheuses que nous aimons tant et qui nous appartiennent alors qu'à l'avant se trouvent des billots représentant à la fois la terre défrichée par les colons et la forêt tant aimée des coureurs de bois avides de liberté. MacDonald et Cartier tiennent leurs discours sur une plate-forme surélevée au-dessus de laquelle une banderole indique que cette scène se passe évidemment en anglais. Chaque espace est délimité ainsi et l'on peut passer de l'un à l'autre discours avec fluidité.

J'avoue que mes notions d'Histoire du Canada sont pleines de trous. Je me rappelle des Saint-Martyrs canadiens, de Kateri Tekakwitha (qui, je crois me souvenir, avait préféré la mort plutôt que la souillure, mais je pense que je me mélange avec Maria Goretti), de Cartier, Champlain et Maisonneuve mais je n'ai jamais suivi de cours sur le Canada d'après la conquête et ce que j'en sais a été glané au cours des années de façon assez décousue, mettons. Mais je sais tout de même que John A. MacDonald a été le premier Premier ministre du Canada.

Et je me souviens d'avoir lu sur le Scandale du Pacifique, ces accusations de corruption qui visaient le gouvernement conservateur de John A. MacDonald. Le contrat de la construction de la ligne de chemin de fer qui allait relier le Canada d'est en ouest fut attribué à Hugh Allan. Il fut découvert par la suite que ce monsieur avait été un généreux contributeur à la campagne électorale qui avait mené, en 1872, à la réélection de MacDonald. Rien de nouveau sous le soleil, me direz-vous. Indeed. Il est tout de même intéressant de se rappeler que la Commission Charbonneau ne met pas au jour des pratiques nouvelles.

Félix Beaulieu-Duchesneau incarne un fort crédible John A. MacDonald. En plus de lui ressembler physiquement, il adopte ce discours outrageux qui était fort susceptible d'être tenu derrière des portes closes et où les canadiens-anglais traitaient les canadiens-français de « pouilleux de crasseux d'analphabètes ». Mathieu Gosselin défend avec conviction un George-Étienne Cartier ancien patriote qui se retrouve prisonnier de son désir d'aller dans le sens des institutions et de renoncer à la violence. Ce qu'il doit admettre comme compromis se révélera bien pire que n'importe laquelle rébellion. Et le délicieux Miro Lacasse nous donne un Wilfrid Laurier démoniaque mâtiné de Pierre-Elliot Trudeau qui propulse un discours qui jette de la poudre aux yeux des électeurs tout en demeurant fondamentalement le même que celui de ses prédécesseurs Tories. Patrice Dubois est exquis en coureur des bois et Myriam Fournier tient le discours du peuple, le discours social et dénonciateur et j'ai aimé que Sébastien Dodge lui donne le dernier mot.

Bref, un très bon spectacle, un texte maîtrisé et une leçon d'Histoire accessible. Un constat pessimiste aussi où, hélas, ceux qu'on aimerait voir triompher rasent les murs alors que les fâcheux s'affichent de façon tonitruante. Hélas, ça ne change pas beaucoup, n'est-ce pas?

Dominion est présenté par le Théâtre de la Pacotille à l'Espace libre jusqu'au 28 septembre 2013

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