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Ruptures de service en obstétrique: «Ça ne passe pas», dit Émilise Lessard-Therrien

La députée solidaire trouve intolérables les ruptures de services en obstétrique qui continuent de se produire dans sa région.
Emilise Lessard-Therrien
Facebook/Emilise Lessard-Therrien
Emilise Lessard-Therrien

La députée solidaire Émilise Lessard-Therrien a raconté mardi son propre accouchement pour illustrer le danger des ruptures de service en obstétrique qui continuent de sévir en Abitibi-Témiscamingue et ailleurs au Québec.

La maman de Flora a confié dans une publication sur Facebook à quel point son deuxième accouchement, qui s’est déroulé le 28 juin dernier, avait été fulgurant.

«Il s’est écoulé 1h32 entre les premiers signes et la naissance», explique la jeune femme, qui a accouché à l’hôpital de Ville-Marie.

Or, si ce scénario se déroulait aujourd’hui, sa fille Flora serait peut-être «venue au monde dans l’auto ou dans une ambulance», précise Mme Lessard-Therrien. C’est que depuis la nuit dernière, les services d’obstétriques de l’hôpital de Ville-Marie sont en rupture par manque de personnel. Une situation qui devrait perdurer jusqu’au 16 octobre, selon le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue.

«Les femmes du Témiscamingue auront le choix entre accoucher à New Liskeard, en Ontario, et se rendre à Rouyn-Noranda. 1h30 de route pour les femmes du secteur centre, facilement deux heures, voire 2h30 pour celles du secteur Est», détaille la députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue dans sa publication.

En entrevue à Radio-Canada, la PDG du CISSS, Caroline Roy, a précisé que la rupture de service toucherait six femmes qui sont présentement enceintes d’au moins 36 semaines et qui sont suivies à l’hôpital de Ville-Marie.

Ce n’est pas la première fois que des futures mamans de l’Abitibi-Témiscamingue sont confrontées à des ruptures de services. En décembre 2018, le service d’obstétrique de l’hôpital de La Sarre a été fermé pendant plus d’une semaine. Le même hiver, une deuxième rupture de service avait duré deux mois.

En 2017, une pénurie d’infirmières à l’hôpital de Ville-Marie avait été utilisée pour expliquer qu’une femme ait dû accoucher dehors, devant les portes barrées de l’urgence.

Le problème n’est toutefois pas unique à la région. En Outaouais, par exemple, le service d’obstétrique de l’Hôpital du Pontiac, à Shawville, est fermé depuis plus de six mois. Des ruptures de services répétées ont eu lieu au cours des mois qui ont précédé la fermeture, qu’on promet temporaire.

Un rapport «tabletté»?

La députée Lessard-Therrien déplore qu’un rapport déposé au sous-ministre de la Santé et des Services sociaux Yvan Gendron en juin 2019 soit resté lettre morte.

Portant sur l’accessibilité aux services d’obstétrique et de natalité sur le territoire du CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue, le rapport soulignait l’importance de s’attaquer aux problèmes de recrutement et de rétention de la main d’oeuvre dans les «régions éloignées».

«À défaut de poser un regard lucide sur la réalité des régions, au mieux parviendra-t-on à maintenir dans la précarité des services essentiels comme ceux qui nous préoccupent aujourd’hui, au pire, on assistera inévitablement à des ruptures chroniques de ceux-ci, voire leur fermeture progressive et définitive», y écrivait Sylvain Gagnon, consultant en gestion et développement organisationnel.

Pour mettre fin au problème structurel, Québec solidaire propose également d’interdire le recours aux agences de placement «qui cannibalisent et désorganisent complètement le réseau de la santé».

«Les agences de placement sont des aberrations: leur modèle d’affaire repose sur l’exploitation des travailleurs les plus vulnérables. Le recours aux agences de placement coûte plus cher à notre réseau de santé que d’embaucher du personnel directement», écrit l’attachée de presse du caucus de QS, Sandrine Bourque, dans un courriel au HuffPost Québec.

Le parti souhaiterait voir ces agences abolies et leur personnel intégré au réseau public. Il souligne également l’importance d’offrir davantage de prévisibilité aux travailleurs en leur offrant des postes à temps plein, en abolissant le temps supplémentaire obligatoire et en limitant les changements de spécialité fréquents.

Questionné par le HuffPost Québec sur les mesures préconisées par le gouvernement pour mettre fin aux ruptures de services d’obstétriques en régions, le cabinet du ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux Lionel Carmant n’avait pas fourni de réponse mardi après-midi.

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