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Le pourquoi et le comment

L'espèce de dépression auto-destructrice dans laquelle nous sombrons depuis 1995, devant des adversaires comblés d'aise face à notre incroyable aptitude à nous battre nous-mêmes, doit arriver à sa fin. Vivement unet un mouvement indépendantiste renouvelés!
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Dans la réflexion qui a cours au sein du mouvement indépendantiste depuis la déconfiture péquiste du 7 avril, on rencontre régulièrement diverses déclinaisons du propos suivant: "Cessons de parler de référendum et parlons plutôt d'indépendance". Cet énoncé, en apparence encourageant pour certains, relève bien davantage de la continuité de ce qui ne marche pas, que d'une réelle mise-à-jour de nos perspectives.

Depuis plusieurs années, cette distinction entre le pourquoi et le comment, entre "parler d'indépendance" et "s'engager à tenir un référendum" est omniprésente dans le discours péquiste. Elle a toujours servi les rhétoriciens de la gouvernance souverainiste, qui en ont fait le marchepied du désengagement indépendantiste du Parti québécois. Il s'agissait pour eux de justifier le fait que le PQ se présente désormais strictement comme parti de bon gouvernement provincial qui se bornerait à "parler d'indépendance" en temps et lieux. Nous connaissons le résultat pratique de cette philosophie: pendant qu'on gouverne la province au nom du souverainisme, ce qui confond les esprits, discrédite l'indépendance et divise le mouvement indépendantiste, on laisse à quelques militants endurcis le soin de faire des colloques et autres états généraux dans lesquels les souverainistes jasent avec d'autres souverainistes pour produire des rapports souverainistes qui seront lus par des souverainistes.

Basta !

Le pourquoi et le comment, c'est la résine et le catalyseur, c'est la pédagogie et l'engagement. Sans le second, le premier reste une pâte molle qui ne colle pas. Sans engagement se traduisant en action concrète, les idées politiques ne s'incarnent pas dans la réalité.

Le Parti québécois considère qu'un référendum est un passage obligé pour réaliser l'indépendance, mais refuse de promettre ce référendum. Cela revient à dire que le PQ écarte tout engagement indépendantiste concret. Tant qu'il en sera ainsi et que ce parti demeurera le principal porte-drapeau de l'indépendance, nous serons condamnés à tourner en rond avec lui.

Il ne faut pas confondre ce que j'affirme ici avec un plaidoyer en faveur de la démarche référendaire, versus d'autres avenues possibles. Il s'agit simplement de constater que, quel que soit le moyen qu'on privilégie pour entreprendre la réalisation de l'indépendance, si on refuse de s'engager formellement à le mettre en pratique, c'est qu'on refuse de s'engager concrètement en faveur de l'indépendance. Dès lors, on peut bien "parler d'indépendance" tant qu'on veut; dans les faits, cela ne revient toujours qu'à brasser de l'air.

Les journalistes connaissent par coeur les vibrants plaidoyers sans suite pour "le pays" que font les porte-parole péquistes devant des parterres de convertis. Nos concitoyens sont complètement immunisés face à se souverainisme qui se lamente périodiquement devant le méchant fédéral, mais qui s'empresse de se taire en campagne électorale et qui refuse de se donner un vrai programme de transition vers l'indépendance.

Nous sommes indépendantistes et pensons qu'un référendum est nécessaire ? Engageons-nous à en faire un. Nous pensons, au contraire, qu'il faut désormais procéder autrement que par consultation référendaire ? Soit. Engageons-nous à réaliser l'indépendance de telle ou telle autre façon. Adressons-nous à l'intelligence des Québécois, qui sauront alors à quoi s'attendre et voteront en conséquence.

L'espèce de dépression auto-destructrice dans laquelle nous sombrons depuis 1995, devant des adversaires comblés d'aise face à notre incroyable aptitude à nous battre nous-mêmes, doit arriver à sa fin. Vivement un leadership et un mouvement indépendantiste renouvelés, qui sauront s'épanouir en dehors du PQ, ou mettre celui-ci sur la voie d'un indépendantisme enthousiaste, mobilisateur et déterminé.

L'indépendance, ce n'est pas une démarche de nationalisme provincial, ni une constitution, ni une constituante, ni une charte de ceci ou de cela, ni le déficit zéro, ni une série de récriminations constitutionnelles. C'est un Québec pleinement souverain, pays d'Amérique prospère, phare mondial à plusieurs titres, s'épanouissant dans la langue et la culture communes que l'histoire lui a données, apte à jouer un rôle international capital dans les années à venir. Si tel est notre but, c'est ainsi que nous devons le présenter aux Québécois.

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