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Emily Ratajkowski accuse Jonathan Leder de l'avoir agressée sexuellement

Désormais actrice, l'ancienne mannequin revient, dans un essai percutant, sur une agression sexuelle dont elle aurait été victime en 2012.
Emily Ratajkowski, ici en 2020 à la soirée organisée par "Vanity Fair" après les Oscars, accuse le photographe Jonathan Leder d'agression sexuelle en 2012.
Danny Moloshok / reuters
Emily Ratajkowski, ici en 2020 à la soirée organisée par "Vanity Fair" après les Oscars, accuse le photographe Jonathan Leder d'agression sexuelle en 2012.

Dans un long et percutant essai, publié mardi 15 septembre par le site The Cut, - où elle revient sur la manière dont elle s’est vue déposséder de son image au cours de sa carrière -, l’actrice et mannequin Emily Ratajkowski affirme avoir été agressée sexuellement par le photographe Jonathan Leder.

Les faits se seraient déroulés en 2012, à l’occasion d’une séance photo non rémunérée, organisée chez lui et nécessitant de dormir sur place. La jeune femme, alors âgée de 22 ans à l’époque, écrit avoir découvert au dernier moment qu’elle allait devoir poser en lingerie. Au départ, ça ne l’inquiète pas. Elle dit l’avoir déjà fait “d’indénombrables fois”.

Bien décidée à paraître mature et sûre d’elle, elle accepte un premier verre de vin, puis un second. Jonathan Leder commence la séance. Les premiers résultats l’ennuient. Il fait signe à la maquilleuse d’ouvrir une nouvelle bouteille, de remplir les verres et de recoiffer Emrata. “Essayons nue à présent”, lui aurait-il lancé.

″À la seconde où j’ai laissé tomber mes vêtements, une partie de moi s’est dissociée, écrit-elle. J’ai commencé à me sentir flotter hors de moi, m’imaginant en train de remonter sur le lit. J’ai courbé le dos, pincé mes lèvres. Je me suis fixée l’idée de regarder à travers l’objectif de son appareil photo. Le flash était si éblouissant et j’avais bu tellement de vin que des taches noires géantes s’étendaient devant mes yeux.”

“J’étais livide et frénétique”

Une fois la séance terminée, la maquilleuse serait partie se coucher. Puis, trou noir. Emily Ratajkowski affirme se souvenir être blottie sur le canapé à côté de Jonathan Leder sous une couverture. C’est à ce moment qu’il aurait commencé à lui poser des questions sur son copain, puis à la complimenter sur “ce petit truc qu’elle a fait avec ses pieds”.

“Ce qui a suivi est flou, pas ce que je ressens, écrit-elle. Je ne me souviens pas l’avoir embrassé. Ce dont je me souviens, c’est que ses doigts sont soudainement entrés en moi. De plus en plus fort, poussant et poussant, comme si personne ne m’avait touchée avant ou ne m’a touchée depuis.”

Elle poursuit: ”Ça me faisait vraiment, vraiment mal. Instinctivement, j’ai mis ma main sur son poignet et j’ai retiré ses doigts de moi avec force. Je n’ai pas dit un mot. Il s’est alors levé brusquement et s’est précipité en silence dans l’obscurité pour monter les escaliers.” Au réveil, pas un mot.

Quatre ans plus tard, le photographe publie EMILY RATAJKOWSKI, un livre de plusieurs dizaines de pages regroupant 71 clichés pris lors de cette soirée. Prix de vente: 80 dollars. Sans le consentement de la mannequin, la maison d’édition Imperial Publishing décide de présenter quelques-unes des photos le temps d’une exposition.

“Certaines de ces images ont été publiées sur l’Instagram de Jonathan, elles figuraient parmi les polaroïds les plus dénudés et les plus vulgaires qu’il avait prises de moi. J’étais livide et frénétique”, écrit cette dernière, alors à l’affiche du film “Gone Girl” de David Finscher. Elle tente d’annuler la sortie du livre, mais en vain. Son agent de l’époque avait signé le contrat à sa place.

“Je resterai la vraie Emily”

Interrogé par The Cut, Jonathan Leder affirme que ces allégations sont, d’après lui, “trop grossières et enfantines pour [qu’il] réponde”.

Sous couvert de “slut-shaming”, une pratique visant à rabaisser ou culpabiliser une femme pour son comportement sexuel, il ajoute: “Vous savez de qui on est en train de parler, n’est-ce pas? C’est de la fille qui a posé nue dans le magazine Treats! et qui a rebondi à poil dans le clip de Robin Thicke à l’époque. Vous pensez vraiment que c’est une victime?”

Depuis, les années ont passé. Il a publié un deuxième livre de ce shooting, puis un troisième. Une autre exposition s’est tenue dans la même galerie. Elle pourrait le pousser à arrêter tout ça, à se lancer dans une bataille juridique, écrit aussi Emily Ratajkowski. Non, elle n’est pas convaincue de vouloir dépenser autant d’énergie et d’argent là-dedans.

Elle conclut: “Jonathan va bien finir par manquer de polaroids croustillants, alors que moi, je resterai la vraie Emily, [...] celle qui a écrit cet essai. Elle va continuer à se faire une place là où elle le peut.”

Ce texte a été publié originalement sur le HuffPost France.

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