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Qu'arrive-t-il aux eaux usées des Montréalais en temps normal?

Qu'arrive-t-il aux eaux usées des Montréalais en temps normal?

À moins d'élaborer une autre solution, 8 milliards de litres de rejets d'égouts seront prochainement déversés dans le fleuve afin d'effectuer les travaux d'abaissement de la structure de l'autoroute Bonaventure. Mais en temps normal, qu'arrive-t-il aux eaux usées des Montréalais?

Un texte de Marianne Desautels-Marissal

La station d'épuration de Montréal est la troisième en importance au monde. Chaque jour, elle traite en moyenne l'équivalent du volume intérieur du Stade olympique de Montréal, soit la moitié de la totalité des eaux usées traitées par toutes les stations d'épuration québécoises réunies.

Un long parcours

Une fois disparue dans le drain, l'eau usée descend par gravité jusqu'à la station d'épuration Jean-R.-Marcotte, située dans l'arrondissement Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, à l'extrémité est de l'île. Pour mettre la gravité à profit, les collecteurs doivent se trouver à des dizaines de mètres sous le sol.

Pour récolter toute cette eau, on a donc dû creuser le roc à une profondeur de 55 mètres et y construire un bâtiment haut de 15 étages. Sa construction s'est échelonnée de 1976 à 1984. La station d'épuration a été conçue pour des volumes grandement supérieurs aux besoins de l'époque, en prévision d'un boom démographique considérable qui s'est avéré moins important que prévu.

Le pompage

Après un voyage dans les canalisations qui peut durer jusqu'à six heures, l'eau arrive à la station d'épuration et est pompée jusqu'à la surface par 17 pompes géantes, disposées en cercle dans l'usine. Chaque pompe peut déployer une puissance allant jusqu'à 5000 chevaux-vapeur. La station de pompage est considérée comme l'une des plus importantes au monde.

Environ 75 % des eaux usées de l'île de Montréal y aboutissent, incluant une bonne partie des eaux de pluie, les eaux usées des commerces, des industries, des résidences et des institutions, ainsi que le contenu des chutes à neige.

Le dégrillage et le dessablage

L'eau passe d'abord à travers de grandes grilles qui retiennent les papiers, les brindilles, les feuilles mortes, les emballages de plastique et de styromousse, les cheveux, et tous les détritus imaginables. Puis, on met ces déchets dans des presses rotatives pour les essorer. Résultat : 750 tonnes de déchets solides par année, qui sont acheminées vers un site d'enfouissement.

L'eau est aussi débarrassée des petits cailloux et du sable qu'elle contient. Quatorze dessableurs de 8 par 67 mètres de longueur sont consacrés à cette tâche. Plusieurs milliers de tonnes de sable sont ainsi transportées chaque année dans un site d'enfouissement.

Le traitement physico-chimique

Pour retirer les particules qui restent en suspension dans l'eau, on doit recourir à des procédés chimiques. On ajoute à l'eau des produits comme l'alun, un sel d'aluminium et de potassium, qui permettent l'agglomération de ces impuretés, qui forment ainsi des flocons qui coulent au fond de grands bassins en une boue gluante. Ce processus permet aussi de réduire considérablement la concentration en phosphore des eaux résiduelles.

Une petite part de gâteau?

Les boues et les écumes des bassins d'épuration sont extraites et essorées. L'eau qui en sort est encore trop polluée pour être retournée au fleuve et est renvoyée au début du cycle pour être traitée à nouveau.

Les boues essorées forment des galettes, que les travailleurs de l'usine surnomment ironiquement les « gâteaux ». Ces pâtés que personne ne voudrait goûter sont séchés, puis incinérés.

L'énergie provenant de la cuisson des gâteaux est judicieusement récupérée : cette chaleur sert à chauffer les bouilloires qui produisent de la vapeur, source d'énergie pour la station. Chauffés à 840 degrés Celsius, ils brûlent et dégagent assez de chaleur pour entretenir eux-mêmes la combustion, sans qu'on ait besoin d'ajouter de combustible.

La fumée de cette incinération est traitée efficacement afin de protéger la qualité de l'air, et les cendres sont enfouies dans un dépotoir, après avoir fait l'objet de tests pour assurer un suivi environnemental.

L'avenir : l'ozonation

L'ozonation est reconnue comme une des meilleures technologies pour désinfecter les eaux usées. Ce procédé permet de réduire d'environ 95 % la quantité de bactéries dans les eaux et de diminuer les virus et autres contaminants provenant notamment des industries pharmacologiques et cosmétiques.

En mars dernier, le maire de Montréal, Denis Coderre, a annoncé l'octroi d'un contrat pour la fabrication et la mise en service d'une unité d'ozonation afin d'améliorer la qualité des eaux usées. Cette unité, qui coûtera près de 100 millions de dollars, sera greffée à la station d'épuration des eaux usées Jean-R.-Marcotte.

La mise en service du traitement par ozone est prévue pour 2018. À ce moment, la station d'épuration sera la plus importante du genre à utiliser le traitement à l'ozone dans le monde.

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