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«Promised Land» avec Matt Damon: Gus Van Sant nous parle d'environnement et de gaz de schiste

«Le gaz de schiste est vendu comme on vendrait un ordinateur»
Reuters

À travers ses films, Gus Van Sant a souvent tenu un discours militant. Le réalisateur de My Own Private Idaho, Harvey Milk ou Paranoïd Park traite dans Promised Land de l’exploitation financière de certaines communautés rurales par les grands groupes énergétiques.

Le film dénonce les méthodes exploitation du gaz de schiste - enfermé sous d’épaisses couches de roche, son extraction par fracturation hydraulique nécessite un forage et la pulvérisation d'un mélange suspecté d’être hautement polluant pour les nappes phréatiques.

Accusé d'avoir fait un film de propagande par certains, le cinéaste américain confie au HuffPost avoir été appelé à la rescousse par Matt Damon (scénariste et acteur) et explique son point de vue:

Qu'est-ce qui vous attirait dans le projet?

L'aspect du film que j'ai trouvé intéressant c'est le personnage de vendeur incarné par Matt Damon. Sa façon de démarcher les fermiers m'a rappelé certaines attitudes dans ma famille - mon père et mes deux oncles étaient vendeurs eux aussi. C'est un métier qui demande, selon les besoins, de pouvoir vendre aussi bien des assurances que des voitures. Ceux qui l'exercent sont pratiquement interchangeables. Cette culture de la vente aux États-Unis s'est propagée en politique où les représentants parviennent à vendre des problèmes, des lois ou des programmes. Dans Promised Land, on vend du gaz de schiste comme on vendrait un ordinateur.

Pourquoi montrer des écologistes qui utilisent ces mêmes techniques de vente?

Je voulais que les deux camps partagent leurs recettes parce que, malgré les enjeux, tout est devenu une question de relations publiques. Promised Land est pessimiste dans le sens où vous ne pouvez avoir confiance en personne, mais je reste persuadé que les environnementalistes représentent en réalité un espoir. C'est un mouvement qui possède plusieurs factions, parfois de gauche, parfois de droite. Il y a probablement aussi des individus qui ont infiltré des groupes écologistes dans le seul but de les faire échouer, utilisant la même forme de désinformation qu'on trouve lors des campagnes politiques.

En Europe, l'exploitation du gaz de schiste continue de faire débat...

Comme aux États-Unis. Le gaz de schiste risque d'être discuté encore longtemps et le film est une manière de rendre le sujet plus visible pour les spectateurs. La communauté agricole subit de fortes pressions économiques. Beaucoup doivent lutter pour conserver leur ferme alors que les taxes et les dettes les mènent vers la faillite. La corporatisation du secteur est un fléau qui a tué beaucoup d'exploitations. Il est aujourd'hui impossible de concurrencer certains produits issus des grands conglomérats industriels. Mes parents habitaient une petite ville du Kentucky, à la Frank Capra, et je m'en suis beaucoup inspiré.

Êtes-vous d'accord pour dire que votre film parle d'identité américaine?

Je pense comme Matt Damon et John Krasinski (ndlr: les deux scénaristes de Promised Land) que la fracturation hydraulique est un problème. Pour l'identité américaine, je devrais leur demander s'ils parlaient de cette grande tradition de vendeurs et de créateurs d'entreprises qu'on trouve dans le pays. Je crois qu'il existe des américains qui sont prêts à se séparer de leur terre pour de l'argent, d'autres non. Je vis aujourd'hui près de Portland dans l'Oregon, dans une communauté de fermiers. Le film a donc un écho particulier pour moi aussi.

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