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Le gym japonais

J'ai passé deux mois au Japon, où l'Occidental moyen est soumis à une panoplie de codes qu'il ne connaît pas, ou très peu. L'ultime épreuve du gym japonais, c'est l'après, c'est-à-dire le vestiaire.
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Ma femme étant Japonaise, j'ai récemment passé deux mois au pays du soleil levant. L'Occidental moyen est soumis à une panoplie de codes qu'il ne connaît pas ou très peu. Voici donc mon expérience vécue au gym japonais.

Le bon vieux rêve ultime d'être hyper «cut» est de retour. Avec l'âge, ce rêve s'estompe peu à peu, mais pour le moment, je me suis inscrit au gym de OsakaSayama.

L'inscription en elle-même, c'était du sport. Paperasse, photo, re-paperasse, et soudain un bug. Il se trouve que mon japonais se situe au niveau de la pré-pré-pré-maternelle. Mon inscription sera donc conditionnelle au fait que ma femme m'accompagne à chaque visite. Juste au cas où le vieux croûton de 43 ans (depuis quelques semaines) leur fasse un bel infarctus du myocarde en essayant de courir plus vite que son voisin sur le tapis roulant et que personne ne sache faire de massage cardiaque en anglais sur place. Le 9-1-1 aurait sans doute fait la job, mais les Japonais ne niaisent pas avec ça, la sécurité.

Ils ne niaisent pas non plus avec la propreté. L'histoire d'enlever tes souliers quand tu entres dans une maison, c'est pas une blague. Ça se vaut aussi au gym. Tu enlèves tes souliers pour entrer au vestiaire et - sur ce détail, la fille de l'inscription a longuement insisté - tu mets tes souliers au bas de ton locker. Cet espace n'est réservé qu'à tout ce qui foule le sol. Enlever tes souliers est valable n'importe où. Par exemple, si ton corps est meurtri et que tu vas aux chaises de massage automatiques, tu dois impérativement te déchausser et pénétrer sur ce sol vierge qui n'a jamais vu l'ombre d'un shoe clack. Une fois automatiquement massé, il est de rigueur de revenir sur le sol souillé par tous ces souliers, sans jamais, au grand jamais, effleurer ce plancher d'un orteil égaré. Tes pieds doivent entrer dans tes «espads» coûte que coûte, sinon tu risques l'extradition.

Tes quatre premières visites se déroulent sous le signe de l'orientation.

Jour 1 : l'utilisation des machines. Genre «mets la tige à 45 pis pousse». Ensuite, essuie l'effort de ton pousse, remets la tige à 0 et pousse-toi!

Jour 2 : «Inbody». Tu t'installes debout et tu tiens deux tiges qui analysent corporellement tes forces et tes faiblesses. J'étais dans la moyenne partout, sauf au niveau de l'abdomen. J'avais pas besoin d'une machine pour me dire d'arrêter de boire, j'avais assez de ma conscience qui n'arrête pas à chaque soir. Au moins, ma blonde est rassuré sur l'état de santé du pourvoyeur officiel.

Jour 3 : mon taux de graisse. Selon une formule japonaise fort complexe, je dois faire du cardio jusqu'à perdre 271 568 calories, quatre fois semaine, tout en réduisant de 100 calories par jour ma diète quotidienne. De cette façon, je perdrais en deux mois les 2,1 kilos qui me séparent de ma nouvelle vie : celle de la perfection physique.

Jour 4 : «ce que je veux vraiment améliorer». Genre : le cul pour les filles et le chest pour les gars. Des classiques, quoi... Par contre, le cul pour les filles au Japon, ça passe possiblement par des années de McDo plus que par du cardio. En ce qui concerne le chest des gars... ben coudonc, ils doivent croire à une quelconque réincarnation, non?

L'ultime épreuve du gym japonais, c'est l'après. C'est-à-dire le vestiaire. C'est devenu mon moment favori. Je skippe une série de bras pour mieux observer mes confrères musculaires. L'après-training passe par un moment de détente dans le sauna et le bain bouillant. Je préfère de loin le bain bouillant, mais le hic c'est que, pour profiter du bain, tu dois faire face à tout ces Japonais qui se frottent et se savonnent comme si c'était la dernière fois de leur existence, exhibant leurs culs sans la moindre insouciance.

Je ne sais pas pour vous, mais moi, sous la douche, je me savonne sous les aisselles et autour de mon sexe et mon cul. Le reste, je le présume propre du moment où personne ne m'en fait la remarque. Le Japonais, lui, il frotte. Il se frotte à des endroits insoupçonnés. Et il frotte fort... C'est, je crois, un privilège que d'assister quotidiennement à ce spectacle d'hommes nus tentant désespérément de se débarrasser de la dernière peau morte jusqu'à se déplacer une vertèbre pour l'atteindre.

Oui, j'ai vu de minuscules pénis. Ils les camouflent sous des forêts de poils de type amazonien. De sorte qu'à défaut d'obtenir tous les muscles voulus, je saurai au moins qu'après tout, je ne suis pas si mal une fois tout nu.

Ma carte de membre et mon nom en japonais dans le deuxième rectangle :

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Kanamara Matsuri

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