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«Janvier sans alcool», voici ce qui se passera dans votre corps

Prêt à laisser tomber la bouteille?

Depuis quelques années, le “Dry January” ou janvier sans alcool ne cesse de gagner en popularité. De plus en plus de personnes relèvent ce défi: tirer un trait sur l’alcool pendant un mois entier. Accumulant à chaque édition plusieurs millions de participants à l’échelle mondiale, il est devenu un véritable mouvement (et on trouve même une application pour aider les gens à tenir).

“Pour nombre d’entre nous, janvier sans alcool s’inscrit dans cet état d’esprit caractéristique de la nouvelle année: celui d’un ‘moi repensé’”, fait remarquer Leigh Winters, neuroscientifique et spécialiste du bien-être holistique, dans un email adressé au HuffPost américain. “J’imagine que certains sortent en outre d’une période d’excès et estiment avoir un peu trop poussé sur le vin ou la bière à l’occasion des fêtes. Et pour ceux qui n’ont pas l’habitude d’abuser de la boisson, cela représente une résolution facile à tenir pour prendre mieux soin de leur corps.”

Beaucoup de personnes voient dans ce défi une performance non négligeable — mais quel en est l’impact concret sur l’organisme? Nous avons interrogé plusieurs experts de la santé, ainsi que d’anciens participants. Découvrez ci-dessous quelques-uns des avantages potentiels.

Une peau plus douce et plus belle

PEOPLEIMAGES VIA GETTY IMAGES

Les effets déshydratants de l'alcool, en plus d'affecter l'ensemble du corps, sont particulièrement nuisibles pour la peau, souligne Debra Jaliman, dermatologue certifiée et maître de conférences en dermatologie à l'école de médecine Icahn du centre médical Mount Sinai de New York.

Selon elle, les grands buveurs sont exposés à des carences en zinc, susceptibles d'entraîner une réaction à l'histamine déclenchant une rosacée: des rougeurs parfois subites du visage. À en croire les études, ce problème est plus fréquent chez les femmes consommant régulièrement de l'alcool. Vous constaterez donc peut-être une amélioration de la qualité de votre peau pendant ce mois de sobriété — mais si vous revenez ensuite à vos anciennes habitudes, les effets déshydratants reprendront toute leur place en quelques semaines.

Pour votre future consommation (le cas échéant), la spécialiste conseille d'opter pour des alcools clairs comme la vodka. "Ceux-ci ne sont pas reliés à la rosacée."

Un possible amaigrissement

Cela ne surprendra personne: les boissons alcoolisées sont riches en calories vides. Mais Shauna Faulisi, fondatrice d'un cabinet de coaching bien-être de Los Angeles, nous explique un autre détail: cette substance est aussi métabolisée en priorité par l'organisme.

"De ce fait, le processus de combustion des graisses est momentanément suspendu." En outre, les mélanges avec des boissons très riches en sucre (margarita, rhum-Coca...) sont encore plus caloriques — et désastreux pour la glycémie. "Un excès d'insuline dans le sang peut entraîner une foule de problèmes, y compris une prise de poids."

D'après les études, les personnes habituées à consommer une très grande quantité d'alcool au moins une fois par mois risquent davantage d'être en surpoids. Remarque plus anecdotique, nombre des adeptes du Dry January déclarent avoir récolté quelques kilos en moins.

Mais attention aux crises d'hypoglycémie, met en garde la professionnelle: les participants auront parfois une forte envie de se jeter sur les bonbons. Pour elle, mieux vaut compenser le manque et maintenir un taux de glycémie adapté grâce à des matières grasses comme l'huile d'olive vierge extra, l'huile de coco et l'avocat, ainsi que des légumes verts tels que le brocoli, l'asperge ou le chou-fleur.

Un meilleur sommeil

Oubliez le petit verre avant d'aller au lit. "Réduire ou cesser votre consommation d'alcool vous aidera véritablement à mieux dormir", affirme Marc Milstein, un chercheur en santé cérébrale spécialisé dans la science du sommeil.

