Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Feux de forêts et changement climatique: on n'est pas sorti du bois

Le brasier de Fort McMurray a ceci de particulier qu'il survient à la suite du El Nino le plus puissant jamais observé en 100 ans.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

La saison des feux de végétation a connu un départ canon cette année avec le gigantesque incendie de Fort McMurray. Selon le service des incendies de l'Alberta, la lutte contre ce feu toujours actif prendra des mois. Au Québec, plus d'une centaine de feux ont déjà nécessité l'intervention de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) depuis le début de la saison. Ce n'est que le début. Il y a plus de 8 000 feux de forêts au Canada chaque année.

Le brasier de Fort McMurray a ceci de particulier qu'il survient à la suite du El Nino le plus puissant jamais observé en 100 ans. Du coup, beaucoup de gens et de médias y ont vu l'empreinte des changements climatiques. Et vous savez quoi? Ils ont raison!

Toutes les études sur les répercussions des changements climatiques ont souligné la fragilité des forêts du Canada face au réchauffement planétaire. Le lien entre le changement climatique et l'augmentation des feux de végétation reste peut-être à faire au Canada, mais aux États-Unis, c'est chose faite depuis des années. La fréquence de ces feux a été multipliée par 4 depuis les années 1980. Selon le US Forest Service, les feux de végétation brulent 6 fois plus de territoire qu'avant et durent 5 fois plus longtemps. Un rapport de l'Académie des Sciences prévoit même que pour chaque degré Celsius d'augmentation de la température de l'air, le territoire brulé va augmenter de 650 %!

Doit-on y voir le signe que le climat se réchauffe? Absolument, selon les uns. Pas du tout, selon les autres. Bref, le débat est relancé dans les salons pendant que le feu est pris dans la cuisine.

Mais il n'y a pas que des sècheresses monstres comme celles affectant l'Alberta et la Californie depuis 2011 que le changement climatique fait pendre au-dessus de nos têtes. Les cendres rejetées dans la haute troposphère par les feux dans l'Ouest retombent souvent sous forme de smog dans les régions et provinces plus à l'est au cours des jours et semaines qui suivent.

Un climat plus chaud fournira plus d'énergie aux tempêtes. Les ouragans seront plus nombreux, plus dévastateurs. Et les orages, beaucoup plus forts. Déjà, on remarque depuis quelques années au Québec une augmentation de la foudre, des pluies abondantes et des vents violents. Les micro-rafales et les tornades constituent désormais le risque principal de dommages aux maisons canadiennes. Ce risque est aujourd'hui supérieur à celui lié aux incendies, selon les plus récentes donnés du Bureau d'Assurance du Canada.

La peur des orages: une phobie du tonnerre

Cette augmentation anticipée des orages et du temps violent risque d'ailleurs d'avoir des conséquences plutôt inattendues, comme une hausse des phobies météo. Un grand nombre d'individus ont une peur bleue des orages. La brontophobie (la peur du tonnerre) est même la phobie la plus répandue dans la population, tout juste après la peur des araignées. Environ 3 % des gens ont peur du tonnerre au point d'en être terrorisé. Grâce aux travaux de l'Institut Mental de Bethsada, au Maryland, on sait que les phobies des orages touchent 4 fois plus les femmes que les hommes, une différence bien documentée partout dans le monde.

Le bouleversement climatique risque aussi d'amplifier certains états de détresse psychologique dans le futur. Parmi l'obsession la plus commune traitée en clinique de nos jours: la phobie de vérifier la météo à tout moment. C'est une maladie réelle, similaire aux autres phobies, avec les mêmes symptômes: respiration troublée, insomnies, nausées, mains moites, sentiment de panique. La seule méthode efficace pour se soigner consiste à déménager dans l'une des deux régions au monde où la météo ne change jamais: dans la Vallée de la Mort au Nevada et... à la Mer Morte.

Référence: «Warming and Earlier Spring Increase Western U.S. Forest Wildfire Activity»

Science 18 Août 2006: Vol. 313, no. 5789, pp. 940-943

Vous aimez ce blogue?

Vous aimerez encore plus le livre Les Baromètres humains (Éditions Québec-Livres). Un bilan pointu et fouillé des dernières études sur l'influence des conditions météorologiques sur la santé, les humeurs et les comportements. Trente ans de recherches. Des conclusions percutantes. Des contenus rigoureux et un ton léger. Et surtout, des conseils avisés pour vous garder hors de l'oeil de la tempête. Vous êtes sensibles aux variations de température, d'humidité et de soleil? Ce livre est pour vous! En librairie et en version électronique. Consultez le site Les Baromètres humains

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

L'incendie de Fort McMurray en images

L'incendie de Fort McMurray en images

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.