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Élections américaines: le duel Trump-Biden n'était pas le seul scrutin au programme

Peines d'esclavage, consommation de drogue, écriture inclusive et d'autres mesures parfois surprenantes étaient mises aux voix dans plusieurs États américains.
Droit de chasser, consommation de drogues, VTC, esclavage, écriture inclusive... Ce 3 novembre, de nombreux scrutins annexes avaient lieu aux États-Unis en marge du duel entre Donald Trump et Joe Biden (images d'illustration).
Photos AFP
Droit de chasser, consommation de drogues, VTC, esclavage, écriture inclusive... Ce 3 novembre, de nombreux scrutins annexes avaient lieu aux États-Unis en marge du duel entre Donald Trump et Joe Biden (images d'illustration).

Les Américains n’ont pas encore de président, mais pour certains, le quotidien va changer de manière parfois surprenante. En effet, en plus du duel entre Donald Trump et Joe Biden, des sièges à attribuer au Sénat et de la chambre des représentants à renouveler intégralement, des dizaines de référendums avaient lieu dans le pays ce mardi 3 novembre.

Il s’agissait souvent de se prononcer au niveau des États sur des taxes, d’instaurer de nouveaux prélèvements sur les paris sportifs ou de redéfinir les exigences pour se présenter une future élection. Mais certains scrutins permettaient aussi aux électeurs de donner leur avis sur des choses bien moins communes...

  • Des peines d’esclavage abolies

Dans l’Utah et le Nebraska, les citoyens ont décidé d’abolir une disposition qui figurait encore dans la constitution locale: des peines de servitude volontaire et d’esclavage pouvaient encore (techniquement en tout cas, car ce n’était plus le cas dans la pratique depuis bien longtemps) être prononcées dans le cas de certains délits. Ce ne sera plus le cas, même dans les textes.

Étonnamment néanmoins, près de 32% des votants du Nebraska ont dit non à cette proposition, tout comme pratiquement 19% des électeurs dans l’Utah.

De la même manière, un autre héritage de la sombre période de l’Amérique esclavagiste a été supprimé du quotidien de certains habitants sur la côte Est. En l’occurrence, l’État du Rhode Island, près de New York, votait pour modifier son nom complet, qui est «État de Rhode Island et des plantations Providence». Il était proposé aux électeurs de se débarrasser de la dernière partie du nom, référence explicite à l’esclavagisme, ce qui est passé sur le fil après avoir longtemps été rejeté au cours du dépouillement.

  • L’héritage confédéré du Mississippi disparaît

C’était l’un de ces référendums le plus scruté au niveau national et il s’est conclu par un «oui». Dans le Mississippi, les habitants ont très majoritairement décidé de remplacer l’ancien drapeau (qui intégrait le drapeau confédéré synonyme de promotion de l’esclavage) par un nouveau.

Sur cette nouvelle bannière, le magnolia, fleur emblématique de l’État figure en très bonne place, entouré par 20 étoiles symboles de la position de vingtième État à rejoindre les États-Unis. C’était en 1817. Y figure également la mention «In God we trust» (Nous croyons en Dieu).

  • Des champignons hallucinogènes autorisés

Dans le District de Columbia, où se trouve la capitale fédérale Washington D.C., il n’est désormais plus pénalisé par la loi d’avoir sur soi des champignons hallucinogènes, ainsi que d’autres plantes psychotropes.

Et dans l’Oregon, un État du nord-ouest du pays dont la plus grande ville est Portland, un référendum allait encore plus loin puisqu’au-delà de dépénaliser, il a légalisé la psilocybine, le principe actif qui se trouve justement dans ces champignons hallucinogènes.

L’Oregon est même devenu le premier État du pays à dépénaliser la possession en petite quantité d’héroïne, de cocaïne et d’autres drogues. Dans cette région très progressiste des États-Unis, les partisans de la mesure assuraient que les condamnations judiciaires pour ce genre d’infraction discriminaient de manière disproportionnée certaines populations, en particulier les Afro-Américains, qui se retrouvaient trop souvent en prison alors qu’ils étaient des délinquants non violents.

  • Et le cannabis continue de pousser

Il n’y a pas que les drogues dures qui ont reçu un soutien populaire lors des référendums. Dans le New Jersey, l’Arizona, le Dakota du Sud et le Montana, les habitants ont dit oui à la légalisation du cannabis, faisant passer à 15 le nombre d’États dans cette situation.

Au même moment, le Mississippi a pris la décision de dépénaliser l’usage de marijuana, et d’en autoriser l’usage thérapeutique. Plus de 30 États en font au total de même dans le pays.

  • Chasse, pêche et traditions

Retour dans l’Utah, un État qui a voté en faveur de Donald Trump à la présidentielle et où les électeurs ont inscrit à une très large majorité dans la constitution le droit de chasser et de pêcher. Comme dans 21 autres États auparavant.

L’objectif de la mesure est de faire de ces pratiques le moyen de contrôle privilégié de la faune dans l’État (au lieu d’abattages massifs d’espèces invasives par exemple).

Ce droit ne primera d’ailleurs pas sur les législations spécifiques de protection des espèces, ni sur les lois qui empêchent par exemple les braconniers d’obtenir une licence pour chasser.

  • Des États divisés sur l’avortement

On le sait, avec une Cour suprême extrêmement conservatrice (et ce pour des années), la question de l’avortement devrait resurgir dans l’actualité, quel que soit le président qui sera finalement élu aux États-Unis. Et par anticipation, les votants - à majorité conservateurs - de Louisiane ont inscrit grâce à un référendum une disposition à cet égard dans leur constitution locale.

Il est dit en substance dans ce texte fondamental de l’État qu’il n’existe pas de droit à l’avortement. «Rien dans la constitution ne doit être fait de manière à garantir ou à protéger un droit à l’avortement, ni à exiger le financement de telles pratiques», est-il désormais écrit.

À l’inverse, les votants démocrates du Colorado ont refusé de fixer une limite temporelle à l’avortement à 22 semaines, alors qu’il n’existe dans les lois locales aucune borne pour pratiquer un IVG. De telles dispositions permettent notamment d’avorter lorsque la santé de la mère est en danger, ou lorsque la grossesse est consécutive à un viol ou un inceste.

  • L’écriture inclusive prend racine

Nouveau retour dans l’Utah, où la constitution sera désormais neutre en ce qui concerne le genre. Toujours via le référendum de ce 3 novembre, les électeurs ont acté le principe d’une constitution dans laquelle les «il» et «lui» seront remplacés par des formules neutres telles que «la personne».

De même, la mention «femme» disparaît pour être remplacé par «spouse» (qui veut époux ou épouse), qui est également neutre en anglais.

  • VTC

Plus prosaïque, la dernière mesure approuvée de cette liste doit beaucoup aux efforts financiers de deux géants mondiaux: Uber et Lyft. À la suite d’une campagne de publicité gigantesque et extrêmement coûteuse (200 millions de dollars), les Californiens ont effectivement tranché: les chauffeurs VTC qui travaillent pour ces entreprises ne sont pas des salariés, mais des prestataires indépendants.

Une décision qui prive ces conducteurs d’avoir accès aux salaires minimaux et d’être soumis à une limite maximale du nombre d’heures travaillées par jour.

Ce texte a été publié originalement sur le HuffPost France.

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