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Fiscalité: une seule déclaration de revenus pour tous les Canadiens

Comment croire en l’efficacité de la fonction publique quand les deux niveaux de gouvernements ne peuvent même pas s’harmoniser pour concerter leurs efforts afin de siphonner le contribuable d’un commun accord?
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C'est le temps des impôts, un casse-tête pour les contribuables. Les Québécois sont les seuls Canadiens à remplir deux déclarations de revenus, un pour leur pays, le Canada, et l'autre pour cette « société distincte » qui aspirerait selon certains à être un pays.

Le pouvoir d'imposer les citoyens du Québec a été repris le 24 février 1954 par le premier ministre Maurice Duplessis, après que le gouvernement fédéral l'ait « confisqué » des provinces pour le temps d'une guerre en 1942. Les autres provinces canadiennes n'ont pas aussi bien réussi à tirer leur épingle du jeu. Cet impôt « distinct » persiste encore en 2018, tout comme la « taxe-ascenseur » sur l'essence promulguée « temporairement » par Jacques Parizeau en 1978 et qui nous vaut en ce moment les prix à la pompe les plus élevés en Amérique du Nord.

Cette « machine à imprimer de l'argent » distincte n'est sans doute pas étrangère aux velléités de sécession qui ont alimenté le Québec depuis 60 ans. L'argent exacerbe chez les humains les volontés d'indépendance en leur donnant les moyens de la réaliser. On a ainsi financé à Ottawa et à Québec deux ministères du revenu, deux ministères des ressources naturelles, deux ministères de la santé, etc. Ne mérite-t-on pas mieux comme distinction?

On passe en moyenne une heure à rassembler les papiers et une autre heure à faire chaque rapport d'impôt. C'est ainsi que quatre millions de Québécois passent en moyenne quatre heures à faire leurs deux rapports d'impôts chaque année depuis plus de 60 ans, C'est huit millions d'heures passées sur chaque rapport d'impôt, chaque année.

En considérant un salaire moyen de 20$ de l'heure, c'est environ 160 millions $ de productivité qui sont gaspillés chaque année pour chaque rapport d'impôt, alors que les renseignements collectés par les deux ministères du Revenu sont essentiellement les mêmes. À l'heure des informations numériques, cette perte de temps est une triste preuve d'incompétence de la part de ceux qui dépensent notre argent.

À l'heure des informations numériques, cette perte de temps est une triste preuve d'incompétence de la part de ceux qui dépensent notre argent.

Sur soixante années, les Québécois ont donc gaspillé au moins 9.6 milliards $ en productivité à faire un rapport d'impôt qui s'alimente des mêmes données utilisées par le fédéral.

Deux autres évaluations sont disponibles, l'une par l'Agence Revenu Canadaen 2009, l'autre par le Parti québécois en 2010, qui évaluent le coût annuel de ce dédoublement à plus du double, soit entre 445 et 500 millions de dollars. Selon ces approximations, sur 60 ans, ce serait donc en dollars constant d'aujourd'hui une dépense inutile de plus de 27 milliards $. Ce n'est pas loin du budget annuel total de la santé au Québec (36,7 milliards $).

Comment croire en l'efficacité de la fonction publique quand les deux niveaux de gouvernements ne peuvent même pas s'harmoniser pour concerter leurs efforts afin de siphonner le contribuable d'un commun accord?

Comment l'état central peut-il accepter stoïquement qu'une seule province sur dix repasse derrière lui pour fouiller dans les poches des contribuables?

Le Québec n'est pas un pays. Quand il le sera, si jamais il l'est, nous serons tous heureux de lui laisser le privilège exclusif de nous saigner.

En attendant, la moindre des choses que les Québécois devraient exiger, c'est que les deux fiscs accordent leurs flûtes pour ne les contraindre qu'à une seule séance de remplissage pénible de papiers sibyllins.

L'idée serait providentielle d'abolir en même temps les duplications entre les appareils d'état fédéral et provincial.

Pourquoi deux ministères du revenu, deux ministères de la santé, deux ministères des ressources naturelles, etc.?

Ces duplications auraient pu permettre à un Québec souverain de voler de ses propres ailes en cas de référendum « gagnant ». Mais voilà, les deux référendums sur l'indépendance se sont soldés par des échecs. Avec la démographie actuelle basée sur l'immigration et la mondialisation croissante de l'économie, cette cause semble en voie d'enterrement, d'autant plus que le fait français s'est affirmé avec vigueur au sein du Canada dans les deux dernières décennies. Les jeunes s'estiment désormais citoyens d'un monde de plus en plus fédéré.

En voulant mettre en place les outils d'une indépendance qui ne s'est jamais matérialisée, les péquistes ont créé des dinosaures que les Québécois n'ont plus les moyens de nourrir.

Selon Martine Turenne, de TVA Nouvelles, citant Luc Godbout, titulaire de la Chaire en fiscalité et en finances publiquesde l'Université de Sherbrooke, « après le Danemark, le Québec est l'endroit au monde qui utilise le plus l'impôt sur le revenu pour garnir ses coffres ».

Il y a lieu de croire que le gouvernement québécois, acculé à des dépenses publiques croissantes, serait ouvert à cette idée d'éliminer les redondances.

Il faut dégraisser le mammouth, disait un politicien français.

Ça s'applique ici. Un des deux mastodontes doit être mis à mort.

Avril 2018

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