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La faune québécoise: une victime de plus des politiques libérales

Nous apprenions qu'une première carpe asiatique pesant plus de 60 livres avait été capturée par hasard par un pêcheur commercial sur le fleuve. Cette espèce exotique envahissante est une menace énorme pour les autres poissons et leur habitat.
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Le rapport du commissaire au développement durable ne laisse planer aucun doute, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Laurent Lessard, et les ministres qui l'ont précédé, ont laissé tomber la ressource faunique au Québec. Le constat d'échec du commissaire dans son dernier rapport n'est malheureusement pas une surprise pour quiconque s'intéresse un tant soit peu à la faune et à ses habitats. Pêcheurs, chasseurs, trappeurs, chercheurs, professionnels, environnementalistes, autochtones; tous ont sonné l'alarme à tour de rôle pour dénoncer le désengagement de l'État dans ce secteur. En 2016, force est de constater que la faune n'est pas une priorité.

Ce que le rapport du commissaire au développement durable révèle c'est l'absence de planification et de vision à long terme, l'absence de stratégie pour l'acquisition de connaissances, l'absence de plan pour le rétablissement de plusieurs espèces vulnérables et menacées, l'absence de considération pour une trentaine d'espèces jugées menacées ou vulnérables qui sont en attente d'être officiellement désignées par le ministère depuis plus de sept ans, l'absence de plan d'action pour lutter efficacement contre les espèces exotiques envahissantes, l'absence de suivi terrain concernant les autorisations qu'il délivre, l'absence de bilans et de redditions de compte. En plus, les ventes de permis sont en baisse depuis 2007, le coût des permis augmente sans cesse et la relève n'est pas au rendez-vous. Une situation désastreuse qui devrait faire baisser la tête aux ministres qui en sont responsables.

La gestion rigoureuse de la faune, ressource naturelle renouvelable, est pourtant essentielle pour le Québec. Négliger notre faune québécoise aura de lourdes conséquences tant pour la santé des écosystèmes que pour la santé publique et la prospérité économique. Par exemple, nous apprenions plus tôt cette semaine qu'une première carpe asiatique pesant plus de 60 livres avait été capturée par hasard par un pêcheur commercial sur le fleuve. Cette espèce exotique envahissante est une menace énorme pour les autres poissons et leur habitat. Nous savons qu'une fois qu'il sera installé, il sera pratiquement impossible de le déloger. Bien que les chercheurs sonnent l'alarme depuis au moins 10 ans sur l'arrivée possible de ce poisson, et d'autres espèces envahissantes, rien de concret n'a été fait. Le premier plan pour lutter contre la carpe asiatique n'a été adopté qu'avec le budget 2016-2017. Trop peu trop tard diront les scientifiques et ils auront raison. Ces menaces sont sérieuses et des plans d'action devraient déjà être mis en œuvre pour lutter efficacement contre chacune d'elles.

La grande question est pourquoi le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs n'est plus en mesure d'assumer sa mission? En fait, la majeure partie du problème provient du sous-financement chronique du secteur faune, qui écope depuis 10 ans des restructurations successives imposées par les gouvernements et qui, la plupart du temps, ont favorisé la forêt et les ressources naturelles au détriment de la faune.

Contrairement à ce que le gouvernement aimerait nous faire croire, les dépenses pour la conservation et la mise en valeur de la faune sont en fait un investissement essentiel pour tout un secteur qui, au-delà de sa valeur écologique, rapporte au final beaucoup plus qu'il ne nous en coûte.

En 2012-2013, les activités directement associées à la chasse, à la pêche et au piégeage généraient des retombées économiques qui frôlaient les 900 millions $ et soutenaient 14 000 emplois, principalement dans les régions du Québec. Le gouvernement empochait de son côté 179 millions $ en permis et autres revenus fiscaux. Loin de réinvestir cet argent pour protéger la faune ou offrir des services aux utilisateurs, le ministère a dépensé moins de la moitié de cet argent, soit 75 millions $, pour toutes les missions confondues du secteur faune.

Le manque de leadership de la part du ministre Lessard est flagrant. Il est plus que temps que le gouvernement fasse son mea culpa et investisse adéquatement dans notre patrimoine écologique qui, ne l'oublions pas, est un moteur économique essentiel pour les régions du Québec. M. Lessard, faites amende honorable, assoyez-vous avec les professionnels et gestionnaires du secteur faune et trouvez avec eux des manières d'appliquer les recommandations du commissaire. C'est ce que le Québec attend de vous.

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Mai 2017

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