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Je suis allé chercher de l’aide lors de ma séparation et non, je ne suis pas faible

Pour certaines personnes, un gars, quand ça demande de l’aide, c’est comme un aveu de faiblesse et non une démonstration de force. Ça devrait être le contraire.
Frédéric Paquin
Courtoisie/Frédéric Paquin
Frédéric Paquin

Les propos de ce témoignage ont été recueillis par le HuffPost Québec et retranscrits à la première personne.

Il y a quatre ans, j’étais dans un contexte de séparation. Je ne m’attendais pas à ce que la relation se termine, donc mon deuil n’était pas fait, il commençait.

Seul, on peut sombrer. J’ai demandé de l’aide dès le début parce que j’avais besoin de garder la tête hors de l’eau pendant les procédures.

Je suis entrepreneur. J’aime m’entourer de gens compétents pour le travail. Ma comptabilité, c’est un comptable qui la fait et il est qualifié pour la faire. Pour la recherche et le développement, j’ai l’aide d’un scientifique qualifié.

Mon raisonnement a donc été de me dire que pour mes problèmes personnels, je n’étais plus qualifié, c’était trop gros pour moi. Je suis allé chercher l’aide appropriée.

Je voulais aller chercher du support de professionnels qui en ont vu d’autres. Dans notre société, les hommes ont moins tendance à aller chercher de l’aide mais moi, je n’ai pas hésité.

J’ai appelé au CLSC et on m’a référé à l’organisme Autonhommie, qui aide les hommes en difficulté. Je suis tombé à la bonne place. Ça a été l’endroit qui m’a permis de garder le cap.

La première étape a été de faire une évaluation, pour voir quel était mon besoin et mon profil. On m’a attitré un intervenant, Jacques Roy. Je l’ai vu à chaque semaine pendant presque deux ans. Ensuite, nos rencontres étaient plus espacées. Aujourd’hui, c’est sur appel quand j’en ressens le besoin. J’ai toujours gardé un contact étroit avec lui.

Pendant les rencontres, je parlais des problématiques que je vivais en lien avec la séparation et les enfants, et je recevais de bons conseils. Et des fois, c’est simplement en parlant que je trouvais moi-même des solutions.

“Ce qui m’a le plus aidé, c’est d’avoir le sentiment d’être écouté.”

C’était un endroit pour faire sortir le négatif et ne pas laisser mes problèmes envahir ma vie sociale. Ça m’a permis de passer à travers ma séparation et de me refaire une vie.

Ce qui m’a le plus aidé, c’est d’avoir le sentiment d’être écouté. J’ai réalisé que j’ai toujours été quelqu’un de très passif, j’avais tendance à laisser des situations désagréables persister et à les endurer. J’achetais la paix et je disais oui à tout.

Avec mon intervenant, j’ai pu apprendre à dire non et à m’affirmer, sans être irrespectueux et sans blesser les autres. Mes changements de comportements ont eu un impact sur plusieurs aspects de ma vie. Comme homme d’affaires, apprendre à dire non, c’est assez pratique!

“Si je n’étais pas allé chercher de l’aide, je serais rendu quelqu’un de très amer. Je vivrais probablement dans la rancune.”

En cours de route, j’ai été jugé par certains parce que j’ai demandé de l’aide. Ça arrive encore aujourd’hui, autant de la part d’hommes que de femmes. Pour certaines personnes, un gars, quand ça demande de l’aide, c’est comme un aveu de faiblesse et non une démonstration de force. Ça devrait être le contraire.

Si je n’étais pas allé chercher de l’aide, je serais rendu quelqu’un de très amer. Je vivrais probablement dans la rancune. Aujourd’hui, je vois ce moment de ma vie comme une période difficile, mais qui m’aura permis d’avoir une vie plus facile aujourd’hui. C’est rare qu’un humain s’améliore quand ça va bien.

Quand je parle à des hommes d’aller chercher de l’aide, ils se jugent eux-mêmes et disent qu’ils n’ont pas besoin de ça. C’est important que les gars apprennent à le faire et que la société les encourage. On a tendance à «genrer» les problèmes. Pourtant, les mêmes problématiques existent chez tous les êtres humains, peu importe le sexe ou l’origine.

T’es fort. Tellement fort que tu vas aller demander de l’aide.

La section Perspectives propose des textes personnels qui reflètent l’opinion de leurs auteurs et pas nécessairement celle du HuffPost Québec.

Propos recueillis par Florence Breton.

Selon un sondage du Regroupement provincial en santé et bien-être des hommes, 22 % des hommes seraient en situation de détresse psychologique probable, et seulement 29% d’entre eux auraient demandé l’aide de ressources psychosociales au cours de la dernière année.

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