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Je n'allaite pas «en public», j'allaite «partout», nuance

Pour moi, l'équation est simple : mon bébé a faim, il mange. Que ce soit mon lait ou un biberon, tout bébé a droit à son casse-croûte quand la faim se fait sentir. Cependant, j'ai envie de revenir sur ce sujet parce que déjà le terme d'allaitement «en public» me gêne.
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J'ai déjà parlé de ce thème sur mon blogue il y a un peu plus de quatre ans (lire Dégainer le sein où je veux, quand je veux, d'ailleurs je regrette un peu le terme «dégainer» dans le titre, vous comprendrez pourquoi plus bas). Mais j'ai quand même envie de revenir sur ce thème qui fait régulièrement les choux gras des journaux, mais aussi des réseaux sociaux comme Facebook ou Instagram où on voit fleurir des hashtags défendant l'allaitement en public.

Vous le savez sans doute, j'ai allaité mes quatre enfants, j'allaite encore mon petit de presque sept mois et je l'ai toujours fait partout. J'ai allaité au parc, dans des cabines d'essayage, sur un banc, dans la voiture (à l'arrêt évidemment), dans la cour de l'école pendant les spectacles de fin d'année, au restaurant, à table et j'en passe.

Je suis une farouche adepte de l'allaitement, je n'aurais pas pu envisager de nourrir mes enfants autrement (je parle de moi, hein, ce que font les autres mamans m'indiffère, chacun fait ce qu'il veut / peut) et jamais je n'aurais toléré qu'on me fasse un jour une remarque sur le fait que j'allaite mon bébé dans un endroit jugé comme «inapproprié». Pour moi l'équation est simple : mon bébé a faim, il mange. Que ce soit mon lait ou un biberon, tout bébé a droit à son casse-croûte quand la faim se fait sentir.

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Mon fils en train de têter. Qui l'eût cru Lustucru

Cependant.

J'ai envie de revenir sur ce sujet parce que déjà le terme d'allaitement «en public» me gêne. On prend la parole en public, on s'exprime en public, on donne une représentation en public. Bref, le but c'est d'attirer l'attention du public.

Or, l'allaitement (je pense que beaucoup de mamans le vivent comme ça) c'est tout sauf une représentation publique. C'est une histoire privée entre un bébé et sa maman. On allaite partout, ça OUI, quand le bébé en a besoin parce que c'est naturel, parce que c'est normal de répondre à ses besoins (faim, soif ou simple réconfort) quand il en a besoin, et pas une heure après.

Mais la plupart du temps, les choses se font de manière très discrète.

Eh oui.

Scoop.

On n'étale pas la mamelle sur le comptoir ou sous le nez du voisin en disant «mon enfant a faim et je t'emmerde si la vue de mon sein te dérange». Ça ne se passe pas ainsi. En tout cas, pas pour moi. Je n'utilise aucun subterfuge (le tablier d'allaitement me fait bien rigoler, hors de question de m'affubler d'un accessoire censé «cacher» que j'allaite) mais pour tout vous dire, un bébé qui tète le sein de sa mère a la tête scotchée au sein, il en cache déjà une bonne partie avec son crâne, le mamelon est dans la bouche et souvent un bout de vêtement relevé cache le reste de morceau de peau que Oh! on pourrait avoir le malheur (haha) d'entre-apercevoir.

Bref, la plupart du temps on ne voit RIEN et les gens autour ne s'aperçoivent même pas qu'un bébé est en train de téter (il m'est arrivé plusieurs fois qu'on me demande «il dort là?» et que je réponde «non non, il tète»). Seul un œil avisé décèle certains détails, comme un pli de vêtement, un petit crâne bien calé, un petit corps qui se détend au fur et à mesure... j'ai un radar à bébés en train de téter parce que j'en connais tous les signes, voyez-vous. Mais sinon, on ne voit rien ou presque.

La deuxième chose qui me chiffonne un peu, c'est que certaines femmes aient fait de l'allaitement en public leur nichon - pardon, leur cheval - de bataille. On voit les hashtags se multiplier sur Instagram pour défendre l'allaitement «en public», hashtags illustrés à grand renfort de seins gorgés de lait mis ostensiblement en avant. Je le répète, je me fiche éperdument de la manière dont les autres mamans nourrissent leur bébé, allaitement discret, allaitement plus voyant, sein nu, sein caché, biberon, tasse, lait de vache, lait de mère, PEU IMPORTE.

Et toutes les mères devraient avoir le droit de nourrir leur enfant comme elles le souhaitent sans se voir contraintes de prendre la porte du restaurant ou du magasin où elles se trouvent. Mais je ne suis pas certaine que ce soit servir l'allaitement maternel que de se servir d'un sein ostensiblement nu comme d'un étendard en criant «free the boobs». Peut-être que si hein? Je suis prête à entendre d'autres arguments.

En tout cas, moi je ne le vois pas ainsi parce que je trouve que ça donne une idée non pas fausse -loin de là, ça en fait aussi partie -, mais incomplète de ce que représente l'allaitement en dehors de la sphère intime.

Je n'allaite pas «en public».

J'allaite «partout».

Et je pense que la nuance est importante.

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Ces stars qui s'affichent en faveur de l'allaitement

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