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Génocide rwandais: les extrémistes hutus ont tiré sur l'avion présidentiel, croit Roméo Dallaire

Génocide rwandais: les extrémistes hutus ont tiré sur l'avion présidentiel, croit Roméo Dallaire
Washington, UNITED STATES: Canadian Lt. Gen. Romeo Dallaire, former commander of the United Nations peacekeeping force in Rwanda, testifies before the Senate Human Rights and the Law Subcommittee during the 'Genocide and the Rule of Law' hearing on Capitol Hill in Washington 05 February 2007. AFP PHOTO/Jim WATSON (Photo credit should read JIM WATSON/AFP/Getty Images)
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Washington, UNITED STATES: Canadian Lt. Gen. Romeo Dallaire, former commander of the United Nations peacekeeping force in Rwanda, testifies before the Senate Human Rights and the Law Subcommittee during the 'Genocide and the Rule of Law' hearing on Capitol Hill in Washington 05 February 2007. AFP PHOTO/Jim WATSON (Photo credit should read JIM WATSON/AFP/Getty Images)

QUÉBEC - Dans son livre «J'ai serré la main du diable», paru en 2003, le lieutenant-général Roméo Dallaire évoquait quelques théories sur les auteurs de l'attentat contre l'avion du président Juvénal Habyarimana, à l'origine du génocide rwandais. Vingt ans après les événements, le sénateur se dit aujourd'hui convaincu que les extrémistes hutus ont tiré sur l'avion présidentiel en réponse à sa volonté de partager le pouvoir avec les Tutsis.

Le sénateur Dallaire a fait part de cette réflexion jeudi soir, en marge d'une conférence donnée à l'amphithéâtre PEPS de l'Université Laval dans le cadre d'une levée de fonds destinée à sa fondation.

Roméo Dallaire exonère ainsi le Front populaire rwandais (FPR) de Paul Kagamé, aujourd'hui président, qui figurait aussi sur la liste des groupes suspects. «Avec les années et les informations que j'ai pu quérir, je suis convaincu que c'est le groupe zéro, les extrémistes hutus, qui ont abattu l'avion présidentiel», a-t-il dit.

Le lieutenant-général base son analyse sur le site d'où le missile a été tiré. L'endroit était trop bien contrôlé par la garde présidentielle et les unités d'élite pour pouvoir être infiltré par le FPR, dit-il. «Et le Front patriotique n'avait pas de missiles Mistral. Les missiles Mistral, c'est des missiles français. Et c'est les Français qui équipaient les forces du gouvernement.»

Il note aussi que les lumières de l'aéroport ont été éteintes à l'approche de l'avion présidentiel, forçant celui-ci à reprendre de l'altitude. «C'est à ce moment-là qu'il a offert la meilleure cible pour pouvoir être frappé», ajoute-t-il.

«Il n'y a aucun doute dans mon esprit, quand je regarde ça d'une façon militaire, tactique, que ce sont des extrémistes qui l'ont fait», dit-il.

De plus, la garde présidentielle a empêché ses soldats d'accéder au site pendant plus de trois semaines après l'événement, ralentissant ainsi leur enquête.

Nouvelles révélations à venir

L'attentat contre l'avion du président Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994 fut l'élément déclencheur du génocide rwandais qui causa la mort de près de 800 000 Tutsis et Hutus modérés sur une période de cent jours.

À la tête d'un maigre contingent de 250 Casques bleus volontaires restés sur place, le lieutenant-général Roméo Dallaire a assisté impuissant au massacre, malgré ses appels répétés à la communauté internationale. Ses actions ont permis de protéger 30 000 Rwandais.

La conférence de jeudi était la dernière que le sénateur donnera sur le sujet du génocide rwandais, a-t-il annoncé. Mais avant de fermer définitivement le dossier, il promet de publier un document, une sorte de mémoire de recherche, dans lequel il dévoilera des informations jusqu'ici inédites. Par exemple, il nommera ceux qui l'ont empêché d'intervenir dans le conflit.

Roméo Dallaire estime également que le Tribunal pénal international pour le Rwanda n'a pas jugé les instigateurs du génocide. Quatre d'entre eux se cachent au Canada, croit-il, tandis que d'autres ont trouvé refuge en France et en Nouvelle-Zélande. «Ceux qui ont pensé le plan sont encore libres», dit le sénateur.

Et si c'était à refaire, resterait-il sur place, lui a demandé un journaliste. «Si c'était à recommencer, au lieu de me battre au bout d'un téléphone avec les autorités, je serais embarqué dans un avion et je me serais rendu à New York, à Londres, à Washington, dit-il, et j'aurais cogné aux portes.»

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