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«Fugueuse»: la nouvelle vie de Fanny

Michelle Allen a su faire évoluer sa série à travers le regard de son héroïne...
TVA

1,6 million de téléspectateurs ont suivi en moyenne chaque semaine la première saison de Fugueuse. Un succès retentissant qui a convaincu TVA et l’auteure Michelle Allen de poursuivre ce qui avait été entamé en s’aventurant encore plus loin au coeur de ce problème de société malheureusement toujours autant d’actualité.

Allen (épaulée par Mylène Chollet pour ce deuxième tour de piste) désirait explorer ce qui advenait après coup des personnes ayant passé par une telle descente aux enfers. Cette reconstruction par laquelle allait devoir passer Fanny Couture (Ludivine Reding) n’allait pas s’accomplir du jour au lendemain, et ne pourrait forcément pas tout réparer.

À en juger par son entrée en matière, cette deuxième saison ratissera beaucoup plus large en s’intéressant, entre autres, à la prostitution au masculin, à la situation précaire des communautés autochtones, aux travailleuses du sexe qui ont choisi leur métier, et au phénomène des «sugar daddies». Le tout en scrutant davantage les bas-fonds de la ville, où les exploiteurs peuvent se contenter de vendre une forme de protection contre les pires coups d’une vie déjà assez difficile sans avoir à utiliser le luxe et la promesse d’une vie de rêve comme appâts.

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ATTENTION: DIVULGÂCHEURS

Dans le premier épisode diffusé ce lundi 6 janvier, nous avons retrouvé Fanny quatre ans jour pour jour après la mort de sa bonne amie Ariane, décédée d’une surdose de fentanyl.

Allen tente d’ailleurs de nous faire craindre le pire au départ. Les parents de Fanny ont divorcé, elle ne parle plus à sa mère depuis un an, elle prétend être harcelée par son ex contrôlant et violent, et elle se frotte de nouveau à des individus lui rappelant la pire période de sa vie.

Le tout dans un contexte où les corps de quatre jeunes en fugue ont été retrouvés dans une carrière, recouverts de nombreuses traces de violence et de sévices corporels.

Mais dès sa première apparition à l’écran, le regard confiant, observateur et rempli d’empathie de Ludivine Reding trahit les motivations de son personnage. Fanny est là pour une raison. Elle cherche quelque chose, quelqu’un.

De victime à héroïne

En plus d’être logique, l’idée de faire de Fanny une agente infiltrée oeuvrant pour la police de Montréal permettait à Allen de donner un rôle porteur à son personnage tout en la plaçant dans un contexte exposant ses blessures et sa grande vulnérabilité.

Considérant la mission sociale de la première saison, il aurait été très étonnant de retrouver Fanny dans une situation où elle n’aurait pas été en contrôle de sa destinée, malgré quelques plaies toujours ouvertes.

Michelle Allen et le réalisateur Éric Tessier utilise également ce regard pour scruter les coins les plus sales de Montréal. Un Montréal que nous ne voulons pas forcément voir, où des jeunes sans repères, à la merci des plus opportunistes, se frottent au béton en rêvant de jours meilleurs sans attendre nécessairement quoi que ce soit du présent.

Du propre aveu de Michelle Allen, les circonstances dans lesquelles nous retrouvons Fanny sont extraordinaires, forcées par une enquête devant produire des résultats rapidement. La jeune femme n’a pas encore la force de caractère pour se coller à cet univers en gardant la tête froide, elle qui ne connaît toujours pas ses propres limites dans ce nouveau rôle.

Au même titre que la série, Fanny désire à présent faire oeuvre utile en tentant de sauver la vie de jeunes femmes et de jeunes hommes prisonniers d’une situation précaire, elle qui se sentira toujours un peu responsable de la mort d’Ariane.

Si la première saison avait fortement ébranlé le public en plaçant celui-ci dans la peau des parents, la suite semble vouloir aller beaucoup plus en profondeur en nous demandant cette fois-ci d’observer cette réalité à travers les yeux d’une Fanny en pleine connaissance de cause, nous confrontant de plein fouet à la réalité de la rue, et non pas qu’au cas d’une personne s’étant fait prendre au piège en martelant la pensée que ça peut arriver même dans les meilleures familles.

Les moments chocs viendront, évidemment, et l’auteure et le réalisateur expliquent que la série ne fera que gagner en intensité au fil des épisodes.

Et à première vue, cette deuxième saison semble définitivement avoir les moyens de ses ambitions.

Fugueuse est diffusée le lundi à 21h, sur les ondes de TVA.

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