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La fin du modèle québécois n'est pas la fin de la social-démocratie

L'exemple de la Suède démontre qu'il est possible d'assainir les finances publiques sans sacrifier la social-démocratie, comme le prétendent les syndicats.
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Le modèle québécois fut créé lors de la Révolution tranquille. Le but visé consistait à permettre aux Québécois francophones d'accéder aux leviers du pouvoir économique.

Les politiciens de la Révolution tranquille se sont grandement inspirés des modèles français et suédois. Dorénavant, l'État serait le grand chef d'orchestre toujours prêt à intervenir pour favoriser le développement du Québec inc. Les principaux outils à la disposition du gouvernement étaient la Caisse de dépôt et placement, la SGF, aujourd'hui Investissement Québec, et Hydro-Québec.

Petit à petit, le modèle québécois se transforma en État-providence aux multiples tentacules. Les programmes mur à mur se multiplièrent : santé, médicaments, garderies, congés parentaux, assurance automobile, etc.

En parallèle à la croissance effrénée de l'État, les groupes d'intérêt se multiplièrent : syndicats, ordres professionnels, groupes sociaux, associations étudiantes, regroupement d'entreprises, chambres de commerce, etc. Tout comme les bons parents veillent au bien-être de leurs enfants, dorénavant le gouvernement et les groupes d'intérêt se concerteraient pour veiller au bien-être des Québécois.

Les groupes d'intérêt devinrent de plus en plus puissants et politisés. Bien accroché aux mamelles de l'État ils veillent à protéger leurs acquis. Le résultat : ils paralysent l'évolution de la société au détriment de l'ensemble de la population. Les élèves, les malades, les retraités, la classe moyenne, les consommateurs, ne sont plus que des otages que les politiciens et les groupes d'intérêt courtisent pour faire avancer leurs causes respectives.

Ce qui devait arriver arriva. Les coûts des services explosèrent. Les impôts, taxes et tarifs sont devenus le principal poste de dépenses des familles québécoises. Malgré tout, les services gouvernementaux se détériorent. Les Québécois n'en peuvent plus.

Dans un sondage CROP publié le mois dernier, 77 % des Québécois se disent inquiets de l'état des finances publiques. Encore plus impressionnant : 94 % des personnes sondées proposent de couper dans les services et la taille de l'État, contre 6 % qui préfèrent augmenter les taxes et les impôts.

De tels résultats justifient de mettre fin aux valses-hésitations et à la consultite aiguë. Le moment est venu de sonner la fin de la récréation. Mais le gouvernement Couillard a à peine entamé son mandat que déjà des voix s'élèvent pour dénoncer le démantèlement du modèle québécois. Les syndicats s'activent. Ils se regroupent en front commun. Sous prétexte de défendre les intérêts de la veuve et de l'orphelin, ils sont prêts à monter aux barricades pour faire avorter toute réforme digne de ce nom. Pour eux il n'existe qu'une solution : plus d'État, plus de taxes, plus de syndiqués.

Dans cette bataille qui s'annonce longue et difficile, le gouvernement et les groupes d'intérêts, au premier chef les centrales syndicales, redoubleront d'efforts pour gagner l'opinion publique à leur cause. Leur principal argument : sauver la social-démocratie. Mais ne vous méprenez pas, l'objectif consiste à protéger des emplois syndiqués. Une fonction publique amincie, c'est aussi des syndicats amincis.

L'exemple de la Suède démontre qu'il est possible d'assainir les finances publiques sans sacrifier la social-démocratie, comme le prétendent les groupes d'intérêt.

Au début des années 90, la Suède était face au même dilemme que le Québec d'aujourd'hui. Le premier ministre d'alors, Goran Persson, redressa la situation en un peu plus de quatre ans. Il tira plusieurs leçons de cette expérience :

  • Rien n'est possible, sans le soutien de l'opinion publique. En 2003, le gouvernement Charest avait perdu la bataille de l'opinion publique avant même de commencer;
  • Tous doivent contribuer à l'effort de réduction des dépenses. Les Québécois devront être convaincus qu'aucun groupe tire la couverte de son bord;
  • Chaque action doit s'inscrire dans un plan d'ensemble cohérent clairement communiqué et compris par la majorité de la population;
  • Le gouvernement Couillard devra montrer qu'il est déterminé à agir. Le recul n'est pas une option;
  • Le gouvernement devra être transparent en tout temps : fini la comptabilité créative, les prédictions économiques rose bonbon, les cachettes;
  • Il faudra travailler simultanément sur la croissance économique et la réduction des dépenses. Mais la croissance économique est largement hors d'atteinte des leviers gouvernementaux. Par contre, il possède tous les outils pour contrôler le déficit structurel des finances publiques. Si à court terme, il faudra enrayer le gaspillage, à moyen terme le gouvernement devra couper dans les programmes permanents;
  • Chassez le naturel et il reviendra au galop. Il faut donc que les changements apportés soient permanents et difficiles à modifier.

La majorité des Québécois ne demande qu'à se laisser convaincre. Dans la confrontation qui s'annonce est-ce que le gouvernement Couillard saura être plus convaincant que les groupes d'intérêt?

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