Selon ses dires, l'alcool détruit le glutamate, un neurotransmetteur excitateur qui nous aide à rester éveillés. Le problème: le cerveau, remarquant cette dégradation, se met à en sécréter encore davantage.

"[Le phénomène] se produit généralement au milieu de la nuit, provoquant un réveil qui ruinera vos chances de repos jusqu'au matin."

Une énergie potentiellement accrue

Sacha Cohen, 48 ans, fondatrice d'une agence de relations publiques de Washington, se prépare cette année à son quatrième Dry January. Pour elle, le plus grand avantage s'est manifesté sur la balance — mais elle a aussi remarqué avoir bien plus de punch.

"Le matin, j'ai plus tendance à sauter du lit qu'à m'en traîner au ralenti. J'arrive aussi mieux à me concentrer. Globalement, j'ai plus de ressort."

Le sentiment de redevenir une "machine bien huilée"

Adriane Abraham, coach sportive certifiée et PDG d'un centre de remise en forme de Floride, compare la consommation d'alcool au fait de mal entretenir sa voiture.

"Votre corps est votre véhicule. Boire, c'est consommer des calories vides — [l'équivalent de] conduire avec une roue de secours. Ça vous ralentit sur tous les plans. Inutile d'espérer fonctionner comme une machine bien huilée. En passant 30 jours sans alcool, une personne qui n'en a pas l'habitude ne pourra que constater les effets sur son bien-être."

Et peut-être même une influence positive sur le mental

Après une journée très stressante, il peut paraître naturel de se servir une bière ou un verre de vin, histoire de se détendre un peu. Mais les études le montrent bien: dans certains cas, l'alcool risque plutôt d'aggraver le sentiment d'anxiété. Ses effets antidépresseurs se manifestent certes à court terme — mais sur la durée, une consommation excessive peut nuire sérieusement à la santé et à l'équilibre psychologique, rapporte l'Institut national sur l'abus d'alcool et l'alcoolisme, organe de l'Institut américain de la santé. Un mois d'abstinence — voire même plus! — peut donc aussi vous laisser mieux dans votre tête.

Alors, prêt à laisser tomber la bouteille?

Même pendant une courte période, les bienfaits sont évidents. Pour Lori Cheek, fondatrice et directrice de l'application de rencontre Cheekd, c'est devenu une tradition annuelle: son enthousiasme est tel qu'elle renouvelle l'expérience pendant deux semaines au mois d'août.

"Je le fais tous les ans, et j'ai tant d'anecdotes à raconter", déclare par email cette entrepreneuse de 45 ans. "Je suis devenue une pro [de ce défi]; je vois arriver la fin du mois avec 5 kg en moins, un porte-monnaie bien plus rempli, de l'énergie à revendre et un appartement d'une éclatante propreté. Après le travail, je vais voir un film au lieu de prendre un verre, et je fais deux fois plus de sport. J'ai aussi converti plusieurs personnes de mon entourage: avec quelques amis, ça devient encore plus facile."

Adam Splaver, cardiologue à Hollywood (Floride), recommande cependant aux personnes habituées à une forte consommation et potentiellement dépendantes de consulter un médecin avant toute démarche (car elles pourraient être exposées à divers effets secondaires: tremblements, hallucinations, palpitations et hausse de la tension artérielle). En règle générale, si vous craignez de souffrir d'une addiction, n'hésitez pas à vous tourner vers un organisme comme Alcool Info Service.

Pour résumer, les adeptes de l'alcool en soirée constateront une véritable amélioration de leur santé à travers cette petite cure d'abstinence.

"J'encourage fortement cette pratique chez tous ceux qui ont pris l'habitude de boire 'en compagnie', perdant conscience de l'importance de leur consommation", commente la neuroscientifique Leigh Winters. "Évaluez-en la fréquence et la quantité sur le mois écoulé: en cas de mauvaise surprise, un bon sevrage est un moyen parmi d'autres de reprendre le contrôle pour adopter à l'avenir des habitudes plus raisonnées."

Cet article, publié à l'origine sur le HuffPost américain, a été traduit par Guillemette Allard-Bares pour Fast ForWord.

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