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François Saillant quitte la scène en interpellant Ottawa

François Saillant quitte la scène en interpellant Ottawa
Radio-Canada

Après 38 ans comme coordonnateur du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), François Saillant n'a rien perdu de sa verve et de ses convictions, comme en fait foi un bilan de son action en faveur des plus démunis, livré à une semaine de sa retraite.

Revenant sur ce qu’il considère comme « l’épisode le plus sombre » de ses années de lutte en faveur des logements sociaux, soit le désengagement total du gouvernement fédéral de leur financement, il a lancé mercredi un appel bien senti au premier ministre du Canada.

« Ottawa a accumulé une lourde dette envers les personnes et les familles mal-logées », lance-t-il dans un communiqué, et le gouvernement libéral de Justin Trudeau « ne doit pas rater l’occasion de [la] rembourser avec sa Stratégie nationale sur le logement promise pour 2017. »

Selon lui, le Québec compterait aujourd’hui 69 000 logements publics, coopératifs et sans but lucratif de plus si Ottawa avait continué à financer le même nombre de logements sociaux qu’à la fin des années 1980 au lieu de se retirer totalement de ce domaine, en janvier 1994.

M. Saillant se félicite que les efforts du FRAPRU et d’autres groupes associés ont réussi à convaincre Québec de créer et de financer le programme Accès-Logis, qui a permis de réaliser 29 000 logements sociaux, mais cela ne compense pas le retrait d’Ottawa, selon lui.

Considérant que l’avenir de ce programme demeure incertain, il demande au premier ministre du Québec, Philippe Couillard, d’intervenir pour qu’il soit assuré.

Son gouvernement « doit, dès le prochain budget, donner un signal clair de sa volonté de préserver et d’améliorer ce programme, tout en augmentant considérablement le nombre de logements sociaux qu’il permet de financer », affirme-t-il.

M. Saillant dit être « scandalisé » que Québec et Ottawa ne reconnaissent toujours le droit au logement, malgré les remontrances que lui a adressé le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU, devant lequel il a témoigné à trois reprises pendant sa carrière.

« Les deux gouvernements viennent de terminer des consultations sur la question du logement, sans avoir évoqué ce droit et la nécessité de tout mettre en œuvre pour qu’il devienne une réalité pour toutes et pour tous », s’indigne-t-il.

Militant pour la vie

Malgré son départ du FRAPRU, François Saillant assure qu’il n’abandonnera pas le militantisme pour autant.

«Je quitte un emploi et des responsabilités, mais assurément pas la cause du droit au logement, pour laquelle je continuerai à me battre.» - François Saillant

Entré au FRAPRU en mars 1979, cinq mois après la création de l’organisme, François Saillant aura été de toutes les batailles contre les effets négatifs du réaménagement urbain, la préservation de logements à prix modique et la construction de logements sociaux.

Il maintient que ces sujets demeurent d’actualité aujourd’hui, comme le prouvent des controverses sur la gentrification de plusieurs quartiers, la conversion de logements locatifs en condos, mais aussi des phénomènes plus récents, comme l’essor d’Airbnb et d’autres formes de location temporaire.

M. Saillant a aussi agi à plusieurs reprises comme porte-parole de larges coalitions constituées dans des dossiers comme l’aide sociale, l’élimination de la pauvreté, la lutte pour le financement des mouvements communautaires autonomes, et les politiques d’austérité des gouvernements. Il s'est aussi présenté aux élections québécoises à trois reprises sous la bannière de Québec solidaire.

La nouvelle coordonnatrice du FRAPRU sera Marie-José Corriveau, qui cumule 30 ans de militantisme dans le domaine du logement sociaux. Véronique Laflamme sera la nouvelle porte-parole de l'organisme.

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