Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Écoutez le premier morceau de musique créé par l'intelligence artificielle de Google

Écoutez le premier morceau de musique créé par l'intelligence artificielle de Google
3d illustration
Inok via Getty Images
3d illustration

Est-ce qu'un robot, une intelligence artificielle, peut être un artiste? Une question évidemment provocatrice, mais face à laquelle les réponses ne sont plus si évidentes. En avril, un programme avait réussi à apprendre, en l'analysant, le style de Rembrandt et à peindre un tableau nouveau, inédit, mais très proche du style du maître.

Bien sûr, on ne peut réduire l'art à la simple analyse et reproduction d'un mouvement artistique ou d'un style. Pourtant, les progrès en matière d'intelligence artificielle réalisés ces dernières années sont impressionnants. Google, qui est à la pointe de ce sujet, a ainsi lancé mercredi 1er juin le projet Magenta. Le but? Répondre à cette question: "Peut-on utiliser le machine learning [l'apprentissage des ordinateurs par l'exemple, à l'origine des percées de ces dernières années, ndlr] pour créer de l'art et de la musique qui soient convaincants?"

Pour l'occasion, Google a également dévoilé la première création artistique de son nouveau projet, une musique de 90 secondes, rapporte The Verge. Réalisée à partir de quatre notes au piano, vous pouvez l'écouter ci-dessous. La percussion a été rajoutée par les équipes de Google pour accompagner le piano, mais n'a pas été créée par le programme.

Repousser les limites de la machine

Comme on peut l'entendre, Mozart, Beethoven et Bach sont tranquilles pour l'instant. Si ce morceau peut vous sembler très classique et vous rappeler les vieilles musiques de vos ordinateurs, il a pourtant été réalisé grâce à un réseau de neurones artificiels, une technique en vogue depuis quelques années et permettant aux programmes d'apprendre par eux-même, à partir de nombreux exemples, pour ensuite reconnaître ou créer des choses similaires, mais uniques.

Mais cette première expérience n'est rien de plus qu'une preuve de concept. Avec Magenta, Google souhaite interroger la barrière entre la machine et l'homme.

"Le machine learning est déjà utilisé intensivement pour comprendre du contenu, pour la reconnaissance de langage et la traduction. Avec Magenta, nous voulons explorer un autre pan: développer des algorithmes qui peuvent apprendre à générer de l'art et de la musique", écrit Douglas Eck, le chercheur en charge de ce projet chez Google.

La société s'est déjà quelque peu immiscé dans ce domaine en 2015, avec la création d'un mouvement artistique, "l'inceptionnisme". A l'origine, les ingénieurs ont développé une intelligence artificielle fonctionnant encore une fois sur le principe du machine learning et du deep learning. Après lui avoir montré des millions d'exemples de formes, la machine devait normalement reconnaître des choses précises, comme des animaux.

Mais les ingénieurs lui ont demandé de pousser la reconnaissance un peu plus loin. En forçant le trait, le logiciel a reconnu dans les nuages d'étranges animaux, notamment un cochon-escargot, un oiseau-chameau et un poisson-chien. Une fois que Google a publié le code source permettant à tout un chacun de refaire l'expérience, de nombreux internautes se sont amusés à voir ce que l'algorithme allait dessiner au gré de différentes photos.

L'algorithme, la guitare électrique de demain?

Le débat sur l'art, humain et la machine ne sera pas résolu aujourd'hui, ni même demain. Si les progrès en termes d'intelligence artificielle de ces dernières années sont impressionnants, les programmes actuels sont encore très "bêtes". Ils ont besoin d'énormément d'exemples, des millions, pour arriver à reconnaître un schéma et à le reproduire. Douglas Eck estime d'ailleurs que nous sommes actuellement aux prémisses de cette technologie, mais espère des rapides progrès.

Mais même si la machine n'arrive pas à créer de l'art, avec le projet Magenta, Google veut également donner la possibilité aux artistes de "se connecter aux modèles de machine learning". Bref, de pouvoir utiliser l'intelligence artificielle comme un outil. "Nous ne savons pas ce que les artistes et les musiciens vont faire de ces outils, mais nous sommes impatients de le découvrir", lance Douglas Eck. Et de filer la métaphore: "Rickenbacker et Gibson [deux créateurs historiques de guitares électriques, ndlr] n'avaient surement pas Jimi Hendrix ou St. Vincent en tête".

Le code source de Magenta est disponible en ligne et gratuitement, afin que les développeurs puissent l'enrichir ou le personnaliser. La société avait déjà fait de même pour le "moteur" de son intelligence artificielle, sur lequel se base le projet Magenta. Plus le projet avancera, plus celui-ci sera ouvert, notamment avec des outils faciles à prendre en main pour des artistes, espèrent les créateurs du projet.

INOLTRE SU HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.