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Le Canada peut relever les défis que soulève l'élection de Trump

Nous devons être prêts à profiter des nouvelles opportunités qui s'offrent à nous lorsque nos voisins changent de cap.
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Les élections de la semaine dernière aux États-Unis ont remis bien des choses en question sur le plan de la politique canadienne et des politiques économiques du Canada.

Le gouvernement Trudeau comptait de toute évidence sur la victoire de la candidate démocrate. Mais l'élection de Donald Trump à la présidence, et de majorités républicaines dans les deux chambres du Congrès, ont complètement bouleversé ses plans.

En particulier, le gouvernement n'était manifestement pas préparé à faire face à la nouvelle situation, politiquement, mais aussi philosophiquement, concernant trois questions spécifiques.

Les baisses d'impôt pour les entreprises

En ce moment, les États-Unis ont la fiscalité la plus lourde pour les entreprises parmi les pays de l'OCDE, avec un taux de 35 % au niveau fédéral. Donald Trump propose de le ramener à 15 %, soit le même taux qu'au Canada. Les taux d'imposition des sociétés au niveau des États varient de 0 % à 12 %. Toutefois, nos taux provinciaux sont plus élevés et varient de 11 % en Colombie-Britannique à 16 % à l'Île-du-Prince-Édouard et en Nouvelle-Écosse.

Au lieu d'être beaucoup moins attrayants que le nôtre, les taux d'imposition des entreprises aux États-Unis pourraient bientôt devenir légèrement plus attrayants.

Le président élu a également proposé l'adoption d'un taux spécial de 10 % pour encourager les multinationales américaines à rapatrier leurs profits d'autres pays, y compris le Canada, où elles sont moins taxées. On estime que les entreprises américaines ont 2,5 milliards de dollars à l'abri dans des marchés étrangers.

Si notre environnement d'affaires ne demeure pas aussi, ou idéalement plus concurrentiel que celui de notre voisin, nous risquons de provoquer un exode des capitaux et des entreprises. Il y aura une fuite des cerveaux, des entrepreneurs, des chercheurs et des ingénieurs attirés par de meilleures opportunités et des impôts moins élevés au sud de la frontière.

En septembre, j'ai proposé de réduire l'impôt des entreprises de 15 à 10 %, d'abolir l'impôt sur le gain en capital et de rendre la déduction pour amortissement accélérée permanente tout en l'étendant à tous les secteurs de l'économie plutôt que de la limiter au secteur manufacturier.

Mon plan n'est pas seulement qu'ambitieux ; avec la nouvelle situation politique au sud de la frontière, il est maintenant devenu nécessaire si nous voulons que notre économie demeure concurrentielle. Pouvons-nous espérer que le gouvernement Trudeau mettra fin à ses dépenses irresponsables et réduira les impôts ? J'en doute beaucoup.

Pas de taxes sur le carbone

L'opposition de Donald Trump aux taxes sur le carbone signifie que les industries canadiennes deviendront de moins en moins compétitives en étant assujetties à une taxe sur le carbone qui augmentera chaque année.

L'une des raisons pour lesquelles le gouvernement Trudeau veut imposer une taxe nationale et uniforme sur le carbone est de veiller à ce que les entreprises soient taxées de façon égale dans chaque province et qu'il n'y ait pas de fuite des investissements des provinces avec une taxe élevée vers celles où elle l'est moins. Cette logique s'appliquera maintenant au Canada dans ses relations avec les États-Unis.

Justin Trudeau a dit que la situation n'a pas changé et que son gouvernement envisage toujours d'aller de l'avant. C'est du déni. Quelqu'un devrait également dire à Michael Chong que son plan d'imposer une taxe sur le carbone de 130 $ la tonne est mort dans l'œuf.

Les provinces expérimentent déjà diverses façons de réduire les émissions. Nous verrons au fil du temps quel modèle est le plus efficace et le moins préjudiciable pour l'économie. Mais il est manifestement devenu irréaliste pour Ottawa d'imposer une autre couche d'intervention gouvernementale sur une série de mesures déjà coûteuses dont l'efficacité n'a pas encore été démontrée.

Réouverture de l'ALENA

Enfin, le Canada est confronté à un sentiment de plus en plus protectionniste aux États-Unis, M. Trump ayant menacé de renégocier l'ALENA. Sur cette question, le gouvernement Trudeau est encore une fois excessivement mal préparé. Par la voix de notre ambassadeur à Washington, le gouvernement a dit qu'il était ouvert à la discussion, en particulier sur le bois d'œuvre. Mais qu'est-ce que le gouvernement a à offrir à nos amis américains en échange ?

L'une des principales demandes faites au Canada pendant les négociations du Partenariat transpacifique était d'ouvrir nos marchés agricoles sous gestion de l'offre. En fin de compte, nous n'avons donné accès qu'à une petite partie de notre marché pour ces produits.

Il y a six mois, j'ai proposé de supprimer le système de gestion de l'offre. La principale raison de le faire n'est pas de plaire aux Américains. C'est de se débarrasser d'un cartel légal au bénéfice de 35 millions de Canadiens, et particulièrement des familles à faible revenu, qui paient trop cher pour leurs produits laitiers, leurs œufs et leur poulet.

Mais pourquoi ne pas le faire aussi pour préserver l'ALENA et assurer notre accès au marché américain ? Si nous mettions cette question sur la table, nous serions dans une bien meilleure position pour demander une ouverture complète du marché américain du bois d'œuvre.

La leçon de l'élection de la semaine dernière n'est pas que les conservateurs devraient imiter la façon de faire de la politique de Donald Trump. C'est que nous devrions être prêts à adapter nos politiques et à profiter des nouvelles opportunités qui s'offrent à nous lorsque nos voisins changent de cap. Le Canada peut relever ce défi - avec le bon plan économique.

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