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Ne faisons plus de politique, devenons politiques!

La Gauche n'a trahi personne. Elle a tout simplement fait de la politique. Or, en politique, il faut se faire élire et pour se faire élire, il faut s'adresser à quelqu'un.
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En 2017, les masses laborieuses qui n'ont pas encore été délocalisées dans des Orients proches ou lointains se tournent vers le néolibéralisme, la droite et même l'extrême droite. Dans les milieux estudiantins et/ou «avancés», on en est encore à parler de Gauche et de Vraie Gauche. Quoique de plus en plus, on y préfère l'intersectionnalité des luttes, l'intersexualité des salles de bain, l'interconnectivité et autres inter-ci et inter-cela.

En somme, malgré plusieurs victoires et de grands avancements, la Gauche n'est - n'a pas été - pas à la hauteur de la mission qu'elle s'était fixée. Peut-être, qu'ivre de leur nom de progressiste; ces membres et militants sont devenus trop sûrs d'eux comme seuls ceux se croyant chargés d'une mission téléologique peuvent l'être?

L'Histoire domestiquée par Hegel puis domptée par Marx avançait dans le sens du Progrès et donc dans le leur. Certes, il fallait, bien sûr, s'impliquer, militer, mais pas trop puisque la Révolution, ce n'est pas très gentil ni très réaliste et que de toute façon, tôt ou tard, on en sortirait vainqueur. Peut-être, comme le prétendent les réactionnaires et les populistes, qu'à force de côtoyer de trop près les ouvriers, la Gauche loin de sombrer dans le syndrome de Stockholm, a ressenti le besoin de voir autre chose?

Une histoire de couple banale, qu'on a mis sur pause pour rencontrer d'autres gens en pensant que l'autre serait là quand on déciderait enfin d'être raisonnable et de rentrer. Ici, il y a un double malentendu puisque la Gauche n'est jamais rentrée et que les ouvriers ne sont pas restés. Depuis, on en entend plus d'un qui, s'avouant ouvertement cocu, nous dit: «la Gauche nous a trahis.» Pourtant, rien n'est plus faux!

Quand les ouvriers font plus de 60% de la population, il est normal qu'on leur fasse une place de choix dans les discours.

La Gauche n'a trahi personne. Elle a tout simplement fait de la politique. Or, en politique, il faut se faire élire et pour se faire élire, il faut s'adresser à quelqu'un. Quand les ouvriers font plus de 60% de la population, il est normal qu'on leur fasse une place de choix dans les discours. De par-là même, il est tout à fait normal voir raisonnable qu'on ne leur adresse plus un mot lorsque leur nombre décroit jusqu'à n'être plus rien aux yeux des politiques.

Ce n'est pas qu'on leur veut du mal. Au contraire! C'est juste qu'ils ne sont plus assez nombreux pour nous permettre de les aider. Alors, on cherche de nouveaux interlocuteurs, on forme une nouvelle base électorale, une nouvelle coalition d'électeurs. Du peuple, il ne serait en être réellement question, sauf comme d'un talisman qu'on invoque puisqu'on ne peut faire de la politique qu'en le divisant en divers groupes électoraux. On ne saurait gagner le pouvoir autrement. On ne saurait faire de la politique autrement. D'ailleurs, chaque fois qu'on parle de faire de la politique autrement, ce qu'il faut comprendre c'est qu'on a décidé de s'adresser à un nouveau public sans se défaire de l'ancien, du moins l'espère-t-on.

Enfin vient ce moment où on tient ces groupes d'électeurs fidèles et qu'on regroupe sous une appellation - disons, ici, la Gauche - et qu'il vient rapidement le temps où l'on ne s'adresse plus aux autres, au Peuple. Voici venu le temps des sectes! Aujourd'hui, c'est ce que fait la Gauche: elle ne s'adresse plus qu'à la Gauche.

La solution est pourtant simple et elle commence par un renoncement: ne faisons plus de politique. Ne nous laissons plus embrigader dans des partis de Gauche ou de Droite qui n'aspirent tous qu'à la même ambition et expirent tous la même trahison. Refusons de n'être que des militants, des représentés, des administrés. Par la démocratie directe, il sera possible de reprendre notre destin en main ainsi que notre fierté disparue depuis qu'on nous a faussement convaincus que nous n'étions pas dignes de décider de notre propre bien. Nous pourrons, à chaque suffrage, redécouvrir que le peuple existe et qu'il est souverain, et ce, pas seulement une fois tous les quatre ans, quand on le lui permet. Il faudra être politique plutôt que faire de la politique. Être politique, c'est déterminer ce qui est bien pour soi et pour les autres puis de prendre les moyens nécessaires pour que ce bien advienne. Être politique, c'est de ne plus être passif et de devenir actif. Être politique, c'est être maître, réellement, chez soi, mais sans que cela se fasse au détriment de son voisin.

Ne faisons plus de politiques, devenons politiques!

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