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Les paradis fiscaux, «une maladie» qu'il faut enrayer disent Joseph Stiglitz et Mark Pieth

Les paradis fiscaux, «une maladie» qu'il faut enrayer

Les paradis fiscaux sont une « dangereuse maladie » qu'il faut éradiquer, disent le Prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz et l'expert anticorruption Mark Pieth, dans un nouveau rapport publié dans la foulée du scandale international des Panama Papers.

Un texte de Gaétan Pouliot

La divulgation aux médias de plus de 11,5 millions de documents du cabinet panaméen Mossack Fonseca, en avril dernier, a montré ce que plusieurs suspectaient depuis longtemps.

« Les paradis fiscaux ont joué un rôle important pour faciliter l'évitement et l'évasion fiscale, la corruption, le narcotrafic et d'autres activités socialement répugnantes », écrivent MM. Stiglitz et Pieth dans Overcoming the Shadow Economy (Vaincre l'économie souterraine).

Pour cette raison, il faut simplement les faire disparaître, croient les universitaires.

Leur rapport de 25 pages, obtenu par Radio-Canada grâce au Consortium international des journalistes d'enquête, est une charge à fond de train contre ce « problème mondial ».

«Les paradis fiscaux n'ont aucun effet positif sur la mondialisation. Comme les mouvements terroristes, ils sont sans frontières et font partie du côté obscur de la mondialisation.» ― Joseph Stiglitz et Mark Pieth

Les pays et les juridictions qui servent de paradis fiscaux devraient être coupés du reste de l'économie mondiale, tranchent-ils.

« Nous savons quoi faire avec les dangereuses maladies contagieuses : la quarantaine. C'est la même chose avec les paradis fiscaux. On doit les couper du système financier et économique mondial », dit le rapport.

Concrètement, les États devraient déclarer illégal pour leurs citoyens et leurs entreprises d'avoir un compte dans un paradis fiscal, ainsi qu'être actionnaire ou administrateur d'une société basée à ces endroits. Les banques, elles, ne devraient pas pouvoir faire affaire avec des institutions financières de ces pays. Et la punition pour la violation de ces lois devrait être sévère.

Les gouvernements ont les moyens de sévir, ajoute le document, tout en accusant les grandes puissances. « Les paradis fiscaux existent seulement parce que les États-Unis et l'Europe ont décidé de détourner le regard, influencé par leur élite économique. »

L'Américain Joseph Stiglitz et le Suisse Mark Pieth savent de quoi ils parlent. En août dernier, ils ont claqué la porte du comité de sept personnes mis en place par le Panama pour faire la lumière sur son système financier à la suite du scandale déclenché par l'affaire Mossack Fonseca.

Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie

Si le Panama voulait enquêter, il a toutefois refusé de garantir que le rapport du comité serait rendu public.

« Nous croyions qu'un rapport sur la transparence qui ne serait pas lui-même transparent ne serait tout simplement pas crédible », disent aujourd'hui les deux hommes. Ils ont alors décidé de poursuivre leurs travaux de leur côté.

Protéger les lanceurs d'alertes

Une autre de leurs recommandations est de protéger les lanceurs d'alerte.

« Tous les pays devraient protéger les lanceurs d'alerte parmi les employés des secteurs publics et privés réglementés », indique le rapport, soulignant que ces derniers sont plutôt poursuivis en justice présentement.

L'avenir de la mondialisation serait ni plus ni moins en jeu.

« Si nous ne pouvons pas montrer à nos citoyens que la mondialisation peut être contrôlée au profit de la majorité, nous en subirons les contrecoups », mettent en garde MM. Stiglitz et Pieth.

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