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Financement public pour organismes en itinérance: une orientation claire est nécessaire

TEXTE COLLECTIF Il est nécessaire de miser davantage sur les modèles divers de logement avec accompagnement, tout en conservant une part de l’enveloppe budgétaire pour des mesures visant à prévenir l’itinérance.
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mihailomilovanovic

Les groupes communautaires et les organismes de lutte à l'itinérance de Montréal se préparent déjà à l'annonce du gouvernement fédéral, prévu cet automne, concernant le renouvellement de sa Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance (SPLI) qui fournit 2,1 milliards de dollars sur dix ans à 61 collectivités désignées à travers le Canada, dont 100 millions pour la région de Montréal.

En effet, le 10 mai prochain, plusieurs organismes se rassembleront devant le Complexe Guy-Favreau pour exprimer leurs points de vue sur les orientations souhaitées. À cet égard, les quatre principaux organismes œuvrant pour mettre fin à l'itinérance chez les hommes et les femmes à Montréal – l'Accueil Bonneau, la Maison du Père, Mission Bon Accueil et la Mission Old Brewery – souhaitent réaffirmer leur position convergente : appliquons ce financement en fonction d'une stratégie orientée sur des résultats probants et démontrés.

Au cours des dernières années, l'Entente Québec-Canada concernant la SPLI consacrait

65 % des sommes allouées pour des services de logement et le reste à d'autres projets s'inscrivant dans une approche plus généraliste. Cette entente viendra à terme en 2019.

Dans le cadre de ce financement, nos quatre organismes ont mis sur pied Projet Logement Montréal, un consortium pour offrir des services de logement avec accompagnement psychosocial. Au cours des 30 derniers mois, nous avons ainsi aidé 250 personnes en situation d'itinérance chronique à se trouver un logement, tout en recevant du soutien psychosocial et une subvention au loyer, permettant d'assurer leur stabilité résidentielle et leur intégration sociale au sein de la collectivité.

Les résultats sont probants : 95 % des personnes hébergées maintiennent leur logement après

6 mois et 30 % des personnes soutenues – des personnes avec des situations des plus complexes, rappelons-le – sont suffisamment autonomes et stables pour se passer des services de soutien psychosocial. Il s'agit d'une importante réussite pour l'ensemble de notre communauté.

Ces résultats dépassent largement nos attentes initiales. Il est devenu clair qu'il est possible de loger et d'assurer la stabilité résidentielle dans la communauté de personnes ayant connu l'itinérance chronique en mettant à contribution l'expertise d'organismes en itinérance, le soutien financier gouvernemental et le secteur privé œuvrant en gestion immobilière. Ces gens ne sont plus « itinérants » – ils sont maintenant vos voisins !

Vivre en « refuge d'urgence » n'est plus une solution.

Vivre en « refuge d'urgence » n'est plus une solution. Il faut miser sur une approche moins coûteuse qui, surtout, offre une meilleure qualité de vie aux personnes les plus démunies.

Projet Logement Montréal confirme l'efficience d'une telle approche concertée, tant par les résultats cliniques que par la réduction des coûts administratifs. Effectivement, si chaque organisme avait développé son propre projet, les coûts auraient été beaucoup plus élevés qu'en consortium. Vivre la convergence et la concertation !

Afin d'aider le plus grand nombre d'hommes et de femmes à se sortir de la rue de façon urgente, il est nécessaire de miser davantage sur les modèles divers de logement avec accompagnement, tout en conservant une part de l'enveloppe budgétaire pour des mesures visant à prévenir l'itinérance.

Considérant que le gouvernement du Québec, dans le cadre du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC), finance les organismes de lutte à l'itinérance en fonction de leur mission globale, il s'impose que le gouvernement fédéral lui, mise sur des programmes et services ciblés, comme l'accès rapide au logement.

Comme nous reconnaissons l'importance de la prévention de la pauvreté et de l'itinérance, nous comprenons aussi le défi de financement des ressources communautaires, mais dans un contexte où il y a encore beaucoup trop de personnes marginalisées qui vivent dans la rue.

Par conséquent, nous recommandons fortement aux instances gouvernementales fédérale et provinciale de maintenir le ratio en cours dans le cadre de la SPLI, soit de consacrer 65 % des fonds à des services de logement avec accompagnement et 35 % des fonds à des programmes et services de nature préventive. Les personnes en situation d'itinérance auront ainsi un meilleur accès à des logements abordables tout en augmentant leurs chances de réintégration sociale réussie.

Liste des cosignataires:

Matthew Pearce, président et chef de la direction, Mission Old Brewery

Samuel Watts, président-directeur général, Mission Bon Accueil

François Boissy, président-directeur général, Maison du Père

Aubin Boudreau, directeur général, Accueil Bonneau

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