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Partielles au Québec: quatre 30 sous pour une piasse

Ces rendez-vous sont des opportunités pour les électeurs d'envoyer un message au gouvernement. Est-ce qu'ils renforceront les appuis au gouvernement, ou se tourneront-ils vers les partis d'opposition?
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De prime abord, je dois m'en confesser, en bon accro de la politique, une partielle est comme un hors-d'œuvre dans l'attente le grand souper d'octobre 2018. Je sais, la grande messe électorale québécoise n'est que dans 3 ans. Je sais, nous venons tout juste de vivre plus de 75 jours d'élections au Canada. Mais que voulez-vous, on s'accroche à tout ce qui ressemble de près ou de loin à une élection. Et je ne suis surtout pas de ceux qui crient à la dépense inutile lorsqu'une élection complémentaire est annoncée à la suite d'un départ de député. Dans plus de la moitié des pays sur la planète, les habitants n'ont pas de droit démocratique ou ont un semblant de droit, donc c'est un privilège que nous avons et il ne faut surtout pas cracher dessus. La démocratie n'a pas de prix! Il est certain que le départ de plusieurs députés parce qu'ils n'étaient pas nommés ministres ou parce qu'il n'avait plus voix au chapitre auprès de leur chef restent questionnables, mais les règles du jeu sont ainsi faites. Reste maintenant à les changer.

Donc, dans une semaine, les électeurs de quatre circonscriptions au Québec seront appelés aux urnes afin d'élire un député qui les représentera pour les trois prochaines années. Ces rendez-vous sont des opportunités pour les électeurs d'envoyer un message au gouvernement. Est-ce que les électeurs renforceront les appuis à l'endroit du gouvernement, ou se tourneront-ils vers les partis d'opposition?

On a beau tenir les logiciels de prédiction de vote afin de prévoir les résultats d'une élection complémentaire, cela reste toujours un exercice périlleux. L'élection partielle revêt toujours un caractère différent comparativement à une élection générale.

Les partielles n'ont bien sûr pas la même visibilité que la générale, les chefs des différents partis n'étant pas quotidiennement sous les feux des projecteurs. Souvent une très grande partie des électeurs n'est pas au courant qu'une élection se tient pour combler un siège chez eux! On ne peut donc pas tenir exclusivement en compte les intentions de vote nationales pour prédire le résultat localement.

Ainsi, les élections partielles sont beaucoup moins populaires. Depuis six ans, seulement deux élections complémentaires ont dépassé le plateau des 50% de taux de participation. Sur les 12 élections partielles de cette même période, cinq ont attiré moins d'un électeur sur trois... Ce phénomène est très accentué dans les circonscriptions comptant un grand contingent de Néoquébécois qui participent moins lors des élections à mi-mandat. Il est donc difficile de prédire quels sont les électeurs et dans quelle proportion ils se déplaceront pas au bureau de scrutin.

Finalement, ce type d'élection se joue presque toujours entre les deux adversaires les plus populaires. Il est très rare de voir des courses à trois. Les récents exemples nous montre que si son parti favori n'a pas une chance raisonnable de gagner, l'électeur reste simplement chez lui. Il faut déterminer qui sont les deux partis protagonistes qui se livreront une lutte, et où le vote restant se dirigera si c'est le cas.

Je me permets donc de tenter ma chance à prédire le résultat des partielles du 9 novembre. Vous pourrez me lancer des roches au lendemain, ce qui a de forte chance d'arriver... Donc nous prendrons les chiffres des 3 derniers sondages offerts par les maisons de sondage CROP et Léger. Premier bémol, ceux-ci datent de juin et août derniers. Les firmes étaient concentrées uniquement sur les élections fédérales.

Beauce-Sud

Cette circonscription à forte tendance libérale a déjà été adéquiste lors de l'apogée de Mario Dumont. L'ADQ et, ensuite, la CAQ, ont toujours eu de bons résultats dans ce compté bordant la frontière américaine. Le résultat et la soirée risques d'être très serrés, d'autant plus que c'est un député très aimé qui quitte.

Verdict après redistribution : Le libéral Paul Busque devrait l'emporter par 5% (+/- 1 000 voix d'écart) sur le caquiste Tom Redmond.

À surveiller : l'absence de Robert Dutil sur le bulletin de vote.

Fabre

Excepté Chomedey, les comtés de l'île de Laval avaient la réputation de voter avec le pouvoir. C'était avant l'élection de 2012, alors que seulement deux circonscriptions ont opté pour le Parti québécois, tout comme une majorité de Québécois. Depuis, le baromètre Laval est moins précis et Fabre fait partie des comtés qui ne sont plus totalement fidèle au pouvoir.

En plus, contrairement à ce qui a été mentionné plus haut, nous devrions assister à une rare course à trois pendant cette partielle. Entre les trois principaux partis, moins de dix points les sépare.

Verdict après redistribution : Monique Sauvé du PLQ devrait l'emporter par 6 points (+/- 1 200 votes d'avance) sur le PQ et 9 sur la CAQ.

À surveiller : les machines des souverainistes et de la CAQ, qui auront à faire sortir le vote afin de rendre la soirée serrée dans Fabre, eux qui semblent déjà avoir lancé la serviette.

René-Lévesque

À deux exceptions près, depuis la création du PQ, les électeurs ont toujours appuyé le parti souverainiste et sans équivoque. D'ailleurs, lors de l'élection fédérale, les électeurs de la Côte-Nord font partie des rares qui ont appuyé le Bloc québécois.

Verdict après redistribution : Martin Ouellet deviendra sans trop de difficulté le prochain député, par plus de 5 000 voix.

À surveiller : Avec un résultat aussi évident, certains électeurs péquistes risques de ne pas se déplacer, ce qui pourrait diminuer l'avance du futur député souverainiste.

Saint-Henri-Sainte-Anne

Avec Crémazie et Verdun, cette circonscription représente l'un des rares territoires où le Parti québécois pourrait espérer faire un gain sur les libéraux. Très social et communautaire, SHSA est une circonscription qui pourrait se tourner vers le PQ, mais il ne faut pas non plus négliger que cet électorat est de plus en plus attiré par Québec solidaire.

Verdict après redistribution : Dominique Anglade permettra au Parti libéral de conserver la circonscription par 9 points sur le PQ (+/- 2200 votes d'écart).

À surveiller : la candidature de Dominique Anglade, chez les libéraux, qui se voit déjà ministre et qui pourrait même hériter du poste de vice-première ministre que Lise Thériault vient de perdre.

Au final, il ne devrait pas y avoir ni de gagnant ni de perdant, les partis restant chacun sur leurs positions respectives. Mais une dernière donnée non négligeable pourrait influencer le vote du 9 novembre: l'élection fédérale. Aura-t-elle, une influence sur ces partielles? Le PLQ pourrait profiter indirectement de la vague Trudeau et le PQ souffrir de la dégringolade du Bloc.

P.-S. Par soucis de transparence, je suis membre d'un exécutif local au sein du Parti québécois.

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