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Je crois aux pauvres

Tout concourt à nous faire sentir comme des culs-terreux, des péquenauds ou des vers de terre lorsque l'on n'a pas d'argent.
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«Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés!»

Évangile de Mathieu, 5:6

Tout concourt à nous faire sentir comme des culs-terreux, des péquenauds ou des vers de terre lorsque l'on n'a pas d'argent. Les mafieux ont de l'argent et tous leurs crimes semblent des plaisirs naturels lorsqu'on les compare aux petites infractions à la vertu qu'osent parfois commettre les pauvres.

Voler un oeuf est bien pire que de voler un boeuf. Qui vole un boeuf vole aussi une vache. Il se constitue un cheptel et finit par acheter toutes les terres autour de lui, quitte à balancer toutes les familles dans la misère, l'esclavage et le récurage de bols de toilettes. Le voleur d'oeuf sera pendu haut et court ou condamné aux travaux forcés, comme tout le monde qui ose pomper l'air des repus.

L'argent achète tout. Je n'apprends rien à personne.

Pourtant, je ne m'abandonne pas à cette fatalité.

Des gens dignes d'estime ont péri dans des circonstances que l'on pourrait juger disgracieuses.

Il y avait à peine une poignée de personnes aux funérailles de Mozart. On jeta sa dépouille dans une fosse commune.

Il y en avait moins encore pour tous les Juifs qui ont été gazés au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Des tas de Rwandais dignes d'estime ont fini découpés en rondelles.

Jésus, alias le Christ, a été crucifié entre deux bandits après avoir été fouetté pour sédition et blasphème.

Cela me console un peu de savoir tout ça.

Les chameaux peuvent bien rentrer par le chas d'une aiguille ou pas.

Je sais néanmoins que ce n'est pas un crime que d'être pauvre.

Ce n'est pas indigne que d'être une victime de l'injustice et de l'infamie de ce monde.

Au contraire, il est même plus honorable de ne jamais recevoir d'honneurs ni de médailles dans une société corrompue jusqu'à l'os.

Il vaut mieux partager le sort des parias que de briller au firmament d'une société inique et dépravée.

Évidemment, il s'en trouvera des larbins et des donneurs de leçons pour rappeler que l'on dit que les fruits sont trop verts quand on ne peut pas les atteindre. Les pauvres qui sont conscients de l'injustice sont inévitablement des envieux, des jaloux, pour ne pas dire des scélérats bourrés de ressentiment et d'ingratitude envers ceux qui leur permettent de vivre en esclaves.

Si vous n'avez pas un sou vaillant, vous êtes d'ores et déjà condamnés à avoir tort, à toute époque de l'inhumanité, et ce depuis la nuit des pharaons.

Les pharaons peuvent piller, faire plier et brûler tout un chacun à leur guise. Ils disposent d'une armée de scribes et de garde-chiourme pour rappeler aux esclaves qu'ils doivent se contenter de peu et ne jamais se plaindre du sort qu'on leur réserve.

Si d'aventure un esclave ose contester cet ordre des choses, on le remettra à sa place. C'est-à-dire là où il n'y a pas assez de place pour tout le monde. On videra des ordures sur sa tête et on l'obligera à s'en nourrir comme le font naturellement les cochons et autres créatures de basse extraction.

Pourtant, je m'évertue à espérer qu'un sort meilleur attend ceux et celles qui n'ont rien.

Je ne sais pas si le meilleur se produira de leur vivant et ne sais rien de ce qui nous attend après la mort, malgré la sagesse des enchanteurs de toutes religions confondues.

À vous tous pauvres et trous du cul de la terre, je me permets de dire que je suis des vôtres.

J'affiche même une fierté à partager votre sort et votre misère, bien que je ne sois pas le plus atteint ni le plus à genoux d'entre vous.

J'ai l'espoir que tout s'effondrera comme un château de cartes un jour ou l'autre.

J'ai foi en la grandeur des pauvres qui forment l'immense majorité des humains de cette triste planète.

Je crois en vous malheureux, spoliés, défaits, indigènes et vaincus de tous horizons.

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