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La parité n'est pas un exploit, c'est l'absence de parité qui est un échec

Loin de voir la parité comme un synonyme de nivèlement par le bas, il serait grand temps d'envisager l'absence de parité comme caractéristique d'un manque avéré de vision. Contemplant le cabinet des ministres à Québec, on peut se questionner face à un premier ministre qui ne s'entoure que de ses semblables.
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Le nouveau cabinet des ministres à Ottawa fait la démonstration que la parité ministérielle est possible et, surtout, qu'il existe des femmes compétentes en politique ! Autre fait à souligner, le premier ministre Trudeau a fait le choix de nommer une ministre de la Condition féminine. Ainsi, contrairement à ce qui était le cas à Ottawa sous le gouvernement Harper et à ce qui toujours en vigueur à Québec, la condition féminine n'est plus un poste subsidiaire qu'une femme ministre doit se taper en plus de sa « vraie job ».

Avec ses femmes, ses représentants des premières nations, ses membres des communautés culturelles, le cabinet Trudeau fait la démonstration que les investitures libres ne sont pas un frein à la diversité des représentations, pourvu qu'il y ait une volonté politique au sommet de la pyramide. À ce titre, ce cabinet nous fait la preuve que l'habilité d'un leader politique à s'entourer de personnes provenant de milieux et d'horizons diversifiés facilite l'atteinte de la parité, ce qui s'annonce fort prometteur.

Ce n'est pas à Québec que l'on risque de voir sous peu une travailleuse communautaire (Patty Hajdu), un militant des droits de la personne d'origine punjabi (Amarjeet Sohi), une éditorialiste du Financial Times (Chrystia Freeland) et le PDG d'une firme en ressources humaines (William Francis Morneau) cohabiter dans le même cabinet. L'ouverture à la parité s'accompagne bien souvent d'ouverture tout court. À l'inverse, percevoir la parité femmes/hommes comme une corvée impossible est assez symptomatique d'un environnement politique plutôt terne et peu diversifié.

Il est grandement temps de cesser de présenter la parité comme un pensum, une lubie de féministes qui ne comprennent pas comment les choses se font « dans la vraie vie ». La parité est non seulement un enjeu de reconnaissance historique de la place des femmes dans la société, mais témoigne d'abord et avant tout de la capacité d'un parti à être ouvert à la diversité sociale et celle d'un premier ministre à être ouvert à la diversité des points de vue. Loin de voir la parité comme un synonyme de nivèlement par le bas, il serait grand temps d'envisager l'absence de parité comme caractéristique d'un manque avéré de vision. Contemplant le cabinet des ministres à Québec, on peut se questionner face à un premier ministre qui ne s'entoure que de ses semblables et semble avoir du mal à recruter des personnes de différents horizons.

Au Québec, l'absence chez nos ministres d'une représentation à peu près équitable de la réalité démographique est désolante. On le remarque par leur C.V., les ministres du cabinet Couillard sont pour l'essentiel des gens d'affaires, des avocats, des journalistes, des médecins et des économistes. Ce cabinet se compose presqu'uniquement de professionnels provenant très majoritairement du milieu des affaires. C'est cette l'incapacité apparente du parti libéral du Québec à recruter ses candidats ailleurs que dans les chambres de commerce et leurs officines connexes qui explique sa difficulté à recruter des femmes et non le manque de compétence ou d'intérêt de leur part.

Exiger la parité, c'est aussi forcer une certaine classe politique à sortir de ses vieux réflexes et de sa vision passéiste du vivre ensemble. Comparer le tout nouveau cabinet Trudeau à celui que nous avons à Québec ne peut qu'engager la réflexion: qu'aurions-nous à perdre collectivement à donner aux femmes la place qui leur revient ? À quand la parité au Québec ?

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