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Émouvants souvenirs de Janine Sutto à «Tout le monde en parle»

Émouvants souvenirs de Janine Sutto à «Tout le monde en parle»

Mireille Deyglun, Jean-François Lépine, Janette Bertrand et Louise Latraverse étaient sur le plateau de Tout le monde en parle, dimanche, pour rendre un hommage senti et mérité à Janine Sutto, décédée dans la nuit de lundi à mardi dernier.

Mireille Deyglun a raconté les derniers moments de sa maman. La comédienne était couchée près de l’auteure de ses jours dans son lit d’hôpital, collée sur elle, sa main dans la sienne, tout en faisant bien attention de ne pas l’écraser. «Elle était microscopique», a indiqué Mireille Deyglun. Elle s’est assoupie un instant, puis a constaté au réveil que sa mère avait rendu les armes. «Je pense que je lui ai donné la permission de partir, aussi», a souligné Mireille Deyglun.

Cette dernière y est allée de quelques révélations intéressantes sur Janine Sutto pendant l’entrevue. Elle a notamment précisé que la dame de 95 ans était une fervente indépendantiste. Elle était née à Paris en 1921 et avait trouvé difficile son installation au Québec une dizaine d’années plus tard, mais avait fini par s’attacher et s’intégrer et à défendre le Québec avec ardeur, a signalé Mireille Deyglun, à qui Janine Sutto avait un jour présenté René Lévesque.

«Ce petit homme que je viens de te présenter, un jour, il va faire du Québec un pays» avait spécifié Janine Sutto à sa fille.

Janine Sutto l’avait souvent reconnu, elle n’a pas toujours été une mère présente pour ses deux filles, Mireille et Catherine (cette dernière était atteinte de trisomie 21 et est décédée en 2011, à l’âge de 53 ans). Mireille Deyglun est devenue très émotive lorsque Guy A.Lepage a abordé le sujet, dimanche.

«Évidemment que j’en ai souffert, a-t-elle admis. Quand on est un enfant, tout ce qu’on veut, c’est une mère.»

Mireille Deyglun a ajouté qu’elle a pu dire à sa mère tout ce qu’elle voulait lui dire avant que celle-ci ne rende son dernier souffle.

«Elle a fait ce qu’elle a pu», a-t-elle continué en guise de mot de pardon.

Quelques secondes plus tard, la caméra se portait sur Félix et Sophie, les deux enfants de Mireille Deyglun et Jean-François Lépine, qui se trouvaient dans l’assistance de Tout le monde en parle, pendant que leur mère mentionnait à quel point Janine Sutto avait été une grand-maman extraordinaire.

«Ils sont assez merveilleux. C’est pour ça qu’ils sont encore sous le choc. Elle adorait ses petits-enfants. Elle les a initiés au théâtre, elle les écoutait (…) Elle s’est bien reprise», a détaillé Mireille Deyglun.

Semble-t-il également que Janine Sutto était particulièrement entichée de son gendre, Jean-François Lépine, qu’elle admirait beaucoup, et qui a d’ailleurs signé sa biographie, Vivre avec le destin. Janine Sutto, qui avait élevé sa fille dans l’idée que «tous les hommes étaient des lâches», considérait Jean-François Lépine comme «l’homme idéal».

«Si j’avais divorcé, c’est à moi qu’elle aurait cessé de parler», a commenté Mireille Deyglun avec sérieux.

Une redoutable critique

Janette Bertrand s’est remémoré le sentiment de «liberté de pensée et d’action» que Janine Sutto générait chez elle lorsqu’elles se sont connues, alors qu’elle-même n’avait que 18 ans, et Janine Sutto, 21.

Jeune mariée, Janine Sutto avait alors présenté son amant à Janette Bertrand, qui l’avait trouvée bien délurée. Une sortie entre copines au club Rockhead Paradise et la vue, à l’intérieur, d’une femme nue couchée dans une cage près d’un serpent avait également beaucoup marqué Janette Bertrand dans sa jeunesse.

«Elle disait : oh que c’est joli, oh que c’est beau», a rigolé Janette Bertrand, en parlant de la réaction de Janine Sutto.

Janette Bertrand a acquiescé lorsque Guy A.Lepage lui a demandé si Janine Sutto l’avait «déniaisée».

«Ah mon Dieu, oui! Si tu penses que j’ai déniaisé le Québec, Janine m’a déniaisée avant!»

Louise Latraverse a pour sa part confié qu’elle avait jadis entretenu un mode de vie «aussi rock’n roll» que celui de Janine Sutto, fait de fêtes, de relations extraconjugales, etc.

«On s’est toujours très, très bien entendues, parce qu’on avait exactement le même style de vie», a exposé Louise Latraverse, avant que Mireille Deyglun ne s’oppose gentiment.

«Elle n’était pas si pire que ça, a protesté Mireille Deyglun avec humour. (…) Elle était très fidèle dans ses amours.»

Son «mode de vie rock’n roll», Janine Sutto y a progressivement mis fin après un moment de confusion lors d’une répétition au théâtre, devant Gaétan Labrèche, a relaté Jean-François Lépine. L’actrice se débattait alors avec des problèmes de consommation (alcool, speed), des liaisons amoureuses tumultueuses et une dépression mal soignée, mais elle a su se réapproprier son existence graduellement.

Grâce à Symphorien, Janine Sutto a découvert la reconnaissance du grand public, a expliqué Mireille Deyglun. Lorsqu’elle avait 12 ans, celle-ci se promenait dans la rue avec sa mère et la voyait signer des autographes sur les bras et les mains des gens qui l’interpellaient.

«Elle avait une grande qualité, elle savait écouter et elle savait regarder», a noté Mireille Deyglun.

À propos de Symphorien, tous ont rappelé qu’en commençant à jouer dans la comédie, Janine Sutto ne gagnait que le salaire minimum, et que son partenaire de jeu Gilles Latulippe s’était battu auprès des dirigeants de Radio-Canada pour qu’elle obtienne le même montant que lui. Il avait eu gain de cause.

On a par ailleurs évoqué l’importance des Belles-Sœurs dans le parcours professionnel de Janine Sutto ; la femme de théâtre était de la toute première lecture de la pièce de Michel Tremblay, et a pu «boucler la boucle», a illustré Mireille Deyglun, en allant la jouer à Paris en 2011. Et Jean-François Lépine a insisté sur la «critique terrible» que pouvait être Janine Sutto, qui ne tolérait pas les fous rires et le désordre au théâtre.

À mi-chemin de l’émission, en servant le vin aux invités, Guy A.Lepage a tenu à lever son verre à Janine Sutto et à un autre artiste disparu récemment, Benoît Girard.

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