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Comment savoir si notre relation avec l’exercice est toxique

Les habitudes d'entraînement malsaines sont plus courantes que vous ne le pensez.
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Mettez ensemble l’idéalisation d’un certain type de physique - souvent inatteignable - et une culture du fitness adulée par la majorité et on obtient souvent des comportements obsessifs. En matière d’alimentation, oui, mais également en termes d’activité physique. Voici les questions à se poser pour savoir si votre relation avec l’entraînement est toxique.

Est-ce je considère que c’est la seule façon de contrôler mon corps?

L’exercice est essentiel au maintien d’une bonne santé physique, mais ce n’est pas la seule manière d’en prendre soin. «On peut bien le nourrir, le savonner, le crémer, le respecter, apprécier ses différences. Quand on pense que de s’entraîner est la seule façon qu’il soit beau, il y a un problème», pointe Dre Annie Aimé, psychologue spécialisée en image corporelle et professeure à l’Université du Québec en Outaouais.

«Je suggère aux gens de bouger pour le plaisir, pas pour modifier leur apparence. Autrement, la personne risque de perdre sa motivation sur le long terme et d’être déçue du résultat», affirme la professeure Aurélie Baillot, spécialisée dans la pratique d’activité physique saine.

Autrement dit, n’appliquez pas la logique de la populaire expression anglophone «no pain, no gain», qui signifie «sans souffrance, pas de bénéfices». La souffrance apporte rarement de grands bénéfices durables.

Suis-je flexible à propos de «quand» et «comment» je m’entraîne?

L’assiduité au gym n’a rien de mal, mais dès qu’il y a une certaine rigidité par rapport à la fréquence et l’intensité d’un entraînement, ça devient souvent toxique. C’est pire lorsqu’on se sent coupable.

«Si on angoisse ou ressent de la culpabilité parce qu’on a sauté une séance, ce n’est pas sain. Normalement, on devrait se dire : “ce n’est pas grave, je me reprendrai un autre jour“, dit Dre Aimé. Les recommandations de la Santé publique peuvent parfois nous faire sentir mal puisque les gens peu actifs n’y répondent pas, mais comptent-ils la marche qu’ils ont prise pour aller au bureau? C’est juste qu’il faut être bienveillant avec soi aussi.»

Quand vos entraînements deviennent une source de stress plutôt qu’une manière de vous en soulager, vous avez clairement une relation toxique avec eux.

Le psychologue américain Sand Chang conseille de se poser les (sous-)questions suivantes : «que se passerait-il si je ne faisais pas d’exercice pendant une semaine? Un mois? Quels sentiments surgissent en imaginant cela?» Passer une semaine ou deux sans exercice n’aura aucun impact négatif majeur sur votre santé. Si l’idée de le faire vous met mal à l’aise, il est probable que votre motivation à faire de l’exercice ne soit pas vraiment saine.

Est-ce que je considère que certains types d’activité physique ne sont pas de l’«exercice»?

Vous n’incluez pas la randonnée de vélo effectuée pour aller rejoindre un ami, votre séance de yoga matinale, ou encore la montée des marches dans le métro dans votre temps d’activité physique quotidien? Il n’y a pas que votre cours de spinning supra intense qui compte.

Si vous commencez à en faire trop, ça peut devenir malsain, ou culpabilisant, les jours où vous n’avez pas prévu d’activité physique à haute intensité au gym.

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Est-ce que je juge que je vais souffrir d’obésité si je ne m’entraîne pas?

«La croyance que l’exercice est la seule manière de perdre du poids est erronée, assure Dre Aimé. En fait, plusieurs études prouvent que ça a très peu de bénéfices en termes de perte de poids.»

Comme on a tous des métabolismes différents, l’embonpoint est un problème assez complexe avec lequel jongler. L’aide de professionnels certifiés est souvent nécessaire. Ne comptez pas que sur les séries de jumping-jacks et de burpees.

Est-ce que je le fais pour paraître musclé?

Depuis longtemps, une musculature imposante est associée à la virilité et au succès. La popularisation de la culture du fitness n’a fait que renforcer cette idée, rendant les muscles encore plus convoités.

L’objectif de l’entraînement ne devrait pas être que les muscles, mais bien tous les autres bienfaits physiques et psychologiques, comme la diminution du stress, l’amélioration du système immunitaire et du niveau d’énergie. Juste miser sur les biceps et pectoraux revient qu’à ne miser sur l’apparence, et ce n’est pas super sain.

«Il ne faut pas se forcer, mais trouver des motivations tierces. Celle du plaisir n’est pas immédiate, mais ça va venir avec le temps quand on va observer les bénéfices», croit Aurélie Baillot.

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Ce n’est jamais assez? Ou m’arrive-t-il de me blesser pendant les exercices?

«Que vous soyez un athlète ou une personne normale, si votre entraîneur vous suggère tant d’heures d’exercices par semaine, n’en faites pas plus. Si vous dépassez, il faut commencer à se poser des questions», dit la psychologue Annie Aimé.

Lorsque des blessures font suite à nos entraînements, c’est souvent signe de surmenage et donc de comportement compulsif par rapport à l’exercice.

Est-ce que je m’entraîne même si je suis fatigué?

Souffrir d’un rhume, de maux de tête ou de ventre, ou simplement de fatigue sont de bonnes raisons de sauter un entraînement. «Il faut écouter son corps. Si je ne suis pas capable de m’arrêter, il y a un problème. Il ne faut pas se forcer [dans ces situations-là, NDLR]», affirme Aurélie Baillot.

Les effets positifs de l’entraînement, même au point de vue de l’apparence, sont de toute façon moins au rendez-vous lorsqu’on manque de sommeil.

Suis-je irritable, dépressif ou ai-je mal à la tête quand je ne m’entraîne pas?

Ces symptômes sont des signes de manque associés à une dépendance à l’exercice. Si vous sautez une journée au gym et vous sentez instable, une consultation avec un psychologue est suggérée.

La culture du fitness toxique, c’est...

  • La croyance qu’être «fit» a un certain look;
  • La promotion du fitness dans le seul but de perdre du poids;
  • La croyance que vous n’avez pas travaillé assez fort si vous n’êtes pas mince;
  • Des entraîneurs personnels qui n’ont pas de formation en nutrition et qui donnent des conseils nutritionnels;
  • Des conseils diététiques non sollicités;
  • Des entraîneurs personnels qui ne comprennent pas quand vous dites que vous avez atteint votre limite et vous encourage à persévérer malgré la douleur;
  • La croyance que pour avoir un bon entraînement, il faut surmener son corps;
  • La croyance que votre corps doit rapetisser ou se tonifier quand vous commencer le fitness et si ça ne marche pas, vous faites probablement quelque chose de mal;
  • Penser que les régimes et l’exercice sont les seuls moyens de prendre soin de soi;
  • Fréquenter des espaces fitness ou gym qui ne sont pas clairement ouverts à la diversité corporelle.

Avec Christine Byrne

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