Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Un enfant de 8 ans, fille chez maman et garçon chez papa

Un enfant de la région de Québec doit vivre dans la peau d'une fille chez maman et se «transformer» en garçon chez papa.

Éric* est né dans le corps d'un garçon. Son père, Pierre* assure que son garçon «jouait avec des camions jusqu'à l'âge de 6 ans». Sa mère, Caroline*, répond plutôt que l'enfant «s'habillait en fille dès l'âge de 3 ans».

Pierre souligne que c'est à la suite de la rupture amoureuse, alors que l'enfant était âgé de 5 ans, que la mère a changé son prénom pour Marguerite* et lui a acheté «des jupes, du maquillage et des bottes à talons hauts».

Des allégations rejetées par la mère. «J'ai eu un méga deuil à faire quand mon enfant m'a dit qu'il était une fille prise dans son corps comme dans une petite prison», livre la mère, la gorge nouée par l'émotion.

Elle mentionne que «ça n'a pas été facile aussi pour mes deux autres enfants, une fille majeure et un garçon adolescent.»

«Tous les deux perdaient leur frère et devaient maintenant jouer avec une fille.»

*Afin de ne pas identifier l'enfant d'âge mineur, les prénoms sont fictifs.

Le père refuse d'embarquer dans les «folies de la mère».

«J'ai des centaines de photos de mon enfant, de sa naissance jusqu'à l'âge de 5 ans, et pas une seule fois, il porte des vêtements de fille. C'est juste pour se venger de moi qu'elle a transformé notre enfant», lance avec rage le père de famille.

Courtoisie

Pierre ajoute que ce n'est pas la première histoire de «changement de sexe» dans la famille de Caroline.

«À l'âge de 50 ans environ, mon ancien beau-père - c'est-à-dire le père de mon ex- conjointe et le grand-père de mon garçon - a décidé qu'il était une femme et qu'il s'habillerait en femme. Et un matin, j'ai dit à mon ex-copine: "là c'est assez, ton père doit quitter la maison", car j'avais accepté de l'héberger.»

C'est que Pierre venait d'assister à un «film d'horreur». «Mon beau-père était couché sur le divan en string, avec des bas pour porte-jarretelles, de grandes bottes de danseuse, du rouge à lèvres et une perruque blonde», se souvient-il qualifiant la scène de «dégoutante».

«Voilà pourquoi je parle de vengeance. Elle savait que ça me choquait de voir son père en femme. En changeant mon garçon en fille, elle sait que ça me fait chier.»

La mère assure de nouveau qu'elle pense à l'enfant en premier. «Comme mère, ce que l'on veut, c'est le bien de notre enfant. Quoi de plus réconfortant que d'entendre sa fille te dire: "Maman merci de m'aimer comme je suis"?»

Le père rétorque que son garçon n'a jamais exprimé son désir de devenir une fille lorsqu'ils demeuraient tous sous le même toit. «Quand sa mère et moi étions un couple, il n'a jamais dit qu'il n'était pas bien dans son corps. Cette idée folle est survenue après avoir subi un lavage de cerveau de sa mère.»

Un «petit prince» ou une «petite princesse»

La mère a tenté d'obtenir de l'aide financière en ouvrant un compte sur le site de sociofinancement GoFundMe portant le titre «Faites d'un petit prince, une petite princesse». Un juge a forcé la fermeture de la page, selon le père.

«Elle peut-tu vivre comme elle veut cette fille-là?!» s'impatiente la mère.

«Pour l'instant, il n'est pas question de transformation complète. Elle décidera elle-même lorsqu'elle sera plus grande si elle veut changer de sexe», explique la mère en précisant que «la petite se tient avec des garçons à l'école» et qu'elle y bénéficie de l'encadrement d'une infirmière formée pour travailler auprès des personnes transgenres.

Alors que les deux parents étaient en couple,«jamais elle m'a mentionné qu'elle voulait "remplacer" notre fils pour en faire une fille», martèle à plusieurs reprises Pierre.

«La seule chose qu'elle souhaitait lorsqu'elle était enceinte, comme la majorité des parents, c'était un bébé en santé», précise le père de famille.

Un été de changement

Pierre n'oubliera jamais le choc de la première fois. «Après avoir obtenu du Tribunal un droit de visite une fin de semaine sur trois, j'ai été foudroyé en allant chercher mon fils. En l'espace d'un été, mon garçon était devenu une fille. Je me souviendrai toujours qu'elle portait de grandes bottes à aiguilles, une jupe, un bandeau avec une fleur sur la tête et du rouge à lèvres», se remémore-t-il avant de marquer une longue pause.

«J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps.»Pierre*

Un changement aussi draconien ne passe pas inaperçu à l'école non plus. «Il était un garçon avant de quitter sa classe en juin et il est devenu une fille au retour des classes en septembre. La direction de l'école a même refusé qu'il se présente en classe lors de la première journée du retour des vacances. Il n'a pu reprendre ses cours que quatre mois plus tard. Pas surprenant qu'il ait doublé», estime le père.

Ce que Pierre ne comprend pas et refuse d'accepter, c'est que «l'école fonctionne maintenant comme si c'était une fille».

«Sur ses examens, c'est son nom de fille qui est écrit. C'est la même chose sur les papiers de justice de même qu'à la pharmacie avec une prescription au nom de Marguerite avec entre parenthèses le nom d'Éric. Épouvantable!», s'exclame le papa trentenaire

Comme un garçon

Ne voulant surtout pas déplaire à son fils, le père a, en quelque sorte, remédié à la situation. «Quand il est chez moi, je le prénomme ti-loup étant incapable de prononcer le prénom Marguerite. Il ne veut pas que je le prénomme Éric car sa mère a poursuivi son lavage de cerveau en disant que tous les hommes sont des crosseurs».

«J'ai peur que mon enfant se retourne contre moi et ne veuille plus me voir si je l'oblige à être un garçon en visite chez moi. Je le laisse choisir et par lui-même, il porte souvent des manteaux de gars, conduit son VTT et se comporte comme un garçon. Pas de manucure ou pédicure chez moi.»

Quant à l'enfant lui-même, son père est renversé de voir que son fils lui parle de se «faire enlever le pénis pour le remplacer par un vagin».

«C'est la mère qui lui a mis ça dans la tête. Ce n'est pas normal qu'un enfant de 8 ans soit informé des moindres détails d'une opération de la sorte. Mon ex-conjointe ne voit pas les terribles conséquences possibles pour notre enfant en le forçant à participer indirectement à une chicane d'adultes», déplore Pierre.

Persuadé que Marguerite est en réalité Éric, son père demande que l'enfant soit prise en charge par le Centre hospitalier de l'Université Laval à Québec (CHUL). «Il serait alors hospitalisé comme en psychiatrie avec des enseignants pour l'école sur place pendant trois semaines. L'hôpital a accepté, mais la mère refuse», affirme-t-il.

Ce programme du CHUL consiste notamment à réaliser une batterie de tests et à longuement interroger l'enfant par des spécialistes afin de s'assurer de son identité sexuelle.

À voir également:

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.