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L’éducation est un droit et non un choix!

Le sous-financement chronique de l'école publique, les années d'austérité et le parti pris du gouvernement pour le secteur privé ont amené le réseau public dans un état de délabrement. A
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Le ministre Proulx affirme, dans son livre, Un Québec libre est un Québec qui sait lire et écrire, que « la liberté de choisir des parents reste une référence incontournable. Les parents doivent pouvoir choisir le meilleur pour leurs enfants avec, toujours, une préoccupation pour leur bien-être. C'est le sens profond de l'engagement parental. Et c'est aussi la raison d'être du réseau des écoles privées ». Un choix ? Dois-je rappeler au ministre que l'éducation est un droit et non un choix ? L'éducation ne doit pas être monnayable selon le revenu des parents. Chacun a droit à une éducation de qualité avec les ressources nécessaires et un environnement sain. C'est une question de justice sociale.

Les derniers relevés du ministère, de 2015-2016, indiquent que le taux de diplomation et de qualification au secondaire pour les écoles privées était de 87,6 % et pour les écoles publiques de 61,7%, sur une période de 5 ans. Un écart de 26 % qui est réduit à 17 % sur sept ans (93,1% vs 76,5%). Cet écart n'est pas le résultat d'un meilleur enseignement, mais le fait que les écoles privées ont très peu d'élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (EHDAA), sélection oblige ! Ce type d'élève représente environ 5 % des élèves du secteur privé, comparativement à 23 % dans les écoles publiques. Le taux de réussite des EHDAA est de 51,8 %, sur sept ans. Les classes dites régulières intègrent de plus en plus ces élèves et les conditions de réussite deviennent de plus en plus difficiles. Les parents qui ont les moyens font le choix de se soustraire à ces conditions en envoyant leurs enfants à l'école privée, pour avoir de meilleures conditions de réussite. C'est ce choix que le ministre veut protéger !

Le taux de réussite et le taux de décrocheurs sont directement liés aux conditions d'apprentissage.

Et le ministre affirme pourtant, « je ne crois pas que l'école québécoise soit inégalitaire ». Un rapport du conseil supérieur de l'éducation sur l'équité confirme cette iniquité entre les écoles privées et publiques. Il indique en se basant sur l'indice de statut économique, social et culturel « que seulement 6 % des élèves des écoles publiques du Québec sont dans des écoles favorisées, alors que 90 % des élèves du Québec qui fréquentent une école privée sont dans un établissement favorisé ». En basant la réussite sur un choix au lieu d'un droit, le ministre encourage ces inégalités sociales. Le ministre ne peut nier ces disparités. Le taux de réussite et le taux de décrocheurs sont directement liés aux conditions d'apprentissage.

Le sous-financement chronique de l'école publique, les années d'austérité et le parti pris du gouvernement pour le secteur privé ont amené le réseau public dans un état de délabrement. Alors que le gouvernement aurait dû investir pour construire de nouvelles écoles et offrir plus de services, devant l'augmentation du nombre d'élèves en général et des EHDAA en particulier, le gouvernement faisait des coupes. Aujourd'hui, le réseau est surchargé, les classes débordent et les ressources ne sont pas au rendez-vous. Les dernières inspections du ministère ont révélé qu'une école sur deux est en mauvais état et que le déficit d'entretien est passé de 1,8 à 3,3 milliards, depuis l'an passé. Il a fallu que les parents forment des chaînes humaines autour des écoles pour que le gouvernement fasse de l'éducation une priorité.

Le ministre affirme qu'« après avoir fait de l'accès à une éducation de qualité et gratuite pour tous une réalité, notre État doit maintenant s'adapter et agir différemment afin que tous puissent réussir à la hauteur de leur plein potentiel ». La qualité est loin d'être la même pour tous étant donné les conditions d'apprentissage et la gratuité est à géométrie variable. Plus de 40 % des élèves au secondaire sont inscrits soit à l'école privée, soit dans des projets particuliers dans les écoles publiques, ce qui entraîne des coûts de plusieurs centaines ou plusieurs milliers de dollars par année. Le ministre déforme la réalité !

L'école du futur ne doit pas se bâtir sur une vision partielle de la réalité ou les croyances du ministre.

Avec ce livre, le ministre nous convie à une réflexion, à l'ouverture d'un dialogue. Très bien, mais si nous voulons faire de l'éducation un projet de société, nous devons le développer collectivement. Nous devons aller au-delà de la partisanerie politique et de l'image projetée à la veille des élections. Au ministre à nous convier à une consultation publique neutre et objective, sous forme d'états généraux ou de commission d'enquête, pour cesser de réformer à la pièce. L'école du futur ne doit pas se bâtir sur une vision partielle de la réalité ou les croyances du ministre. La commission Parent avait permis de lancer un grand chantier en éducation au début des années soixante. Nous devons revenir à une vision humaniste de l'éducation qui n'est pas basée seulement sur des priorités économiques. Nous devons reconnaître le droit à l'éducation pour tous et non un choix, en bâtissant un réseau public rassembleur dont nous serons tous fiers !

Avril 2018

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