Depuis bientôt 5 ans, je suis en formation. Une formation assez peu reconnue au Quebec mais qui, selon moi, mérite l'attention. Ma formation est davantage axée sur la pratique mais comporte également un bon volet théorique. Cette formation me permet également la réalisation de projets et de recherche.
Depuis 5 ans, je suis mère en formation.
Le mot formation est très important. On ne gradue pratiquement jamais de cette formation. Il paraît qu'une fois au ciel, les mères reçoivent un genre de diplôme, mais ce n'est qu'une supposition puisque jamais personne ne l'a vraiment vu.
On se forme pendant des dizaines d'années. On apprend, on fait des erreurs, on recommence, on étudie, on fait des recherches... et au final, on fait de notre mieux avec les compétences qu'on a. Même une fois notre progéniture devenue adulte, on reste en formation. Une seconde formation est disponible, la formation supérieure offerte aux mamans: grand-maman niveau 1, 2 et 3. Le niveau de formation dépendra du temps que vous aurez à passer avec les petits de vos enfants.
La grande université pour devenir maman est également ouverte aux hommes. On devrait donc l'appeler l'université de la parentalité.
Je ne veux pas choquer personne, mais les pères ne suivent pas les mêmes cours et ne développent pas les mêmes compétences que les mères. Dans la pratique, toutes les mères en formation seront d'accord, les pères éprouvent parfois quelques petites difficultés avec les cours de base que les mères réussissent haut la main: «Changement de couche d'une seule main» et «Biberon en 6 minutes d'une seule main niveau débutant à expert». Toutefois les mères échouent souvent les cours pratiques tel que «Autonomie chez l'enfant niveau 2, 3, 4 et 5» et «Se calmer avec les tâches ménagères niveau 1, 2, 3, 4, 5, 6».
Je ne suis pas encore arrivé au cycle de mon stage «Pré-ado» et «Adolescence». Quoique j'ai déjà débuté la théorie, je suis encore loin de la pratique. Il semblerait que ce soit la session la plus difficile de la formation. Les autres étudiantes que je connais et qui sont à ce cycle me disent qu'elles doivent vraiment étudier et mettre les bouchées doubles pendant les stages.
Le plus difficile de toute cette étude est de devoir combiner l'apprentissage et l'acquis. Je vous donne un exemple: vous êtes en premier cycle d'apprentissage et de formation avec un 6 ans, et vous devez mettre en pratique tout ce que vous avez acquis avec un autre qui a 2 ans. Malheureusement, cette université de parentalité est parfois bien mal faite. Ce que vous avez acquis avec votre premier de 2 ans ne va pas nécessairement fonctionner avec votre deuxième. Le cycle est parfois à refaire au complet.
Vous serez donc en apprentissages avec vos deux enfants. Imaginez quand vous en avez trois ou quatre, la formation devient un vrai travail à plein temps, sans vraie possibilité de retraite puisque lorsque vous terminerez le cycle «Jeune adulte» avec le plus jeune, vous débuterez «Grand-maman niveau 1» avec le plus vieux. Pensez-y bien avant de vous inscrire!
Bien important, cette formation ne peut s'annuler. Impossible de cesser les cours après 6 mois ou 10 ans. Dès le premier cycle «Maternité, cornichons et crème glacée» entamé, il est impossible de reculer, vous êtes inscrit pour la vie.
Ensuite, des cours complémentaires obligatoires peuvent venir se rajouter à la formation de base. Attention, ces cours ne sont pas facultatifs, ils sont obligatoires. Souvent on les suit à contre-cœur et avec difficulté. Les cours «Maladie infantiles et incurables», «Handicaps graves», «Problèmes de drogues à l'adolescence», «Problèmes de santé mentale chez mon enfant» sont des cycles de formation extrêmement difficiles. Tous les étudiants souhaitent ne jamais avoir à suivre ces cours. Lorsqu'ils y sont obligés, ils font leur possible et, souvent, réussissent mieux qu'ils ne le croient.
L'université de la parentalité n'offre aucun relevé de notes et seuls les étudiants peuvent se juger. En aucun temps un étudiant en devenir n'a le droit de juger un étudiant. Cela semble impossible, mais il faut avoir débuté la formation pour comprendre ce que signifie étudier à l'université de la parentalité.
Les admissions sont ouvertes à tous, mais il est fortement conseillé d'avoir bien réfléchi à son inscription et de s'inscrire en couple. Il est toutefois possible de s'y inscrire seul, mais il faut savoir que vous devrez travailler plus fort, car plusieurs travaux sont à faire en équipe. Vos parents et votre famille peuvent également s'impliquer lors de votre formation. Attention, ils ne doivent pas faire le travail à votre place mais vous supporter.
La liste des choix de choix de cours peut être consulté via vos parents. Ils vous donneront toutes les informations pertinentes afin que vous ayez en main tout le nécessaire pour faire un choix éclairé. J'ai également dressé une petite liste de cours pour vous donner une idée:
Cycle 1 maman
« Maternité, cornichons et crème glacée »
« Fin de grossesse et grosse misère »
« Préparation pour survivre à l'accouchement sans y laisser sa peau »
« Garder en vie un nouveau-né »
Cycle 1 papa
« Gestion de crise de la femme enceinte niveau 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 »
« Rester éveillé lors du travail et de l'accouchement »
« Assistant-maman : garder en vie un nouveau-né »
Cycle 2 maman
« Changement de couche d'une main, débutant à expert »
« Survivre aux nuits inexistantes »
« Survivre aux nuits de deux heures »
« Biberon en parlant au téléphone »
« Biberon en mettant à jour son statut Facebook »
Cycle 2 papa
« Assister maman, niveau débutant à expert »
« Survivre aux nuits de sept heures et demi »
« Biberon avec l'aide de maman »
« Biberon en écoutant le hockey et le foot, niveau débutant à expert »
« Changement de couches en se salissant le moins possible »
Je ne vous dresserai pas la liste de tous les cycles, mais vous voyez le topo.
La formation parentalité devrait être davantage reconnue puisqu'elle ne substitue pas à un «vrai» travail et doit souvent être suivie en même temps qu'un travail à temps plein. Seuls le cycle 1 et une partie du cycle 2 peuvent être exempts de travail à l'extérieur de la maison. Pendant ce temps, le gouvernement reconnaît que vous étudiez pour une bonne cause et accepte de vous verser une maigre bourse d'étude.
En terminant, sachez qu'en tant qu'étudiante, je peux vous dire que cette formation est la plus valorisante qui soit. Elle me permet de m'épanouir plus que n'importe quelle autre formation. Elle demande beaucoup de travail, mais elle apporte plus qu'elle demande. Croyez moi, on ne regrette jamais de s'y être inscrit. Au contraire, on peut regretter de ne jamais y avoir mis les pieds.
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