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Évasion à Orsainville : « un chum de vacances » aurait tout planifié

Évasion d'Orsainville : « un chum de vacances » aurait tout planifié
These images provided by Interpol show Yves Denis, 35, left, Serge Pomerleau, 49, center and Denis Lefebvre, 53, in undated police handout photos. The three inmates, who escaped a jail near Quebec City by helicopter on June 7, were arrested Sunday June 22, 2014, at a home in Montreal, Quebec provincial police said. (AP Photo/Interpol)
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These images provided by Interpol show Yves Denis, 35, left, Serge Pomerleau, 49, center and Denis Lefebvre, 53, in undated police handout photos. The three inmates, who escaped a jail near Quebec City by helicopter on June 7, were arrested Sunday June 22, 2014, at a home in Montreal, Quebec provincial police said. (AP Photo/Interpol)

S'il faut en croire le plus jeune des évadés du centre de détention de Québec, un simple coup de téléphone à un ami vénézuélien lui a permis de réaliser la spectaculaire évasion en hélicoptère du 7 juin dernier.

Un texte de Yannick Bergeron

Yves Denis a donné sa version des faits sur l'évasion, lors de l'audition d'une requête déposée en l'absence du jury en marge de son procès pour trafic de drogue en Abitibi avec ses deux présumés complices, Serge Pomerleau et Denis Lefebvre. Puisque le jury est maintenant séquestré en vue des délibérations, les médias peuvent divulguer des informations qui étaient jusqu'ici frappées d'une ordonnance de non-publication.

« J'ai contacté mon chum Chelo au Venezuela, et je lui ai demandé de venir me chercher », a résumé Denis alors qu'il était contre-interrogé par le procureur de la poursuite, Me Antoine Piché, le 28 juillet.

Cet ami, rencontré à l'occasion de ses nombreux voyages en Amérique du Sud, était prêt à partir du Venezuela pour le libérer, même si Yves Denis a avoué qu'il ne se souvenait pas de son nom de famille. « Chelo Ramirez, me semble », a-t-il dit.

L'accusé a raconté que cet ami, un ancien pilote d'hélicoptère de l'armée, aurait planifié et financé seul l'évasion. Denis n'a eu qu'à attendre l'hélicoptère dans la cour le jour convenu. « Votre ami de vacances a quitté le Venezuela pour venir vous délivrer de la prison? », a demandé le procureur de la Couronne. Yves Denis a même affirmé qu'il n'avait rien demandé en retour.

Selon les allégations des coaccusés, deux personnes les ont aidés dans leur fuite, dont le pilote de l'hélicoptère. Yves Denis affirme que les deux hommes parlaient espagnol, mais qu'il ne s'agissait pas de son ami vénézuélien.

Tout comme Serge Pomerleau, Yves Denis a nié catégoriquement que le pilote pouvait être Maxime Lefebvre, le fils du coaccusé Denis Lefebvre.

Pour la suite, Yves Denis a donné sensiblement la même version des faits que son compagnon de fuite, Serge Pomerleau. Les trois fugitifs se sont rendus dans un chalet avant de s'installer dans un luxueux condo du Vieux-Montréal, où ils ont été retrouvés deux semaines plus tard.

Soucieux de leurs conditions

À leur retour devant les tribunaux après avoir été arrêtés le 22 juin, les accusés ont expliqué qu'un « procès inéquitable et des conditions de détention intolérables » les avaient poussés à faire « une balade en hélico ».

Les accusés étaient détenus dans l'aile à sécurité maximale du centre de détention et « ne se sentaient pas à leur place ». « On a forcé la note dans notre dossier et puis on s'est rendus à faire ces choses-là », a ajouté Pomerleau, en évitant de parler d'évasion.

« On est disparus dans la cour, on ne peut pas nier ça, mais ça s'est fait avec des gants blancs. Il n'y a pas eu de violence. Les gardiens, pour certains, en rient presque », a insinué Serge Pomerleau alors que les agents correctionnels derrière lui échangeaient des regards.

Serge Pomerleau souhaite conserver les assouplissements qui lui avaient été consentis quant à ses conditions de détention avant l'évasion, comme celui de pouvoir posséder un ordinateur portable.

Le présumé chef du réseau de trafiquants, Denis Lefebvre, s'est pour sa part dit prêt à vivre avec les conséquences de sa « bourde », mais il n'accepte pas de comparaître pieds et poings liés. « Dans le palais de justice, Monsieur le juge, emmanché de même, je ne serai jamais capable de toffer la run. On n'est pas des animaux, là, on est rendus en 2014 », a-t-il déclaré.

Artisans de leur malheur

Le juge Louis Dionne ne s'est pas montré impressionné par les arguments des accusés. Estimant que la justice ne doit pas mettre dans sa balance qu'une défense pleine et entière, mais aussi l'intérêt public, le juge a retiré les privilèges qui avaient été accordés aux évadés en mars. Ces privilèges devaient leur permettre de préparer leur défense.

« Il n'y a personne qui vous a forcé à organiser cette promenade ou cette évasion, appelez ça comme vous voulez », a répliqué le juge Dionne, ajoutant qu'ils étaient « les artisans de leur propre malheur ».

Le juge Dionne a aussi rejeté une requête en arrêt des procédures déposée par les accusés, qui prétendaient ne pas avoir droit à un procès juste et équitable en raison de la médiatisation de l'affaire.

Serge Pomerleau, 50 ans, Denis Lefebvre, 53 ans, et Yves Denis, 35 ans, doivent subir un autre procès pour meurtres à Montréal. Ils font face également à des accusations de bris de prison et d'évasion.

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