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L'héritier

Je viens d'une famille plus que modeste. Mes parents n'ont complété l'équivalent que d'une sixième année. Ma mère étant l'aînée, elle dut se sacrifier pour aider mon grand-père à la mort de ma grand-mère.
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Je viens d'une famille plus que modeste. Mes parents n'ont complété l'équivalent que d'une sixième année. Ma mère étant l'aînée, elle dut se sacrifier pour aider mon grand-père à la mort de ma grand-mère. C'était comme ça à l'époque. Grands-parents que, par ailleurs, je n'ai jamais connus. Elle aura 80 ans dans deux semaines. Elle n'a plus jamais travaillé après ma naissance préférant, sans doute, ma présence. Ménagère qu'elle cochait sur les formulaires.

Mon père, quant à lui, fut élevé à la dure, à St-Sauveur, dans la basse-ville de Québec. Les coups de chaises en arrière de la tête se distribuaient plus aisément que les tapes dans le dos. Fatigué d'entendre mon second grand-père se plaindre qu'il y avait un surplus de bouches à nourrir, mon père s'est fait la malle et est parti travailler sur les chemins de fer de l'Abitibi à 15 ans. C'était à la fin de la guerre, en 1945... Il aurait eu 86 ans cet été. Je n'ai pas connu ces deux grands-parents non plus.

Si je vous raconte tout ça, c'est qu'aujourd'hui je réalise l'ampleur du mot famille. Car pour un enfant unique n'ayant vécu pratiquement qu'avec sa mère, ce mot ne résonne pas aussi fort que pour un homme ordinaire.

Si je vous raconte tout ça, c'est que je suis maintenant papa. Ce petit garçon a, fort heureusement, un avantage sur moi. Il a 3 grands-parents vivants. Il aura une maman extraordinaire et un papa présent. Sa famille ne se résumera pas qu'à maman.

Je n'ai pas la moindre idée d'où mes grands-parents reposent pour l'éternité alors qu'en moins de deux ans, j'ai rendu hommage deux fois aux ancêtres japonais de mon fils. Alors, dès qu'il aura l'âge de comprendre, je vais lui présenter mon père qui repose derrière un simple écriteau où il est écrit: «1930-2012 Roméo Montambault». Je lui apprendrai qu'un jour, son défunt grand-père a quitté l'adolescence afin de fuir l'enfer. Il connaîtra la nature de son second prénom et il en sera fier.

Il saura qui est ma mère. Il la connaîtra mieux. Du moins je l'espère. Et lorsqu'elle nous aura quittés, il pourra me consoler lorsque je serai triste en entendant son chanteur préféré chanter: La mer.

Il connaîtra ses origines. Il saura qu'il est le fruit de deux peuples aux cultures uniques. Un beau, jour il se recueillera lui aussi face à ses ancêtres. Il prendra quelques secondes pour penser à ses grands-parents, sa mère et son père. Ce jour-là, je l'espère, il comprendra à quel point il est authentique. Il comprendra à quel point il vient de loin.

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