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Élection du 4 septembre 2012 au Québec: le mandat faible du PQ

Élection du 4 septembre 2012 : le mandat faible du PQ
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« Dans quel type de société voulons-nous vivre ?» C’est la question que pose le premier ministre Jean Charest le 1er août lorsqu’il confirme un secret de polichinelle, soit la tenue d’élections générales le 4 septembre 2012. La suite lui a-t-elle donné raison?

Comme l’indiquait un document de sa formation politique coulé deux mois plus tôt, le premier ministre sortant tente d’opposer Pauline Marois et « la rue », soit les manifestations étudiantes, à l’ordre et la stabilité de son gouvernement. « Notre priorité, c’est l’économie », répète-t-il.

Pour plusieurs analystes, il souhaite surtout court-circuiter la reprise de la Commission Charbonneau, où le Parti libéral du Québec sera mis en cause quelques semaines plus tard.

Pari risqué : le taux d’insatisfaction à l’égard du gouvernement atteint presque 70 %. Les sondages de départ donnent le Parti québécois en avance, suivi par le PLQ, tandis que la Coalition avenir Québec ferme la marche.

Jean Charest axe son discours sur l’économie, tandis que Pauline Marois est pratiquement invisible les premiers jours, faisant campagne aux Îles-de-la-Madeleine.

Mais c’est la CAQ qui provoque un tremblement de terre en recrutant comme candidat Jacques Duchesneau, ancien patron de l’Unité anti-collusion, dont le rapport accablant révèle des liens entre l’industrie de la construction et le financement des partis politiques. L’intégrité vient d’entrer dans la campagne par la grande porte.

Elle arrive aussi de façon impromptue par le biais de l’émission Enquête, de Radio-Canada, qui révèle que la Sûreté du Québec a cessé la filature d’un ex-dirigeant de la FTQ-Construction, Eddy Brandone, après qu’il eut rencontré Jean Charest. Mais l’affaire a un impact limité.

PROMESSES, PROMESSES

Le PLQ mise sur la stratégie des conservateurs au fédéral, en offrant une série de crédits d’impôts ciblés (fournitures scolaires, rénovation écologique, travailleurs âgés).

Le PQ promet d’abroger la loi 78, de geler les tarifs des garderies et de créer de nouvelles places, d’investir dans les soins à domicile et de créer une Banque de développement économique du Québec.

La CAQ multiplie les mesures spectaculaires, dont des réductions d’impôts de 1000 $ pour la classe moyenne, un crédit d’impôt pour l’achat d’une première maison, un fonds de 5 milliards aux ressources naturelles et des congés payés pour les parents.

Quant à Québec solidaire, il propose la gratuité scolaire et fin du droit de lock-out, tandis qu’Option nationale mise sur la souveraineté, la réforme du mode de scrutin et la gratuité scolaire.

Le débat traditionnel, sur les ondes de Radio-Canada, durant lequel la porte-parole de Québec Solidaire Françoise David se démarque, est bousculé par la nouvelle formule de TVA, soit des face-à-face entre les chefs des trois différents partis.

Le PQ est fortement critiqué parce qu’il présente son cadre financier après les débats, tandis que l’ex-péquiste François Legault pourfend les purs et durs du parti, qu’il surnomme les « caribous ».

Écarté des débats, Jean-Martin Aussant, député et chef d’Option nationale, obtient l’appui remarqué de l’ancien premier ministre Jacques Parizeau. Mais ce ne sera pas suffisant pour qu’il reste à l’Assemblée nationale.

Le soir du 4 septembre, Pauline Marois réalise un rêve vieux de 30 ans, soit devenir la première femme à occuper le poste de premier ministre au Québec. Mais elle hérite d’un gouvernement minoritaire, numériquement faible. Victoire amère.

La soirée est assombrie par un attentat, suivi en direct sur RDI, où un technicien est tué et un autre blessé. L’image de Pauline Marois sortie de scène par ses gardes du corps fait le tour du monde.

Jean Charest perd l’élection, et il est battu dans sa propre circonscription. Mais son parti obtient presque autant de votes que le PQ. Et si ses troupes avaient obtenu un quatrième mandat? On apprendra plus tard qu’il aurait quitté la vie politique de toute façon.

La CAQ ne fait élire que 19 députés, tandis qu’elle espérait gagner l’élection. Françoise David rejoint Amir Khadir à l’Assemblée nationale pour Québec solidaire.

Une campagne à peu près exempte de perturbations étudiantes, mais marquée par l’usure du pouvoir : c’est davantage le clientélisme, entre souverainisme et fédéralisme, entre droite et gauche, qui ressort d’un scrutin qui sera à refaire sous peu.

Selon vous, les Québécois ont-ils vraiment choisi dans quel type de société ils souhaitaient vivre le 4 septembre 2012?

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