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La fessée et les punitions corporelles comme moyen de discipliner les enfants, bonne ou mauvaise idée? (VIDÉO)

Pour ou contre la fessée? (VIDÉO)

Que votre enfant ait 2 ou 10 ans, qu’il soit sage ou téméraire, parfois ça ne prend pas grand-chose pour qu'il vous mette à bout de nerfs. Une situation tendue peut vite dégénérer… et parfois se conclure avec une punition corporelle, comme une petite tape sur les fesses. Est-ce pour autant dramatique?

La fessée et la gifle ne font pas l’unanimité chez les experts en discipline des enfants. Bien que de telles punitions soient légales, de nombreux psychologues estiment qu'elles sont néfastes pour le développement de l’enfant et pour son estime de soi. Du même souffle, les spécialistes reconnaissent qu’un parent peut parfois, tout naturellement, perdre le contrôle et agir avant même d’avoir réalisé l’ampleur de son geste.

Au Canada, l'article 43 du Code criminel, adopté il y a plus de 100 ans, autorise les parents à infliger des punitions corporelles à leurs enfants, dont «la force ne dépasse pas la mesure raisonnable dans les circonstances ». Mais qu’entend-t-on exactement par mesure raisonnable? Cette notion laisse place à beaucoup d'interprétations et de controverse. Car ce qui est perçu comme acceptable pour certains, peut être considéré comme abusif par d’autres...

Pour y voir un peu plus clair, le Huffington Post Québec a posé la fameuse question à deux experts en discipline et éducation des enfants : faut-il être pour ou contre la fessée? (et quelle autre punition peut-être efficace?)

Dre NADIA GAGNIER, psychologue spécialisée auprès des familles et des jeunes enfants

Je suis contre la fessée!

Mais bon, si ça a été fait sur le coup du stress ou de la colère, il ne faut pas blâmer le parent. C’est pour ça que la fessée n’est pas illégale. Si c’était le cas, les lois entreraient dans la maison des gens, et la ligne serait difficile à tracer.

Un parent a le droit de donner la fessée, mais aucun psychologue ne va recommander cette méthode, ni aucune autre punition corporelle. C’est mauvais pour l’estime de soi de l’enfant. C’est aussi un très mauvais modèle de comportement, car l’enfant risque ensuite de le reproduire sur ses amis si quelque chose le dérange. Donc on évite le plus possible. Dans mon travail, je fais souvent valoir aux parents que la fessée ou la gifle sont des gestes néfastes, et que d'autres méthodes d'encadrement non-physiques existent. La mise en retrait dans un coin, par exemple, est une technique efficace.

Pour ce qui est d'hausser le ton, il faut l'éviter aussi. Mais parfois, utiliser un ton «élevé et contrôlé» peut être efficace, tant que ça ne vient pas d'une véritable colère. Si on reste calme et qu'on hausse la voix, on peut rester crédible, mais si on devient aussi émotif que l'enfant, on risque de devenir une source de peur. Quand ça fait dix fois qu'on lui répète de ne pas faire ceci ou cela, un bon «HEY!» va sortir, et c'est normal, il ne faut pas s'autoflageller pour autant. Il faut juste trouve le moyen de gérer son stress quand on intervient auprès de notre enfant.

Bien que la fessée soit un geste légal, selon l'article 43 du Code criminel, les experts en éducation la déconseillent fortement.

Éric Morissette, éducateur et professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l'Université de Montréal

Il faut à mon avis éviter toute forme de punition corporelle. Les adultes ne devraient pas avoir de comportement violent envers leurs enfants, car ils seront tentés de les reproduire par la suite, avec leur entourage, ou encore à l'âge adulte avec leur propre progéniture. Dans d’autres pays, comme la France, il est plus commun de voir un parent gifler son enfant, ou encore lui donner la fessée, même en public. Mais les chercheurs canadiens et américains ont depuis longtemps statué qu’une telle intervention corporelle est néfaste pour le développement de l’enfant.

De plus, ces gestes qui se veulent un moyen de corriger un comportement n’assurent pas de pérennité dans le temps. Pour enseigner les bonnes manières, il faut plutôt miser sur un encadrement strict et rigoureux, fait avec les mots. On explique à l'enfant pourquoi il n'a pas le droit d'agir ainsi, il comprend dès un très jeune âge, puis au besoin on le met en punition dans un coin de la pièce, le temps que sa crise passe. Une minute de punition par année d'âge est en général une méthode efficace (exemple : si l'enfant a trois ans et qu'il fait une crise, on peut le mettre dans le coin durant trois minutes).

Hausser le ton avec son enfant peut être une méthode utilisée, très occasionnellement, pour faire passer un message clair. Toutefois, si on hausse le ton, il faut le faire avant d’être trop fâché, afin de rester en contrôle de la situation, et aussi pour bien faire le choix des mots qu’on va utiliser. J'insiste sur le fait qu'il ne faut pas abuser de cette méthode, mais quand on l'utilise, en général l’impact sera fort et l’enfant notera bien ce que vous essayez de lui faire comprendre. Mais si vous criez tout le temps, l'enfant s'habituera et il ne vous prendra pas au sérieux.

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