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L'Halloween est symptomatique de cette nouvelle culture de l'orgie, de ce retour en force des traditions païennes. L'Halloween pour adultes fait éclater la morale judéo-chrétienne en mille morceaux:.
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Elles furent assez nombreuses, parmi notre jeunesse éclairée, à profiter de cette fête de l'Halloween pour revêtir les déguisements les plus chaleureusement osés. Malgré le froid, les intempéries automnales, les regards impudiques jetés dans les autobus bondés et les probables réprobations de certains parents, elles sont sorties fièrement. Elles ont massivement investi les bars, les pistes de danse et, finalement, les taxis au petit matin.

Lapinettes, diablesses, cat women et femmes de chambre à faire frémir d'envie un type comme DSK : elles étaient effectivement au rendez-vous. Je ne crois pas qu'elles attendaient avec impatience cette fête aux origines celtiques pour mettre en valeur leurs précieux atouts, mais force est de constater que l'Halloween sert maintenant de véritable tremplin à l'hypersexualisation. Une jeune demoiselle prête à être cueillie parviendrait à se dévoiler en prétextant se déguiser en joueur de Hockey.

Ce n'est pas un hasard si vous n'avez pas croisé beaucoup de jeunes femmes déguisées en Afghanes ou en Pakistanaises. L'Halloween est symptomatique de cette nouvelle culture de l'orgie, de ce retour en force des traditions païennes. L'Halloween pour adultes fait éclater la morale judéo-chrétienne en 1000 morceaux: fuck the world. Le couple, la fidélité : mais qu'est-ce qu'il en reste ? Il faut baiser et s'amuser, il faut boire et copuler. Il faut laisser place à l'homo festivus, écrirait l'essayiste Philippe Muray.

Il est quand même amusant d'observer à quel point peut s'enraciner, dans notre quotidien, une sexualité si frénétique. Publicités suggestives, clips quasi pornographiques, bananes en bouches et crème glacée fondante sur des lèvres dociles : voilà l'esprit de notre temps. Il faudra l'avouer : le port des leggings encourage aussi, quelque part, la décadence de l'Occident. Les shooters girls aux seins débordants scandalisent les extrémistes religieux venus de l'étranger et certains vieux garçons se reconnaissent dans leurs obsessions virginales. On dit que les contraires s'attirent...

C'est bien connu : les églises sont vides et on assisterait à une crise spirituelle. Certains se réfugient dans l'orgie collective, dans les festivals et les plaisirs gourmands tandis que d'autres choisissent les spiritualités orientales. Dans les dernières années, les rayons des librairies se sont remplis de ces ouvrages censés guider vers ce nirvana exotique les gens aux prises avec une crise existentielle. Nous nous déguisons en bouddhistes, en hindouistes et en créatures zen. Pas besoin d'attendre l'Halloween : l'Occident passera le reste de sa vie à revêtir tous les habits du monde en adoptant le multiculturalisme.

Que reste-t-il sérieusement de nos traditions lorsque notre jeunesse s'élance sur la piste de ce dionysisme contemporain, quand l'appareil capitaliste ne fait que lubrifier l'imaginaire collectif d'une société perdue ? Si l'Occident a besoin d'une érection, c'est bien d'une érection idéologique. Les valeurs nationales se sont épuisées et le retour en force du réenchantement du monde fait place à un relativisme qui atténue grandement leur portée déjà bien restreinte. Qui parle franchement de l'avenir du Québec dans cette atmosphère lubrique ?

Le veau d'or est à nos portes et l'idolâtrie nous guette. C'est le culte du corps, des vedettes et des «sensations fortes». Mais l'ancien Dieu est mort : il n'y aura pas de châtiment collectif, de punition divine pour nous remettre sur le droit chemin. La seule que nous connaitrons vraiment, c'est la mort lente et imminente de notre civilisation.

L'Halloween dionysiaque, c'est un peu le début de la fin. Les rêves des grands bâtisseurs d'autrefois se sont évanouis. Tout va trop vite, nous n'aurions même plus le temps de nous investir dans quoi que ce soit. Mais quand même, fêtons avec ce qu'il nous reste : lapinettes, diablesses, cat women et femmes de chambre à faire frémir d'envie un type comme DSK.

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