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Espèces menacées: le gouvernement enfonce le clou

Si le Québec n'est pas en mesure de certifier que son aménagement forestier est réellement durable et respectueux de l'environnement et si le plan de rétablissement du caribou reste sur une tablette, c'est tout le secteur forestier qui va en payer le prix.
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On ne me fouettera jamais pour avoir écrit ce texte. Raif Badawi, lui, a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans prison pour avoir blogué.

Des postes de biologistes supplémentaires seront supprimés au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), a dévoilé Le Devoir. Les experts concernés travaillent entre autres sur les espèces menacées - dont le caribou de la Gaspésie - et sur la biodiversité du territoire nordique. Ces coupures s'ajoutent aux 53 postes abolis au sein du même ministère, en août dernier, et ont toutes été dénoncées par l'Association des Biologistes du Québec et plusieurs groupes environnementaux.

Tout cela alors que les équipes de rétablissement qui travaillent sur le sort de 14 espèces vulnérables ou menacées au Québec sont suspendues jusqu'en avril prochain, sans promesse d'être remises sur pied.

Lorsque le secteur Faune est passé du ministère de l'Environnement au MFFP en novembre dernier, nous exprimions nos craintes que la Faune devienne l'enfant pauvre de ce nouveau ministère à vocation économique. Plus le temps passe, plus nos inquiétudes s'avèrent fondées.

De fausses économies

Ces coupures s'inscrivent bien sûr dans le contexte des mesures d'austérité du gouvernement québécois. Évidemment, la Faune n'est pas le seul secteur touché. Mais couper dans le rétablissement des espèces menacées nous fait-il réellement économiser de l'argent?

Le premier ministre Couillard, en visite à Amos pour annoncer la réouverture d'une usine (une excellente nouvelle en soi), déclarait à nouveau qu'il « ne sacrifierait pas un emploi pour le caribou forestier ». Et si c'était l'inverse qui se produisait? Des emplois risquent d'être perdus justement parce que l'on retarde encore la protection de cette espèce menacée.

Dans une autre région - le Saguenay-Lac-Saint-Jean - l'exemple est probant. La décision de l'entreprise Best Buy de s'approvisionner en produits possédant la certification FSC a mis fin à un contrat d'approvisionnement de l'usine Kénogami. C'est le tiers de sa production annuelle. L'usine s'est fait retirer sa certification FSC entre autres parce que son approvisionnement en bois menace l'habitat du caribou forestier. Pas de contrat, pas d'emplois.

Si le Québec n'est pas en mesure de certifier que son aménagement forestier est réellement durable et respectueux de l'environnement, si l'expertise scientifique pour le prouver est déficiente et si le plan de rétablissement du caribou reste sur une tablette, c'est tout le secteur forestier qui va en payer le prix. Couper dans la gestion de la faune n'est pas une option, ni pour l'environnement, ni pour l'économie.

Le ministre doit non seulement revenir sur sa décision, mais s'assurer que le secteur Faune du MFFP ait les ressources nécessaires pour réaliser son mandat.

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