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Fin des repas à 1$ pour des élèves défavorisés: la mobilisation prend de l'ampleur

Des familles du Centre-Sud de Montréal, victimes de l'embourgeoisement de leur quartier, manifestent à leur tour contre la coupure de cette mesure.
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Des parents et des élèves de deux écoles du Centre-Sud, à Montréal, ajoutent leurs voix à la mobilisation contre l'abolition d'une mesure fournissant des repas chauds aux élèves provenant de familles défavorisées pour seulement 1$.

Petits et grands se sont rassemblés devant les écoles Saint-Anselme et Jean-Baptiste Meilleur cet après-midi, pour ensuite marcher ensemble en guise de manifestation. La semaine dernière, les citoyens du Sud-Ouest s'étaient rassemblés pour les mêmes raisons.

«Ce sont les enfants qui se retrouvent pris en otage», déplore Mélanie Taillefer, maman d'un enfant qui fréquente l'école Saint-Anselme et qui sera directement touché par l'abolition de cette mesure.

Selon la carte de la défavorisation dans l'île de Montréal 2018, produite par le Comité de gestion de la taxe scolaire de l'île de Montréal, dix écoles seront privées de cette mesure, puisque d'après les dernières données du recensement de 2016, certains quartiers se sont enrichis, après la venue de familles ayant des meilleurs revenus.

La «mesure alimentaire», comme elle est appelée, prévoit que les élèves des écoles situées dans les secteurs parmi les 20% les plus défavorisés reçoivent l'accès au service de garde pendant le dîner, ainsi qu'un repas chaud, pour seulement 1$ par jour. Seuls les parents qui ont un revenu considéré comme faible peuvent avoir accès à cette mesure, et ils doivent en faire la demande.

À partir de la prochaine rentrée, il en coûtera désormais 9$ pour avoir accès au service de garde, mais l'enfant devra avoir son lunch, selon Mélanie Taillefer. Pour elle, ce sera impossible de payer un tel montant par jour.

«Moi, j'ai la chance de pouvoir ramener mon enfant à la maison pour le dîner, mais ce n'est pas le cas de tous les autres parents, constate-t-elle. Ils vont faire quoi, ces enfants-là? Ils vont traîner dans le quartier, la clé au cou et le ventre vide.»

Les choses ne seront pas simples non plus pour le fils de Mélanie Taillefer, qui souffre d'un trouble de l'attention avec hyperactivité, et pour qui le changement de routine est très problématique. Il entrera en cinquième année à l'automne, et les habitudes qu'il a acquises dans les dernières années seront chamboulées, confie la maman, qui craint que son fils ne se «désorganise».

Pour tous les enfants défavorisés, peu importe leur quartier

«Nous demandons à la Commission scolaire de Montréal de s'asseoir avec le ministre de l'Éducation pour voir comment on pourrait mettre en place un autre mécanisme, pour que tous les enfants défavorisés dans toutes les écoles de la CSDM aient accès à la mesure alimentaire», insiste-t-elle.

C'est aussi le souhait de la CSDM, plaide la présidente, Catherine Harel-Bourdon.

«Le comité de gestion de la taxe scolaire se base sur les données de 2016 de Statistique Canada pour faire son calcul, explique-t-elle. Le dernier recensement datait de 2006. En dix ans, Montréal a beaucoup changé. La défavorisation ne se limite plus à des poches de concentration, elle est diffuse dans toutes nos écoles.»

Mme Harel-Bourdon estime que 30 à 40% des élèves de la CSDM sont dans un milieu défavorisé, et elle souhaiterait qu'ils aient tous accès au service de garde et à un repas chaud pour aussi peu que 1$. «On essaie de voir les solutions qui s'offrent à nous présentement. Mais c'est sûr qu'on va recevoir moins d'argent du comité de gestion de la taxe scolaire et on ne peut pas prendre l'argent ailleurs.»

Le ministre de l'Éducation Jean-François Roberge s'est engagé en chambre à fournir des compensations, mais on ignore encore quelle forme elles prendront.

Son attaché de presse, Francis Bouchard, affirme d'emblée qu'il s'agit d'une décision propre au Comité de gestion de la taxe scolaire. Mais il ajoute que le ministère est conscient que les changements aux indices de défavorisation posent problème. Une somme de 60 millions $ a été réservée dans le budget, pour les cinq prochaines années, pour les interventions favorisant la réussite des élèves dans les écoles en milieux défavorisés, et une part de cette somme sera dédiée à l'aide alimentaire, assure M. Bouchard.

«Le travail se poursuit dans ce dossier, a-t-il affirmé au HuffPost Québec. Les modalités d'application et la ventilation de cette somme devraient être connues en même temps que les autres règles budgétaires des commissions scolaires.»

-Avec la collaboration de Catherine Lévesque

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