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Hydrocarbures (1): le Québec est-il réellement "open for business"?

Dimanche et lundi derniers avait lieu la 6e conférence annuelle de l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ). J'y étais. Pour apprendre et découvrir ce monde dont on parle avec beaucoup d'émotion, mais que l'on connaît généralement si peu.
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Dimanche et lundi les 2 et 3 novembre derniers avait lieu la 6e conférence annuelle de l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ). J'y étais. Pour apprendre et découvrir ce monde dont on parle avec beaucoup d'émotion, mais que l'on connaît généralement si peu (autrement que par les lobbies environnementaux largement couverts par les médias).

Beaucoup de présentations intéressantes et de gens passionnés: des firmes québécoises et canadiennes qui explorent le sous-sol québécois (telles que Junex, Pétrolia, Petrolympic, Squatex), des scientifiques, des firmes spécialisées dans les services, la gestion des déchets, le traitement des eaux usées, la transmission des connaissances et les technologies.

Honnêtement, j'ai peut-être compris entre 60 et 70% de ce qui s'est dit là. L'impression générale, toutefois, était palpable. Ces gens-là veulent développer, sont conscients qu'ils ont un travail à faire pour mieux communiquer leurs expertises, et misent sur les meilleures pratiques de leur industrie. Tous fondent beaucoup d'espoir sur les études d'évaluation commandées par le gouvernement qui déboucheront sur un projet de loi à l'automne 2015.

Quatre présentations m'ont particulièrement plu dont les trois que voici. Je traiterai de la présentation du président de Questerre et de sa proposition au gouvernement du Québec dans un prochain blogue.

LA RESPONSABILITÉ DU GOUVERNEMENT EN MATIÈRE D'ACCEPTABILITÉ SOCIALE

Lors d'une présentation-petit déjeûner du lundi matin, la présidente de la Fédération des chambres de commerces du Québec (FCCQ), Françoise Bertrand, ne pouvait être plus claire. Le gouvernement du Québec ne peut pas se contenter de proclamer que le Québec est "open for business" d'un côté, et de l'autre, dire aux entrepreneurs "Maintenant, allez obtenir vos permis et organisez-vous pour démontrer l'acceptabilité sociale de votre projet", selon Madame Bertrand.

Considérant le manque de transparence des opposants au développement de la ressource (qui dirige ces organisations? comment sont-elles financées? à qui rendent-elles des comptes?) et le déséquilibre dans la couverture des médias, l'industrie ne peut être laissée à elle-même pour contrer, toute seule, les groupes d'opposition.

Les dernières années ont été éprouvantes pour le Québec, constate-t-elle également. Les investisseurs sont échaudés et ils ont fui. L'ignorance nous habite et l'ignorance amène la méfiance. Cela dit, c'est au gouvernement que revient la constitution d'un environnement stable et prévisible pour les entreprises et c'est aux chambres de commerce locales de les appuyer.

Ce type d'environnement, il existe. En Alberta. En Norvège, par exemple. Il est temps de nous inspirer de ce qui se fait ailleurs. Dans la dernière décennie, l'industrie du gaz de schiste par exemple a acquis beaucoup de maturité. Il est temps de nous approprier ces connaissances, bref, il est temps que le gouvernement prenne le leadership et joue son rôle d'encadrement et d'accompagnateur. C'est tout ce que l'industrie espère; et c'est surtout ce à quoi ont droit l'ensemble des Québécois.

LEÇONS DE LA PENNSYLVANNIE

Une autre fascinante présentation a été celle de Chris Tucker de la firme FTI Consulting. Natif du nord-est de la Pennsylvanie, Tucker raconte l'explosion de l'industrie du gaz de schiste dans son État dans la dernière décennie, là où le nombre de puits passe de 15 à 7,328 entre 2004 et 2013.

S'attardant à l'impact du film Gasland (2010), Tucker partage un souvenir d'enfance vécu par un bon nombre de jeunes garçons de 9 ans vivant dans le nord-est de la Pennsylvanie: celui de faire flamber les émanations de méthane se dégageant de la surface de la couche terrestre.

Curieusement toutefois, en 2010, Gasland leur apprend que les produits chimiques utilisés lors de la fracturation hydraulique (qui ont débuté autour de 2004!) sont à la source de ce phénomène naturel expérimenté jusque-là par des générations de jeunes de la Pennsylvanie! Je vous laisse juger du génie du réalisateur de Gasland....

Aujourd'hui, 64% des gens de son État sont favorables à l'industrie du gaz de schiste responsable de 240 000 emplois directs et indirects. Comment en sont-ils arrivés là? Quelles leçons le Québec peut-il en tirer?

•Qu'il est difficile de prouver qu'on peut exploiter intelligemment et de façon responsable la ressource s'il nous est interdit de le démontrer.

•Que la question que doit se poser le gouvernement du Québec est la suivante: Les Québécois sont-ils les seuls sur la planète qui soient incapables d'exploiter intelligemment le pétrole et le gaz?

•Qu'une solide réglementation responsable peut améliorer la confiance de la population.

•Que le Québec peut tirer profit de l'expérience et la maturité acquises par l'industrie.

•Que l'opposition la plus forte vient des régions où il n'y a aucune exploitation alors que l'appui augmente au fur et à mesure que les mythes se dissipent et que le niveau de vie des travailleurs augmente.

Bref, le Québec a raté le bateau. Est-il trop tard? Peut-être pas, mais en termes de crédibilité, nous partons de loin et avons des preuves à faire pour intéresser les investisseurs à revenir en terre québécoise.

LES LEÇONS DE L'ALBERTA

Pour une troisième année consécutive, l'APGQ a organisé une visite en Alberta, question de démontrer de visu l'état des lieux en matière d'exploitation du gaz de schiste. Un trio de personnes ont rendu compte de leur visite et ont partagé ce qu'ils en ont retenu. Ce qui les a surpris?

•La cohabitation harmonieuse entre l'agriculture et les puits de gaz

•La maturité réglementaire de l'Agence de réglementation de l'énergie de l'Alberta (AER)

•Le haut niveau de compétence des organisations de réglementation et de soutien à l'industrie

•La culture d'encadrement et d'accompagnement (vs culture d'opposition et climat de méfiance observés au Québec)

Une anecdote succulente? En Alberta, on déplore plutôt l'existence de pylônes électriques... C'est vous dire comment la culture peut influencer la perception des gens...

ON FAIT QUOI?

Le gouvernement Couillard promet un projet de loi d'ici l'automne 2015 portant sur tous les aspects de l'industrie des hydrocarbures au Québec. Saura-t-on tirer profit de ce que l'on peut apprendre des autres, notamment de l'AER albertaine? Le gouvernement comprend-il bien son rôle? Aura-t-il une stratégie de communication et se dotera-t-il de "champions" qui sauront miser sur les faits? Sur la science? Sur des données rationnelles? Est-il conscient que rien ne sera possible au Québec tant qu'on accordera autant de visibilité à des gens qui ne misent que sur l'émotion, la peur et le catastrophisme?

Il faut le souhaiter. Il faut le souhaiter vivement. Parce qu'honnêtement, cette fois-ci sera peut-être la dernière chance que nous aurons de nous refaire un nom et de démontrer que le Québec est réellement "open for business".

À suivre: Hydrocarbures (2): Un projet pilote?

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